Plusieurs intervenants ont dénoncé le projet du ministère de privatiser les services alimentaires, de transport et d’entretien des hôpitaux du Nouveau-Brunswick. - Archives
Égalité Santé en français estime que Vitalité est sous la tutelle du gouvernement
Entendu par le Sénat à Ottawa, le Dr Hubert Dupuis a dénoncé «l’ingérence» du ministre de la Santé du Nouveau-Brunswick dans le fonctionnement du réseau de santé Vitalité.
Le président d’Égalité Santé en français s’est présenté lundi soir devant le Comité sénatorial permanent des langues officielles. Le Dr Dupuis en a profité pour fustiger le mode de gouvernance de la régie francophone.
«La gouvernance de nos institutions de santé nous échappe. La gestion de nos institutions de santé est sous le contrôle du ministre de la Santé», a-t-il lancé aux sénateurs.
Il cite en exemple le projet du ministère de privatiser les services alimentaires, de transport et d’entretien des hôpitaux de la province, et ce, malgré l’opposition répétée du conseil d’administration de Vitalité.
«Nous constatons une érosion de services au sein de notre régie de santé qui, selon nous, est une perte de nos droits constitutionnels», dit-il.
«Le ministère peut planifier, mais pas superviser et gérer les services de santé. C’est le rôle de Vitalité.»
Le Dr Dupuis déplore que le président-directeur général et la présidente du conseil d’administration de Vitalité soient nommés par le ministre, tout comme sept des 15 membres du conseil.
Il souhaiterait que la population élise l’ensemble du conseil d’administration et que celui-ci ait le pouvoir de nommer ou de révoquer la présidence et la direction. Le médecin de Dieppe ajoute que la décision de fermer un hôpital, des lits ou de réduire des services devrait d’abord être du ressort de Vitalité, plutôt que du ministère.
Le ministère de la Santé a récemment mis en place des comités conjoints rassemblant des représentants des deux régies et du gouvernement. Ce mode de coopération dilue la voix des francophones dans certains dossiers, estime le Dr Dupuis.
«La résultante de ces structures est que les décisions et les consensus sont faits par la communauté dominante et ceci, trop souvent, au détriment de la communauté francophone. La gestion de la régie de santé Vitalité est constamment assujettie au ministre de la Santé qui fait une ingérence quotidienne de celle-ci. Cette façon de faire empêche la pleine et entière gestion de notre régie de santé par notre communauté.»
En adressant ses revendications au Sénat, l’institution chargée de protéger les droits des minorités, le président d’Égalité Santé en français espérait faire bouger les lignes.
«C’est le temps que le gouvernement fédéral exerce ses responsabilités et fasse comprendre à la province qu’elle doit faire mieux pour protéger les droits des francophones», insiste le Dr Dupuis.
L’organisme réclame également un nouveau découpage électoral, car les sous-districts électoraux sont établis sur une base géographique et non linguistique. Actuellement, seuls les résidents du nord et du sud-est de la province peuvent élire les membres du conseil d’administration du Réseau de santé Vitalité.
Les francophones de Saint-Jean ou de Fredericton par exemple n’ont pas droit de vote au sein de la régie francophone et ont uniquement la possibilité de voter pour les représentants de la régie anglophone. L’organisme demande donc la création de deux cartes électorales en santé qui se superposent entièrement.
Appelé à commenter ces revendications, le ministre Victor Boudreau n’a pas donné suite à notre demande d’entrevue.