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Horizon peine à offrir un service en français
MONCTON – Les résultats d’un sondage mené par le réseau de santé Horizon révèlent que moins d’un patient sur deux est «toujours» servi en français. Un résultat insuffisant selon plusieurs défenseurs des droits linguistiques.
La régie de santé Horizon, dont la langue de travail est l’anglais, est tenue d’offrir un service pour les francophones en vertu de la Loi sur les langues officielles. Pourtant les résultats de son sondage semestriel rendus publics le 16 avril montrent qu’il reste un long chemin à parcourir. Seuls 46,8 % des patients interrogés préférant le français ont «toujours» reçu un service en français. Sans surprise, 97,7 % des personnes anglophones ont pu recevoir les soins dans leur langue.
«Les résultats nous aident à mieux servir et comprendre les besoins de nos collectivités en matière de santé», explique John McGarry, président-directeur général d’Horizon. Cette étude s’intègre dans le plan stratégique des langues officielles du réseau qui doit permettre de perfectionner le service. Celui-ci semble progresser depuis 2013, date d’un premier sondage réalisé par le Conseil de la santé du Nouveau-Brunswick, qui établissait que 28,1 % des patients francophones en soins de courte durée avaient pu obtenir un service dans la langue de leur choix. Cependant la méthodologie des deux sondages n’étant pas la même, toute comparaison reste délicate .
Horizon doit revoir sa copie
Maître Michel Doucet, directeur de l’Observatoire international des droits linguistiques ne se dit pas surpris par ce faible pourcentage.
«Le réseau Horizon a beaucoup de difficulté à rencontrer les obligations qui sont les siennes, donc il y a encore beaucoup de travail à faire de ce côté-là pour que l’on puisse parler d’une capacité à offrir des services de qualité dans les deux langues officielles. Je me pose des questions, avec l’écart énorme qui existe toujours, est-ce que ça arrivera jamais…»
Selon l’avocat, la principale lacune vient des employés, dont la plupart ne seraient pas suffisamment conscients de leur obligation.
«On peut avoir des beaux plans, des beaux objectifs, mais si les salariés ne sont pas prêts à faire des efforts ça ne donnera pas grand-chose. On ne peut pas parler d’une note de passage, quand plus d’un citoyen sur deux ne peut pas recevoir de service dans sa langue, c’est toujours un échec.»
Pour le docteur Hubert Dupuis, président d’Égalité santé en français, le réseau devrait instaurer des cours de seconde langue obligatoires.
«Il faut embaucher du personnel bilingue, fonctionnellement bilingue, que ce soit des médecins ou des infirmières, assène-t-il, Horizon ne le fait pas actuellement.»
«On vise le progrès continu»
Pauline Gallant directrice des langues officielles du réseau Horizon reconnaît que beaucoup de travail reste à faire.
«On doit encore s’améliorer, mais de nombreuses initiatives ont été mises en place.» Elle assure que des opérations de sensibilisation du personnel sont menées régulièrement pour changer les habitudes de travail et développer certains réflexes.
La formation passe à la fois par des témoignages et des mises en situation. «On essaie de rappeler le rôle de chacun, l’employé qui n’est pas bilingue doit aller chercher un collègue qui parle les deux langues, assure-t-elle, Certains ont tendance à dire “il parle aussi ma langue alors pourquoi parler en français?”. On rappelle que les francophones ont des droits et qu’il faut les respecter.»
Autre moyen d’évaluation, tous les 4 mois des «clients mystères» mesurent de façon anonyme la qualité du service des différents centres de soin de la régie. Le procédé permet de déterminer si l’employé tente effectivement de trouver une personne capable de s’exprimer en français et de vérifier le temps nécessaire. «Il faut bien comprendre que ce n’est pas facile de trouver des salariés bilingues», se défend Pauline Gallant.
Pourtant, l’étude du Conseil de la santé de 2013 montrait que la grande majorité des patients du Réseau Vitalité avaient pu être soignés dans leur langue (77,1 % des anglophones et 83,7 % des francophones). «Ce n’est pas nouveau au Nouveau-Brunswick, les Français parlent anglais et les Anglais parlent anglais, réagit Hubert Dupuis. Je n’ai pas vu un seul gouvernement qui ait fait quoi que ce soit pour changer ça. Le gouvernement ne respecte pas ses propres lois, il ne respecte pas la loi sur l’égalité des communautés linguistiques. Le gouvernement a peur de la majorité anglophone. Voici la réalité au Nouveau-Brunswick.» n