MONCTON – La privatisation prochaine des services non médicaux dans les hôpitaux néo-brunswickois continue de faire réagir. Ce sont maintenant la Coalition pour l’équité salariale et la Société de l’Acadie du N.-B. qui expriment des craintes.

On a appris la semaine dernière que le gouvernement provincial a choisi une entreprise privée, à qui elle confiera bientôt la tâche de gérer l’entretien ménager, les cuisines et le transport des patients.

Peu après l’annonce, le chef du Parti vert et une porte-parole du Syndicat canadien de la fonction publique n’ont pas tardé à critiquer ce changement.

Voilà que la SANB et la Coalition pour l’équité salariale du N.-B. émettent elles aussi de sérieuses réserves.

La présidente de la SANB, Jeanne d’Arc Gaudet, craint que la privatisation entraîne un recul en matière de langue de travail (pour les employés) et de services bilingues (pour les patients).

«Lorsque le secteur privé est en affaires, c’est le “bottom line”, excusez l’expression, qui compte. (…) Si on doit privatiser, aller jusque là, il faut encadrer ces entreprises-là. Il faut mettre des conditions.»

Elle ne s’oppose donc pas nécessairement à la privatisation, mais lance tout de même un avertissement.

«On est plus préoccupé par la question d’être profitable que par la question de la langue. Ça nous préoccupe. Ce que l’on dit au gouvernement, c’est “attention!”»

Jeanne d’Arc Gaudet espère aussi que la privatisation ne mènera pas à un recul au chapitre de l’équité salariale.

«Le secteur privé a vraiment des réticences lorsqu’on parle de toute la question de l’équité salariale. Ils ne veulent pas en entendre parler. D’ailleurs, c’est une raison pour laquelle on ne l’a pas encore au Nouveau-Brunswick ni ailleurs non plus.»

Cette préoccupation partagée par la directive générale de la Coalition pour l’équité salariale du Nouveau-Brunswick, Johanne Perron.

Elle affirme que l’écrasante majorité des employés des services dont la gestion sera privatisée sont des femmes et craint que la venue du secteur privé mène à l’augmentation de l’écart salarial entre les salaires des hommes et des femmes effectuant un travail de valeur égale.

«On sait que généralement les emplois dans le secteur public sont mieux payés pour les femmes que le secteur privé. Ce n’est pas le cas pour les hommes, c’est le contraire.»

Johanne Perron demande carrément au ministre de la Santé, Victor Boudreau, de faire marche arrière.

«Je pense qu’il faut reconsidérer cette décision-là», insiste la directrice générale de la Coalition pour l’équité salariale du Nouveau-Brunswick.

L’OPPOSITION RESTE SILENCIEUSE

Contactée par l’Acadie Nouvelle, l’opposition officielle à Fredericton maintient la position qu’elle a prise la semaine dernière sur la privatisation effectuée par les libéraux, soit qu’elle en sait trop peu pour se prononcer.

«On ne sait pas exactement avec quoi ils vont de l’avant. Ils n’ont pas expliqué, ils n’ont pas donné de détails», déplore la critique progressiste-conservatrice pour les dossiers liés à la santé, Madeleine Dubé.

LES CONDITIONS SALARIALES MAINTENUES

Le ministre de la Santé, Victor Boudreau, tente de se faire rassurant en réaction aux préoccupations soulevées par la SANB et par la Coalition pour l’équité salariale.

En interview, jeudi à Fredericton, il a d’abord rappelé que seule la gestion des services non médicaux sera privatisée. Les employés seront toujours des fonctionnaires.

«Ça va être semblable, par exemple, à Ambulance NB, où nous avons une tierce partie qui gère, mais les employés sont quand même considéré comme des employés de la Province. La même chose va s’appliquer dans ce cas-ci», a-t-il dit.

Il reste que la qualité des services bilingues offerts par Ambulance NB, une société à but non lucratif indépendante du gouvernement qui gère les services ambulatoires dans la province, fait régulièrement l’objet de critiques de la part de la communauté francophone.

À savoir comment le gouvernement gérera le dossier des services bilingues et de la langue de travail, Victor Boudreau affirme que la privatisation n’est pas encore concrétisée et que bien des questions restent à répondre.

«Évidemment, il faudra que toutes ces questions-là soient regardées. Moi, je n’ai pas toutes les réponses exactes. On vient juste de commencer le processus, un processus qui va prendre quand même quelques mois de négociations.»

Quant à l’équité salariale, il réitère que ce n’est que la gestion des services qui changera et que les employés des services touchés demeureront des fonctionnaires.

Ces employés pourront s’attendre à garder le «même salaire qu’ils ont (à l’heure actuelle), mais évidemment s’ils négocient de meilleurs salaires selon leur convention collective, leurs salaires vont changer.»

– Avec la collaboration du journaliste Mathieu Roy-Comeau.

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