Georges Corriveau et George Bouchard d’U de M Développement regardent les plans du Campus de recherche et développement pour le Campus de Moncton. - Acadie Nouvelle: Patrick Lacelle
U de M: le campus de Moncton est en pleine mutation
MONCTON – L’Université de Moncton, campus de Moncton, devrait présenter un nouveau visage l’été prochain.
U de M Développement, une société de l’institution acadienne, a lancé deux appels d’offres pour le développement de son terrain de 83 hectares bordé par l’avenue Morton et le chemin McLaughlin, voisin du pavillon J.-Raymond-Frenette.
Si tout va comme prévu, l’été prochain, la construction d’un centre de conférences, incluant un hôtel de 100 chambres, et un complexe médical dans lequel on retrouvera une pharmacie, devrait commencer.
Il s’agit de la première phase du Campus de recherche et développement de l’Université de Moncton, un projet de développement commercial sur le centre universitaire de Moncton.
«C’est un développement commercial, mais on ne veut pas que cela ressemble à des magasins à grande surface comme dans les gros centres comme celui sur Trinity (Costco). Il devra y avoir un certain décorum», a confié en exclusivité à l’Acadie Nouvelle, George Bouchard, directeur général d’U de M Développement.
L’Université de Moncton est propriétaire du terrain en face de son campus, de l’autre côté de l’avenue Morton, depuis les années 1960.
L’établissement demeurera propriétaire des terrains. Il émettra cependant des baux aux promoteurs des projets retenus sur une période de 50 ans. L’U de M cédera ainsi le droit à une personne de s’établir sur sa propriété, mais sans la vendre. De cette façon, l’université n’est pas responsable de financer le projet ni de l’opérer.
«Ce qui va sur le terrain et sa vocation, c’est contrôlé par l’université. Quelqu’un ne peut arriver et dire que ce n’est pas un complexe de santé qui serait construit si on avait préalablement déterminé que ce serait un centre de santé qui y sera construit. Il n’y aura pas non plus deux complexes médicaux ou deux hôtels», a précisé M. Bouchard.
L’aménagement du terrain pour la phase 1 du Campus de recherche et développement est estimé à 1,5 million $. C’est là le seul montant, pour l’instant, que l’établissement devra débourser pour la réalisation du projet. La construction et la gestion des édifices sont des coûts assumés par les promoteurs. L’entretien des routes deviendra la responsabilité de la Ville de Moncton.
Après la construction du centre de conférences et du complexe médical, d’autres édifices pourront venir s’ajouter. Les modèles proposés, pour le moment, sont des édifices à trois étages dans lesquels on pourra trouver des boutiques, des appartements ou des bureaux professionnels.
«Les quatre autres bâtisses commerciales, on peut dire qu’elles pourraient avoir trois étages avec de l’espace pour le commerce de détail dans la partie inférieure, ça peut être un restaurant, une boutique ou une librairie. En haut, ça peut être des bureaux, des condos ou des appartements», a souligné M. Bouchard.
Le processus d’appel d’offres se terminera le 6 janvier. Une liste des propositions retenues sera ensuite créée.
Des recettes réinvesties dans la recherche
MONCTON – Le projet du Campus de recherche et développement de l’Université de Moncton servira à offrir des services à la population universitaire et à soutenir le secteur de la recherche de l’institution acadienne.
En émettant des baux sur une période de 50 ans (lire texte principal) pour le développement de projets commerciaux sur ses terrains, l’université alimentera un fonds en fiducie pour subventionner son secteur de la recherche et du développement.
«Le grand rêve c’est d’avoir un fonds de fiducie qui pourrait nous aider à subventionner les projets de recherche à l’Université de Moncton parce que le financement de la recherche dans le contexte canadien est très compétitif. Les budgets augmentent un petit peu, mais la concurrence grimpe à un niveau beaucoup plus rapide. Il y a maintenant des attentes des gouvernements et de la société pour qu’on produise de la recherche qui va nous amener à de nouveaux produits et services», a expliqué le recteur Raymond Théberge à l’Acadie Nouvelle.
Le projet ne sera pas non plus purement commercial. Il devra bien s’épouser à l’université et être de bon goût, soutient le directeur général de UdeM Développement, George Bouchard.
«Il faut quand même penser que ce n’est pas la même façon de procéder qu’un promoteur régulier qui veut construire rapidement. Le but de l’université, c’est quand même d’essayer de trouver des projets qui se marient avec l’établissement», a-t-il indiqué.
On pourrait aussi y trouver des bureaux pour les professeurs de l’établissement qui peuvent parfois se trouver à l’étroit. Le Campus de recherche et développement devra également respecter de nouvelles pratiques environnementales auxquelles a contribué la Faculté d’ingénierie de l’établissement.
L’U de M de 2020 sera davantage ouverte sur le monde
MONCTON – En poste depuis juin 2012, le «nouveau» recteur a déjà une bonne idée de ce que devrait être l’Université de Moncton en 2020.
Pour élaborer le plan stratégique de l’Université de Moncton, Raymond Théberge a mené un processus de consultation au cours duquel il a rencontré 600 personnes.
Le document, d’à peine 15 pages, a été entériné le 30 novembre par le Conseil des gouverneurs. Il établit les grandes lignes de la stratégie de l’institution acadienne en termes de recrutement, d’enseignement, de recherche, d’engagement et d’administration.
«Ce que j’ai trouvé fascinant, c’est que peu importe le rôle qu’une personne joue à l’Université, elle pouvait s’exprimer. Les contributions au processus sont venues d’un peu partout. C’est extraordinaire la dynamique avec les participants», a confié M. Théberge en rencontre avec l’Acadie Nouvelle.
Le recteur convient que la gouvernance et l’administration de l’université ont été «ébranlées» au cours des dernières années par différents dossiers controversés qui ont surgi dans les médias. C’est pourquoi, dès les premières pages du plan stratégique, il est question d’imputabilité, de transparence et de responsabilisation.
«Je pense que le Conseil des gouverneurs, par le comité de gouvernance, est sérieux et va se pencher sur cette question.»
L’université compte s’ouvrir davantage sur le monde, pour des raisons de recrutement, bien sûr, mais aussi pour devenir la «meilleure parmi les universités généralistes de taille comparable dans la Francophonie».
«Au début, l’Université de Moncton était vraiment l’université de l’Acadie. C’était les Acadiennes et les Acadiens qui ont voulu se donner un outil. On peut s’imaginer à quoi ressemblerait l’Acadie aujourd’hui sans l’Université de Moncton. Aujourd’hui, l’Acadie s’ouvre sur le monde. Alors, nous devons aussi être de cette ouverture. Nous ne pouvons pas vivre en vase clos», a rappelé M. Théberge.
Depuis les dix dernières années, la population internationale sur les trois campus de l’Université de Moncton a considérablement augmenté. Les étudiants internationaux comptent maintenant pour 18 % des inscriptions.
La maison d’enseignement postsecondaire veut poursuivre sa stratégie d’internationalisation pour pallier le fort déclin démographique du Nouveau-Brunswick.
«Le défi démographique ne s’en ira pas. Les chiffres diminuent. Nous devons donc nous questionner sur l’international et peut-être un jour même sur la taille de l’université», a laissé tomber le recteur.
L’Université de Moncton compte toujours recruter jusqu’à 30 % des finissants des écoles secondaires du Nouveau-Brunswick. Elle y arrivera en demeurant compétitive sur le marché canadien et en restant accessible.
«L’Université de Moncton n’est pas la plus cher, et de loin, au pays et à l’international. Nous ne serons jamais l’université où on devra débourser des droits de scolarité faramineux. Nous faisons tout pour limiter l’augmentation des droits de scolarité et les garder au minimum.»
Raymond Théberge souhaite mettre ce plan stratégique en branle le plus rapidement possible et le mener à terme en 2020. Déjà, il laisse planer le doute quant à une restructuration administrative de l’institution acadienne.
«En effet, 2020, ce n’est pas loin, mais de nos jours les choses changent rapidement. Nous devons être plus flexibles comme université. Nous devons être capables d’apporter des changements plus rapidement. C’est pour ça que nous aimerions alléger le volet administratif entre autres. Personnellement, mon rêve c’est 2020 et pas 2030», a conclu M. Théberge.