L’intérieur de la mine de potasse de Rocanville, en Saskatchewan. - Archives
Le gouvernement Alward croit au potentiel de la potasse
FREDERICTON – Le gouvernement du Nouveau-Brunswick tend la main au secteur minier afin de faire croître l’industrie de la potasse dans la province.
Le ministre de l’Énergie et des Mines a lancé mardi un appel aux déclarations d’intérêt concernant l’exploration de gisements de potasse dans le sous-sol néo-brunswickois.
Le gouvernement de David Alward avait déjà confié dans le discours du Trône vouloir «favoriser le repérage d’autres sites éventuels d’exploration et d’exploitation» de potasse.
Le Nouveau-Brunswick possède la seule mine de potasse au Canada à l’extérieur de la Saskatchewan, située à Penobsquis près de Sussex.
Selon le ministre Craig Leonard, «d’autres zones ont été repérées au Nouveau-Brunswick comme recélant des gisements de potasse éventuels, mais elles n’ont pas encore fait l’objet d’activités d’exploration notables.»
L’appel aux déclarations d’intérêt vise à accorder à une ou plusieurs entreprises les droits d’exploration de ces gisements qui se trouvent dans le sud de la province, entre Penobsquis et Hillsborough, au sud-est de Moncton. S’il s’avère que le précieux minerai utilisé dans la production d’engrais s’y trouve en quantité suffisante, la province récoltera alors des redevances minières lors de l’étape de l’exploitation.
«Selon la valeur du minerai, ça peut vouloir dire pas mal de revenus pour nous. Nous sommes très chanceux d’avoir cette ressource (…) et nous voulons en profiter avec de nouveaux développements dans la région», a indiqué M. Leonard. La province saura au printemps si l’intérêt des entreprises est véritablement présent, a-t-il précisé.
En 2012-2013, le Nouveau-Brunswick a récolté 25 millions $ en redevances minières sur l’exploitation de la potasse. Le gouvernement prévoit en récolter 35 millions en 2013-2014.
Le député libéral Rick Doucet a salué l’initiative du gouvernement progressiste-conservateur en tentant par la même occasion d’en approprier une partie du mérite à son parti.
«C’est une bonne annonce. C’est un dossier dans lequel nous avons beaucoup investi et nous voyons les résultats. (Les progressistes-conservateurs) font semblant d’être en territoire inconnu ici, mais ça fait du bien de voir qu’ils ont appris de nous», a confié le critique de l’opposition en matière d’Énergie et des Mines.
D’autres projets miniers vont déjà bon train dans la région.
La propriétaire de la mine de Penobsquis, Potash Corporation of Saskatchewan (PotashCorp), prévoit compléter sous peu un important projet d’agrandissement de ses installations d’une valeur de 2,18 milliards $ entamé en 2007.
PotashCorp a également obtenu en 2011 les droits d’exploration d’un autre gisement dans la région, le gisement Millstream.
Si l’étape d’exploration au coût de 4,5 millions $ porte ses fruits, l’entreprise pourrait investir 4 milliards $ dans la construction d’une nouvelle mine.
PotashCorp pourrait aussi construire une nouvelle usine de fertilisant à Saint-Jean pour 350 millions $.
«LE DÉSESPOIR D’UN GOUVERNEMENT…»
FREDERICTON – Les perspectives de croissance de l’industrie de la potasse ne font pas que des heureux dans le sud de la province. Une porte-parole du Conseil de conservation du Nouveau-Brunswick dit craindre pour l’environnement de la région qui souffrirait déjà de la présence d’une mine de potasse à son avis.
Plusieurs résidants de Penobsquis affirment que leurs puits d’eau potable ont été contaminés par les activités de la mine avoisinante, soutient Tracy Glynn.
«Le gouvernement appuie l’exploration minière, mais l’exploitation actuelle de la potasse a déjà beaucoup d’impacts qui devraient être réglés avant», a-t-elle dit.
«Au lieu d’investir pour le développement d’énergie renouvelable et socialement acceptable, on dépense de l’argent pour soutenir une industrie aux impacts environnementaux et sociaux difficilement acceptables pour les gens de la région», a indiqué Mme Glynn.
Le chef du Parti vert estime quant à lui que les Néo-Brunswickois ne reçoivent pas leur juste part des revenus de l’exploitation de la potasse.
«Notre régime de redevances semble conçu pour accélérer l’exploitation de la potasse plutôt que pour maximiser la valeur de cette ressource pour la province», a confié David Coon.
«Aucune autre province au Canada n’a des taux de redevances de base aussi faibles que les nôtres. Ces taux reflètent le désespoir d’un gouvernement qui n’a aucune vision réaliste pour le développement durable à long terme», a-t-il déclaré.
M. Coon est d’avis que les revenus tirés de l’exploitation des ressources non renouvelables devraient aller directement dans un fonds pour les générations futures. – MRC