MONCTON – La présence des femmes dans les médias d’information fait mauvaise figure en Acadie. Le Regroupement féministe du Nouveau-Brunswick publie une étude démontrant la faible représentation féminine dans la couverture de l’actualité par des médias francophones de la province.

De tous les intervenants nommés dans l’ensemble des articles, bulletins et reportages recensés en Acadie, 28,8% sont des femmes. Voilà ce que révèle une étude réalisée par le Regroupement féministe du Nouveau-Brunswick, en collaboration avec les professeurs du programme d’information-communication de l’Université de Moncton

L’analyse quantitative fait suite à une première étude publiée en 2011. Elle a été réalisée sur une période quatre semaines, d’octobre à décembre 2014. L’édition provinciale de l’hebdomadaire l’Étoile, du quotidien l’Acadie Nouvelle, des bulletins de l’Association des radios acadiennes et communautaires du Nouveau-Brunswick, et des bulletins télévisés et radiophoniques d’Ici Radio-Canada Acadie ont été étudiés. Au total, 1022 articles, textes et reportages ont été examinés.

«Ce que ça nous démontre, c’est que nous avons encore beaucoup de chemin à faire en tant que société quant à la juste représentation des femmes dans nos médias», indique Louise Imbeault, vice-présidente du Regroupement féministe du Nouveau-Brunswick.

Selon une enquête du Projet mondial de monitorage des médias effectué auprès de 108 pays, 24% des personnes nommées dans les médias en 2010 étaient des femmes. Cette statistique se chiffrait à 30% au Canada pour la même année. Le Nouveau-Brunswick se situe donc au-dessus de la moyenne internationale, mais sous la moyenne nationale.

Louise Imbeault déplore également la faible représentation des femmes au sein des salles de nouvelles en Acadie. De l’ensemble des textes et reportages publiés par les médias francophones de la province, ce sont 25% d’entre eux qui sont signés par une femme.

L’étude dénote aussi une variation dans le pourcentage de femmes nommées, dans les articles et reportages analysés, selon le sexe de l’auteur. Ce sont 35,8 % des intervenants nommés qui sont des femmes lorsque la journaliste est de sexe féminin, comparativement à 26,7 % dans le cas de journalistes de sexe masculin.

«Évidemment, l’accès des femmes à la profession n’est qu’un élément de réponse. C’est une problématique de société et il faut l’attaquer de plusieurs fronts», précise Amély Friolet-O’Neil, directrice générale.

Elle espère que cette photographie de la représentation féminine au sein du paysage médiatique francophone permettra d’attirer l’œil des médias, et d’en sensibiliser les journalistes.

L’AAJ a des réserves

L’Association acadienne des journalistes émet certaines réserves quant à l’analyse publiée par le Regroupement féministe du Nouveau-Brunswick. Le rapport fait état d’une faible représentation des femmes dans les médias. Une problématique qui ne peut être résolue en sensibilisant les femmes et des médias, explique le président de l’AAJ, Pascal Raiche-Nogue.

«Le rôle des journalistes est de représenter la réalité. Et la réalité, c’est que les femmes n’ont pas une grande place dans de nombreuses instances. Ce n’est donc pas pour rien si l’on cite plus souvent des hommes que des femmes.»

Selon lui, les efforts du Regroupement auraient plus d’impact en militant pour que les femmes pèsent plus lourd dans la balance au sein des entreprises, du gouvernement et des différents organismes.

«Si l’on fait un reportage sur une question liée à l’éducation et que le ministre est disponible pour commenter, devrait-on demander à parler à l’une de ses subalternes parce qu’elle est une femme?»

Pascal Raiche-Nogue dit comprendre les intentions du Regroupement, mais souligne que la réalité du terrain est toute autre.

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