CAMPBELLTON – Près de la moitié des salles d’urgence de la province pourraient être appelée à fermer leurs portes et de nombreux programmes seraient sérieusement amputés.

Ce sont là des scénarios qui émanent d’un document préparé en 2013 par le ministère de la Santé (Clinical Services Plan) et dont l’Acadie Nouvelle a obtenu copie, document qui fut présenté au gouvernement conservateur précédent.

On y propose, rien de moins, qu’une révision en profondeur de toute la livraison des services dans la province basée sur une série d’indicateurs, notamment les volumes de patients (en décroissance dans le nord et en croissance dans le sud), le vieillissement de la population ainsi que les coûts de livraison des services.

Le rapport suggère entre autres des compressions draconiennes à l’intérieur de certains hôpitaux de la province. Les plus petits établissements en milieu rural seraient ceux qui écoperaient le plus. Selon le plan proposé, plusieurs établissements verraient alors des services importants disparaître, comme l’obstétrique, la chirurgie orthopédique et la chirurgie générale.

Certaines spécialités – comme l’ophtalmologie, l’oto-rhino-laryngologie et l’urologie – seraient aussi grandement touchées. De plus, on y évoque la possibilité de fermer entre six à neuf salles d’urgence (sur un total de 22).

Le document propose par ailleurs une meilleure utilisation (et redistribution) des lits actuels, pour mieux répondre à la demande.

Tout est sur la table

Questionné quant à ce rapport, le ministre de la Santé, Victor Boudreau, a pris bien soin de souligner que celui-ci n’était en rien un plan coulé dans le béton.

«C’est plutôt un document de travail d’analyse. Il nous permet de déterminer quels sont nos effectifs et nos infrastructures, quels sont leurs usages, et s’il y a moyen d’être plus efficace. Ce document est une analyse parmi tant d’autres, mais elle demeure pertinente», dit le ministre.

«Nous avons un déficit structurel de 400 millions $, et ça fait maintenant huit ans que nous avons des budgets déficitaires. On se doit de se poser de sérieuses questions, car on ne peut plus continuer à ce rythme», souligne-t-il.

Il note aussi que des décisions difficiles sont à prévoir, dont en santé, sous-entendant que le travail de l’administration précédente en la matière ne serait pas relégué aux oubliettes.

«Trouver 400 millions $, ce ne sera pas facile. Tout sera sur la table. Nous sommes une province de 750 000 personnes. Est-ce qu’on a besoin de 22 hôpitaux? Est-ce qu’on doit continuer d’offrir tous les services et programmes actuels? Ce sont des questions qu’il faut se poser», indique M. Boudreau.

Puisque la révision stratégique ne sera complétée que pour le second budget de l’administration Gallant, le ministre soutient qu’il y a toutefois encore un certain temps pour la réflexion.

Accueil plutôt froid

Au cours des dernières années, le Forum des maires du Restigouche a dénoncé à de nombreuses reprises les compressions effectuées dans les établissements de son secteur.

Prudent dans ses commentaires, puisqu’aucune annonce formelle de fermetures ou de pertes de services n’a encore été avancée, le maire de Campbellton et président du forum, Bruce MacIntosh, a néanmoins tenu à réitérer sa position quant aux maintiens des acquis actuels.

«Je n’ai pas entendu parler de compression récemment ni eu vent de ce rapport. Mais c’est certain que si l’on nous arrive avec un plan rempli de compressions et de réduction, notre réponse sera vive. C’est certain qu’on ne voit pas d’un bon œil tous changements qui pourraient signifier une baisse des services offerts à notre population», exprime le maire, promettant de demeurer aux aguets.

«Si l’on supprime des services ou qu’on laisse des établissements devenir désuets en matière de technologie, c’est certain que les spécialistes ne vont pas se bousculer à la porte pour venir pratiquer ici.»

«Si l’on perd des spécialistes, on perd non seulement de bons emplois dans la région, mais aussi une capacité importante d’attraction auprès de la population. Qui va vouloir venir s’installer dans une région sans service hospitalier décent? Je comprends que les populations des régions plus éloignées sont plus petites et vieillissantes que dans les grands centres et que l’on ne peut pas avoir partout des services spécialisés. Mais j’estime que ce que l’on a ici actuellement, c’est le minimum, et je verrais d’un très mauvais œil qu’on nous ampute des services», indique le maire.

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