MONCTON – Le groupe Justice reproductrice Nouveau-Brunswick estime que l’accès à l’avortement demeure trop restreint dans la province, même si ce soin est désormais offert dans un troisième hôpital.

On a appris cette semaine que la clinique de planification familiale de l’hôpital anglophone de Moncton est ouverte. L’établissement est le troisième à offrir des interruptions volontaires de grossesses, après les hôpitaux francophones de Moncton et de Bathurst.

Cela s’inscrit dans les efforts du gouvernement libéral de Brian Gallant d’améliorer l’accès à l’avortement dans la province.

Le groupe Justice reproductive N.-B. ne crache pas sur l’offre d’avortements dans un hôpital de plus. Mais cela reste loin de la marque, explique sa porte-parole, Jessi Taylor.

«C’est important que les Néo-Brunswickois sachent que même s’il y a plus d’accès, ce n’est pas parfait. Il y a encore beaucoup de problèmes avec le système», dit-elle en interview téléphonique avec l’Acadie Nouvelle.

Elle déplore qu’aucun centre hospitalier de Fredericton, de Saint-Jean ou du nord-ouest de la province offre ce soin. Les femmes de ces régions doivent donc faire plusieurs heures de route pour se rendre à Moncton ou à Bathurst.

Selon elle, il s’agit d’un obstacle pour bien des femmes. «Si tu viens d’Edmundston, c’est trois heures et demie. Alors sept heures aller-retour. Et lorsque l’on obtient un avortement dans un hôpital, c’est deux visites», dit-elle.

Jessi Taylor et ses collègues de Justice reproductrice N.-B. réitèrent leur demande au gouvernement provincial de financer les avortements pratiqués dans des cliniques privées telles que la Clinique 554 de Fredericton, qui est née des cendres de la Clinique Morgentaler.

De l’autre côté du spectre, l’organisme Droit à la vie N.-B. ne voit pas les choses de la même manière.

«Nous avons le coeur brisé qu’un autre hôpital provincial, qui devrait servir la vie, deviendra un cimetière pour les plus jeunes enfants de notre province. (…) Le premier ministre, le ministre de la Santé et M. McGarry (le PDG du Réseau de santé Horizon) devraient avoir honte d’imposer leur plan contre la volonté des Néo-Brunswickois», affirme son directeur général, Peter Ryan, dans un courriel.

L’Acadie Nouvelle a contacté le ministre de la Santé, Victor Boudreau. Il n’était pas disponible jeudi pour une interview. n

L’offre répond à la demande selon Vitalité

Contacté par l’Acadie Nouvelle afin de mieux comprendre la décision d’offrir des avortements à Moncton et pas ailleurs dans la province, le Réseau de santé Horizon s’est abstenu de tout commentaire.

Plus tôt cette semaine, le quotidien anglophone Times & Transcript rapportait des propos du PDG du réseau Horizon, John McGarry, qui affirmait que c’est parce que les hôpitaux francophones de Moncton et de Bathurst «ne pouvaient en faire plus (d’avortements)».

Un constat contredit par le Réseau de santé Vitalité, qui indique que l’offre n’est pas excédée par la demande.

«En terme de capacité, nous sommes confortables avec le volume qu’on a là. Est-ce qu’il y a de l’espace pour d’autre? Oui. Nous pourrions prendre peut-être une centaine de patientes de plus par hôpital», estime Luc Foulem.

Le nombre d’interruptions volontaires de grossesse effectuées à l’Hôpital régional Chaleur se chiffre à 113 en 2013-14 (1er avril au 31 mars), et à 116 pour 2014-15 (1er avril au 28 février), et à 321 et 351 respectivement pour les mêmes périodes au Centre hospitalier universitaire Dr-Georges-L.-Dumont.

Le porte-parole souligne que l’offre de la procédure au Moncton City Hospital, disponible depuis lundi seulement, risque d’affecter ces chiffres.

«Il est encore trop tôt pour évaluer l’impact. Nous allons attendre six mois à un an avant de déterminer si nous sommes en mesure de répondre à la demande ou non, et nous agirons en conséquence à ce moment-là.»

– Avec la collaboration du journaliste Anthony Doiron

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