Le ministre Victor Boudreau a demandé aux participants du forum comment réduire les dépenses du gouvernement. - Acadie Nouvelle: Mathieu Roy-Comeau
Révision des programmes: un fossé se creuse
FREDRICTON – Un immense fossé sépare le gouvernement et les participants au forum sur la révision stratégique des programmes.
Fredericton poursuit ses efforts afin de trouver 600 millions $ d’économies ou de nouveaux revenus d’ici le prochain exercice financier. La réduction des dépenses était manifestement en tête des priorités du gouvernement, mercredi, à l’ouverture du forum sur la révision stratégique des programmes à Fredericton.
«Il faut que vous nous aidiez comme intervenants à identifier là où nous pouvons couper. Ce n’est pas un exercice pour nous encourager à faire plus d’investissements ici ou plus d’investissements là», a déclaré le ministre responsable de la révision aux 70 participants à l’événement.
«Les intervenants sont à la table pour défendre leur secteur, je comprends ça. Mais nous avons besoin d’aide aujourd’hui pour trouver des économies. Si ce n’est pas dans vos programmes, c’est où?», a dit Victor Boudreau.
L’allocution du ministre a été suivie par une présentation de deux fonctionnaires sur l’état de la province qui ont souligné à grands traits le vieillissement de la population, l’augmentation des dépenses en santé et l’absence de croissance économique.
«Il n’y a pas eu de croissance économique au Nouveau-Brunswick durant quatre des six dernières années», a rappelé Peter Kieley du ministère des Finances.
Le conférencier John Bethel de la firme Ernst & Young a présenté aux participants les succès de la Colombie-Britannique en matière de privatisation de certains services en santé. Fredericton a déjà indiqué son intention de privatiser la gestion des services non médicaux dans les hôpitaux en plus de miser davantage sur les partenariats public-privé dans les foyers de soins.
Quelques minutes avant d’entreprendre leurs délibérations en petits groupes, plusieurs intervenants n’étaient visiblement pas sur la même longueur d’onde que le gouvernement.
«Il me semble qu’il y a plus que les coupes. Il faut faire des analyses. Si on coupe là par exemple, à moyen et à long terme ça veut dire quoi?», a commenté la présidente de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick, Jeanne d’Arc Gaudet.
«Ce qui m’inquiète, c’est que l’on met trop l’accent sur la diminution des services plutôt que sur la croissance de l’économie et de l’emploi», a indiqué la directrice générale de la Coalition pour l’équité salariale, Johanne Perron.
«Les présentations allaient toutes dans le sens qu’il faut absolument couper et qu’il n’y a pas d’autres options», a noté Jean-Claude Basque du Front commun pour la justice sociale.
«Si on veut une discussion ouverte, on aurait dû aussi nous présenter l’autre bord. Il faut avoir plus de revenus.»
Le gouvernement pourrait se tourner vers de nouvelles entrées d’argent, a précisé la greffière du conseil exécutif, Edith Doucet, «mais nous devons toujours mesurer leur impact sur notre économie.»
En matière de nouveaux revenus, le Conseil économique du Nouveau-Brunswick mise sur l’augmentation de la taxe à la consommation avant une hausse du taux d’imposition des entreprises.
«C’est certain qu’en augmentant les taxes, on enlève un peu à l’entreprise le pouvoir d’investir, de croitre et d’embaucher alors il faut faire attention», a prévenu la directrice générale de l’organisme, Anne Hébert.
L’Association francophone des municipalités du Nouveau-Brunswick veut pour sa part éviter que les villes et les villages se retrouvent avec de nouvelles responsabilités (en matière d’infrastructures notamment) sans en avoir les moyens.
«Cette tendance, nous la voyons toujours en situation économique difficile et c’est ce que nous voulons éviter. On ne peut pas simplement pelleter le déficit dans la cour des municipalités», a averti le directeur général de l’association, Frédérick Dion.
Il suggère notamment au gouvernement de facturer aux districts de services locaux le «vrai coût des services» qui leur sont fournis.
Le forum sur la révision stratégique des programmes se poursuit jeudi à l’Université du Nouveau-Brunswick. Les participants présenteront alors le résultat de leurs délibérations en groupe.