La Clinique Morgentaler fermera ses portes à la fin de juillet, après 20 ans d’activité dans la capitale provinciale. - Acadie Nouvelle: Mathieu Roy-Comeau
La clinique d’avortement Morgentaler ferme ses portes
FREDRICTON – Le fardeau financier auquel elle fait face a eu raison de la seule clinique privée d’avortement de la province. La clinique Morgentaler fermera ses portes à la fin de juillet, après 20 ans en activité dans la capitale provinciale.
La rumeur qui circulait depuis un moment déjà a été confirmée par la directrice de la clinique lors d’une conférence de presse, jeudi matin, à Fredericton.
«Ça me brise le coeur d’avoir à faire ça. Je ne sais pas ce que les femmes vont faire lorsque nous serons fermés. Je ne sais vraiment pas», a déclaré Simone Leibovitch.
La clinique à but non lucratif n’a jamais fait ses frais, selon la responsable. Son fondateur, le docteur Henri Morgentaler, avait l’habitude d’éponger le déficit de la clinique. Le Dr Morgentaler est décédé l’an dernier. La clinique offrait également des avortements sans frais aux femmes qui n’avaient pas les moyens de payer.
Mme Leibovitch s’en est prise directement au gouvernement du Nouveau-Brunswick pour la fermeture de la clinique.
«Si la province avait financé les avortements pratiqués à la clinique, ou payé pour les femmes qui sont dans l’impossibilité de le faire, la clinique ne fermerait pas ses portes aujourd’hui», a indiqué la directrice.
Le règlement provincial stipule qu’un avortement ne peut être couvert par le régime d’assurance-maladie du Nouveau-Brunswick que s’il est effectué dans un hôpital. La procédure doit également être jugée «médicalement nécessaire» par deux médecins.
«La plupart des femmes qui viennent à notre clinique ne peuvent pas obtenir un avortement à l’hôpital en raison du règlement 84-20. Les femmes qui seront les plus touchées sont aussi les plus démunies», a expliqué Simone Leibovitch.
La clinique Morgentaler exigeait des frais de 700 $ à 850 $ pour la procédure, selon l’avancement de la grossesse.
Le ministère de la Santé a indiqué dans un bref communiqué jeudi que le gouvernement n’avait pas l’intention de changer ses pratiques en matière d’avortement.
«Les femmes continueront d’avoir accès à des avortements nécessaires sur le plan médical dans la province avec l’approbation de deux médecins», indique-t-on dans le communiqué.
En 2002, le docteur Henry Morgentaler avait intenté une poursuite pour forcer le gouvernement provincial à payer pour la procédure. La cause est en suspens depuis le décès du docteur Morgentaler en mai dernier.
Intercepté par les journalistes avant son entrée à l’Assemblée législative, le ministre de la Santé a répété qu’il n’avait pas l’intention de modifier la réglementation provinciale en matière d’avortement. Hugh John Flemming a refusé de commenter davantage la nouvelle «puisque ce dossier est toujours devant les tribunaux» selon le ministère.
La ministre responsable de l’Égalité des femmes, Marie-Claude Blais, n’était pas disponible pour commenter la nouvelle.
M. Flemming a confié au blogueur indépendant Charles LeBlanc, le mois dernier, qu’il s’opposait à l’avortement lors d’une interview impromptue à l’extérieur de l’Assemblée.
Henry Morgentaler, un médecin de famille montréalais, avait été propulsé à l’avant-scène en 1967 en devenant le principal défenseur du droit des femmes à obtenir des avortements sur demande.