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Revenu minimum garanti: Gallant ouvert à l’idée
La mise en place d’un revenu minimum garanti séduit de plus en plus au Canada où plusieurs provinces et villes étudient sérieusement la possibilité de verser un salaire de base à ses citoyens. Le Nouveau-Brunswick serait prêt à investir dans une telle initiative, à condition de pouvoir miser sur le soutien du fédéral, a déclaré le premier ministre de la province, Brian Gallant, lors d’un récent entretien avec l’Acadie Nouvelle.
«Ça ne se jase pas nécessairement formellement, mais je suis très intéressé. Je pense que c’est une idée intéressante et que ça devrait être essayé dans notre pays quelque part. J’ai déjà dit de façon informelle que si le gouvernement fédéral est intéressé, nous serions prêts à être un partenaire pour un projet-pilote.»
Le processus s’avère toutefois complexe, explique Brian Gallant, car il demande d’uniformiser dans une seule prestation plusieurs allocations déjà offertes par le biais de plusieurs programmes existants.
«Il faudrait que plusieurs paliers gouvernementaux et organismes travaillent ensemble. (…) Comme vous pouvez imaginer, c’est un travail exhaustif, mais on serait intéressés. D’après ce que j’ai entendu, le fédéral n’est pas encore rendu là, mais ça se discute de plus en plus à l’échelle nationale.»
La participation du fédéral est également évoquée par Jean-Claude Basque, coordonnateur provincial du Front commun pour la justice sociale du N.B. L’organisme a organisé un forum à ce sujet en septembre à Moncton. Plusieurs intervenants des Maritimes étaient présents pour en parler.
«Les provinces ne peuvent pas s’en charger toutes seules. C’est l’autre dilemme parce que l’aide sociale, le salaire minimum et ainsi de suite, c’est de compétence provinciale. Le fédéral est le seul qui a les reins assez solides», dit Jean-Claude Basque.
Même si rien n’a encore été annoncé au Nouveau-Brunswick, l’Ontario a l’intention de proposer un projet-pilote de revenu minimum garanti ce printemps.
Hugh Segal, un ancien sénateur conservateur, a proposé dans un rapport publié en novembre de remplacer le programme d’aide sociale de l’Ontario avec un paiement d’au moins 1320$ par mois pour une personne seule. Les personnes en situation d’un handicap pourrait recevoir 500$ supplémentaires par mois. Le versement serait offert aux adultes âgés de 18 ans à 65 ans, non imposable et cumulable, c’est-à-dire que les récipiendaires pourraient ajouter ce montant au salaire qu’ils gagnent dans le cadre d’un emploi.
Il y a quelques semaines, les membres de l’Assemblée législative de l’Île-du-Prince-Édouard ont annoncé publiquement leur intention d’établir un dialogue avec le fédéral pour mettre en place un projet-pilote dans la province.
«Au Nouveau-Brunswick, nous en sommes toujours à l’étape de la discussion. Au Canada, il faut mentionner qu’aucun endroit n’a encore mis en place un revenu de base. L’Ontario est la province la plus avancée en cette matière. Le gouvernement a décidé d’aller de l’avant avec un projet», précise Jean-Claude Basque.
La Finlande, un pays du nord de l’Europe, est devenue le 1er janvier, le premier pays à verser une forme de salaire de base à grande échelle. Quelque 2000 demandeurs d’emploi âgés de 25 à 58 ans choisis au hasard vont recevoir un chèque de 560 euros (environ 780 CAD$) chaque mois au cours des deux prochaines années.
Jean-Claude Basque se dit encouragé par les nombreuses initiatives qui surgissent un peu partout dans le monde, mais plusieurs questions demeurent irrésolues. En principe, le revenu minimum pourrait être un important outil de lutte contre la pauvreté, mais son implantation serait probablement réalisée en coupant des services ailleurs. Pour que ça fonctionne, les gouvernements provinciaux doivent améliorer les programmes sociaux, argumente-t-il.
«Ça dépend de ce qui est proposé. Une partie de l’argument est que le gouvernement va pouvoir économiser de l’argent en offrant moins de programmes, moins de services et en réduisant le nombre de fonctionnaires. C’est ça qui est inquiétant parce que si on propose un revenu de base d’un tel montant par mois, mais on réduit les services, est-ce que ça va réellement changer les choses?»
«Un des dangers est dire aux bénéficiaires de l’aide sociale que leur revenu sera doublé, mais qu’ils ne recevront plus de services du gouvernement, plus de service pour l’aide au chauffage en hiver, plus de carte médicale. Avant de mettre sur pied un revenu de base, ce sont des questions qui doivent être réglées.»
Selon Statistique Canada, 110 000 individus vivent sous le seuil de la pauvreté aujourd’hui au Nouveau-Brunswick. Quatre-vingt-cinq mille d’entre eux sont des travailleurs pauvres.