
Francis Lamarche, de la compagnie BSB, pose en compagnie du nouveau camion de l’entreprise, le premier du genre au pays qui permet la livraison de granules de bois à domicile. – Acadie Nouvelle: Jean-François Boisvert
Les granules de bois pour aider à la lutte aux changements climatiques
La province et les citoyens du Nouveau-Brunswick pourraient miser davantage sur l’utilisation de biomasse – notamment le chauffage aux granules de bois – dans ses efforts de lutte aux changements climatiques.
C’est du moins ce qu’a suggéré la compagnie Solution Biomasse de Saint-Quentin au Comité parlementaire sur les changements climatiques lors de son récent passage au Restigouche. Dans son mémoire, l’entreprise restigouchoise soutient qu’encore trop de résidences – deux sur trois en fait – utilisent l’électricité, ou pire encore l’huile, comme source primaire de chauffage. Idem pour les édifices publics, commerciaux et industriels.
«Le Nouveau-Brunswick dépend encore beaucoup (trop) de l’électricité pour le chauffage. Le problème, c’est que nous ne sommes pas le Québec avec son énorme capacité hydroélectrique.Contrairement à eux, la grande partie de l’électricité que nous produisons est sale. Elle provient du charbon et du nucléaire», précise Francis Lamarche de Solution Biomasse.
Ce dernier estime que l’on peut facilement remplacer les combustibles fossiles par la biomasse, une ressource qui, elle, a l’avantage d’être renouvelable. «Avec ce procédé, on réduit considérablement les rejets atmosphériques. Il y en a toujours, c’est certain puisqu’il est question de combustion, mais ils sont moindres. Puis l’utilisation est jugée pratiquement carbone neutre, les rejets de biomasse étant absorbés par les nouveaux arbres qui poussent et qui serviront un jour de matière première. C’est donc un cycle naturel, une roue qui tourne», explique-t-il, trouvant particulièrement ironique que l’on doive importer du pétrole alors que la province possède une richesse immense en terme de biomasse.
«On est entouré de bois et notre industrie forestière est solide. On se trouve par contre à exporter une grande partie cette richesse d’un côté et de l’autre, à importer du mazout ou du charbon. C’est un non-sens», ajoutant qu’environ la moitié des 95 000 tonnes de granules produites par sa compagnie est vouée à l’exportation.
Selon lui, en raison de l’augmentation des coûts de l’électricité à prévoir dans la province au cours des années à venir, la biomasse s’avérerait une solution de rechange plus qu’intéressante pour les Néo-Brunswickois. «C’est certain qu’il y a un coût associé à l’installation, et c’est principalement là que réside tout le défi. Changer le système d’une résidence ou d’un édifice public c’est coûteux. Toutefois, les coûts de fonctionnement par la suite sont plus faibles, sans compter les bénéfices environnementaux. Il faut donc voir cela comme un investissement à long terme. À l’intérieur de quelques années, le système se repaye de lui-même», indique-t-il.
Celui-ci note par ailleurs que la province a déjà commencé à convertir tranquillement certains de ses édifices (bureaux, écoles, hôpitaux, etc.) au chauffage à la biomasse. Par exemple, la nouvelle école primaire francophone en construction à Campbellton devrait être dotée d’un système à biomasse.
«On voit que la province fait déjà certains efforts afin d’utiliser les énergies vertes, qu’elle réserve des budgets pour cela. Il y a toutefois encore beaucoup de potentiel. Et là on parle du gouvernement, mais c’est la même chose au niveau du secteur privé. Les entreprises aussi peuvent contribuer à l’environnement», exprime M. Lamarche.
Convertir Belledune?
S’il est surtout question de convertir aux granules de bois les immeubles gouvernementaux et les résidences privées, M. Lamarche ne cache pas que d’autres possibilités sont aussi envisageables. Parmi celles-ci, rien de moins que convertir la centrale thermique de Belledune. Un projet réaliste ou utopique?
«C’est très réaliste», soutient M. Lamarche, notant que de telles centrales existent déjà ailleurs dans le monde. «Non seulement elles existent, mais on en compte parmi nos clients au Royaume-Uni. Si ça se fait là-bas, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas le faire ici», dit-il.
Est-ce qu’on pourrait alors penser convertir la centrale thermique de Belledune? Ça s’est déjà fait, et ici même au pays, en Ontario pour être plus précis (centrale d’Atikokan). On a donc la preuve que c’est possible si la volonté de le faire est là», exprime M. Lamarche.
Autrefois au charbon, la centrale d’Atikokan a été convertie à la biomasse en 2012 suite à l’initiative du gouvernement ontarien pour réduire sa dépendance au combustible fossile. Le coût de la conversion a été chiffré à 200 millions $.