Le président de la SANB, Robert Melanson. - Archives
La percée de l’Alliance suscite de vives craintes
La montée de l’Alliance des gens est accueillie par une levée de boucliers de la société civile acadienne. Cette dernière met en garde les autres partis politiques: toute collaboration avec Kris Austin sera vue comme un affront à la minorité francophone.
Les sondeurs avaient vu juste. Lors des élections de lundi, l’Alliance – une formation hostile à certains droits et acquis linguistiques des francophones – a été portée par une vague mauve sans précédent.
Avec ses trois sièges, elle pourrait se retrouver avec le gros morceau du bâton, puisque ni les libéraux (avec 21 sièges) ni les progressistes-conservateurs (avec 22 sièges) n’auront assez de poids pour atteindre seuls le chiffre magique de 25 votes, qui leur donnerait la majorité à l’Assemblée.
Mardi après-midi, quelques heures après le dévoilement des résultats, plusieurs associations acadiennes (AAAPNB, AFMNB, SANB, FÉÉCUM et plus), des maires de communautés francophones (dont Bathurst, Dieppe, Edmundston et Tracadie) ainsi que le spécialiste des droits linguistiques Michel Doucet ont publié une déclaration commune.
Selon les signataires, l’Alliance a démontré au cours de la campagne qu’elle est opposée aux droits linguistiques des francophones du Nouveau-Brunswick.
«Ce n’est pas parce que ce parti drape son discours autrement que celui-ci n’est pas pour autant anti-francophone et anti-égalité. Il ne faut pas se laisser duper par l’approche fondée sur le “bon sens” que ce parti préconise», affirment-ils.
Les signataires en rajoutent et allèguent que l’Alliance a de sombres intentions.
«Ce parti n’a qu’un objectif, soit nous enlever nos droits et les remplacer par un accommodement au besoin, ce qui aurait pour effet de miner le développement de notre communauté.»
Ils tracent une ligne claire dans le sable et lancent un message clair aux partis politiques provinciaux: n’osez même pas songer à faire front commun avec Kris Austin pour prendre le pouvoir.
Ils mettent en garde que si toute formation qui «s’associerait ou formerait un gouvernement de coalition» avec l’Alliance «poserait un geste inacceptable que la communauté francophone et acadienne du Nouveau-Brunswick n’acceptera aucunement» et commettait un «affront aux francophones».
Collaborer serait une «erreur historique»
Alors que Brian Gallant ferme complètement la porte à collaborer avec Kris Austin, Blaine Higgs se montre ouvert à cette possibilité. Le chef progressiste-conservateur a cependant dit qu’il ne marcherait pas sur ses principes et ses convictions pour y arriver.
Le président de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick, Robert Melanson, sert un avertissement à M. Higgs et l’exhorte de ne pas s’approcher de Kris Austin.
«Je trouve que ce serait, pour le Parti (progressiste-)conservateur, une erreur historique de s’associer à ces gens-là», dit-il en entrevue téléphonique.
Selon lui, tout travail de concert avec l’Alliance ne ferait que de donner de la visibilité à l’Alliance, de lui permettre de continuer à faire la promotion de sa philosophie antifrancophone et de casser du sucre sur le dos des Acadiens.
«Pour moi, la meilleure façon d’éteindre ces gens-là (l’Alliance), c’est d’en faire abstraction. Aussitôt que tu commences à collaborer et à leur donner de l’importance, c’est comme si tu approuves leurs idées.»
L’Acadie Nouvelle a contacté l’Alliance des gens du Nouveau-Brunswick, mardi avant-midi, afin d’obtenir une entrevue avec Kris Austin sur la percée de son parti et sur l’avenir du gouvernement.
L’adjointe de Kris Austin, Robin Mockler, nous a répondu que le chef n’allait «pas être disponible» pour des entrevues ce jour-là.