L'Université de Moncton, campus de Shippagan. - Archives
Déficits en série: pas de fin en vue à l’U de M
Le retour à l’équilibre budgétaire n’est pas dans les plans à court terme à l’Université de Moncton.
Malgré une augmentation anticipée de ses revenus de 3,8% ou de 4,1 millions $, l’Université prévoit enregistrer un manque à gagner de 0,3% en 2018-2019.
Chacun des budgets adoptés par le Conseil des gouverneurs de l’institution acadienne depuis neuf ans comptait plus de dépenses que de revenus.
De passage devant un comité de députés à l’Assemblée législative, mercredi, le recteur par intérim de l’Université de Moncton, Jacques Paul Couturier, n’a pas été en mesure de préciser quand cesseront les déficits.
«C’est une excellente question pour laquelle il est très difficile d’avoir des éléments de réponses», a répondu M. Couturier à la question du député libéral Victor Boudreau.
C’était la première fois cette semaine que les responsables des universités publiques du Nouveau-Brunswick comparaissaient devant un comité de l’Assemblée. Il s’agissait d’une promesse électorale du parti du premier ministre Brian Gallant en 2014.
«Au fil des dernières années, l’U de M a été confrontée à un manque de revenu en dépit de tous les efforts qu’elle a faits pour contrôler ses dépenses», a expliqué M. Couturier.
Depuis 2015, l’U de M a notamment supprimé 52 postes à temps complet et à temps partiel, dont des postes administratifs, en plus d’éliminer un vice-rectorat et de réduire ses dépenses non académiques, a rappelé le recteur par intérim.
L’Université tente aussi de «limiter la progression de la masse salariale». «Il y a eu une année ou pratiquement tous nos employés n’ont eu aucune augmentation.»
Malgré tout, la baisse du nombre de diplômés qui sortent des écoles secondaires francophones de la province et la concurrence à l’international pour recruter davantage d’étudiants étrangers pèsent lourd dans la balance.
«Ça nous amène à nous poser la question: s’il y a un bon contrôle des dépenses, il faut se tourner vers les revenus», a indiqué Jacques Paul Couturier aux députés.
Les élus libéraux n’ont pas manqué l’occasion de rappeler que leur gouvernement a récemment signé des protocoles d’ententes avec trois des quatre universités publiques, dont l’U de M, pour assurer une hausse prévisible de leur financement.
Les ententes prévoient des augmentations de 1% par anné, et ce, pour trois ans, à partir de 2017-2018, puis de 2% en 2020-2021.
En échange, les universités se sont engagées à limiter la hausse de leurs droits de scolarité à 2% par année pour les étudiants inscrits avant 2019, et ce, pour la durée de leurs études.
Ces ententes contiennent des «éléments positifs», selon le M. Couturier, notamment pour les étudiants qui ont une meilleure idée du coût final de leurs études avant même de commencer.
«Il y a une valeur dans la prévisibilité du financement. Nous aurions aimé en avoir plus. Je ne serais pas honnête si je vous disais le contraire. Par contre, dans le contexte des défis de la province, nous sommes conscients qu’ultimement il y a toujours un ensemble d’arbitrage qui entre en ligne de compte.»
La durée limitée des ententes avec la province explique toutefois en partie pourquoi l’U de M n’est pas en mesure de déterminer à quel moment elle renouera avec l’équilibre budgétaire, a indiqué le recteur par intérim.
«Nous connaissons les paramètres pour les prochaines années. Le grand défi qui va se présenter, c’est ce qui va se passer après ce protocole d’entente. Il faut déjà commencer à faire cette réflexion pour l’avenir.»
À brève échéance, un débat de société sur l’avenir de l’U de M, et sur son financement, s’impose, estime Jacques Paul Couturier.
«Je pense que nous voulons une université forte, solide, qui offre des programmes de qualité. C’est autour de ça que devrait porter le débat. Après, il faudra que nous soyons conséquents en terme de moyens dont il faut disposer pour pouvoir y arriver.»