C’en est fini de la gratuité des frais de scolarité au Nouveau-Brunswick pour plusieurs étudiants du postsecondaire aux revenus modestes.

Le gouvernement progressiste-conservateur a décidé de remplacer le programme phare du précédent gouvernement libéral par un programme moins généreux, mais qui viendra en aide à plus d’étudiants.

Les étudiants des collèges et des universités privés qui avaient été exclus des initiatives libérales seront dorénavant éligibles au nouveau Programme renouvelé de bourses pour frais de scolarité.

Les étudiants des institutions publiques, dont certains qui bénéficiaient de la scolarité gratuite, devront quant à eux débourser davantage dès septembre.

«Bien honnêtement, il n’y a jamais rien de gratuit. Les contribuables du Nouveau-Brunswick payent pour tous ces avantages et je pense qu’il faut mettre ça au clair», a déclaré le ministre de l’Éducation postsecondaire, de la Formation et du Travail, Trevor Holder, mardi, lors d’une conférence de presse.

M. Holder estime cependant que le nouveau programme est plus «équitable» que celui des libéraux puisqu’il ne fait plus la différence entre les étudiants du public et ceux du privé.

«Nous avons entendu les institutions privées et les centaines d’étudiants qui les fréquentent qui se sont sentis laissés pour compte», a-t-il dit.

Selon le ministère de l’Éducation postsecondaire, environ 1700 étudiants du privé devraient bénéficier du programme en plus des 7800 étudiants du public qui en profitaient déjà.

Puisque le budget du programme demeure le même, 19,2 millions $, chaque étudiant recevra moins d’argent que sous l’ancien programme.

Sous l’ancien programme libéral, les étudiants dont le revenu familial brut est de moins de 60 000$ n’avaient pas à payer de droits des scolarités pour fréquenter une université ou un collège public au premier cycle.

Selon les calculs du ministère, en vertu du programme renouvelé, un étudiant dont le revenu familial brut est de 24 000 $ devra verser 1870$ pour fréquenter une université publique dont les frais de scolarité sont de 7770$.

À l’opposé, le même étudiant, qui aurait dû payer 5500$ par année pour fréquenter une université privée auparavant, n’aura plus qu’à verser 2500$.

Les institutions postsecondaires privées avaient vivement dénoncé à l’époque la décision du gouvernement libéral de les exclure de la gratuité des frais de scolarité.

La présidente de l’une de ces institutions, Darcie Robichaud du Oulton College de Moncton, a salué l’annonce du ministre Holder.

«Les étudiants vont pouvoir choisir l’endroit où ils veulent étudier et s’ils choisissent Oulton, au moins maintenant ils vont avoir un petit quelque chose (financièrement) pour être plus égaux avec les autres (institutions).»

Mme Robichaud n’est pas mécontente même si le gouvernement n’a pas simplement décidé d’étendre la gratuité aux institutions privées.

«Nous n’avons jamais été d’accord avec la gratuité. C’est quand même bien d’avoir un sens “d’accountability” pour les étudiants. 1500 $, ce n’est pas énorme pour pouvoir faire des études.»

Le porte-parole du Parti libéral en matière d’éducation postsecondaire, Guy Arseneault, prévoit des conséquences dramatiques pour les étudiants à revenu modeste en raison de la décision du gouvernement.

«Pour ceux qui n’ont pas le revenu familial pour aller à l’Université, ça va créer des problèmes», a-t-il dit.

«Est-ce que c’est possible de continuer (mes études)? Ils vont peut-être prendre une année de congé. Peut-être qu’ils vont tout lâcher.»

La députée Megan Mitton du Parti vert croit aussi que les Néo-Brunswickois les plus pauvres pourraient renoncer à poursuivre leurs études en raison de l’annonce de mardi.

«Ce changement n’aide pas ceux qui ont le moins les moyens de payer pour leur éducation. C’est un autre exemple où ce gouvernement retire de l’argent aux personnes les plus pauvres de la province.»

«Le Nouveau-Brunswick a un énorme manque de main-d’oeuvre. Pourquoi rendons-nous la vie plus difficile à ceux qui souhaitent obtenir de la formation pour entrer sur le marché du travail?»

Tel qu’annoncé lors du dépôt du budget provincial, les progressistes-conservateurs ramènent aussi le crédit d’impôt du Nouveau-Brunswick pour les frais de scolarité qui avait été éliminé par les libéraux.

Selon le ministère, les étudiants admissibles ont reçu en moyenne 541$ lors de la dernière année d’activité de ce crédit d’impôt alors que leurs parents ou conjoint ont reçu 469  $.

Fredericton estime que le retour du crédit d’impôt coûtera environ 10 millions $ au trésor public.

En contrepartie, le gouvernement a également décidé d’annuler la Prestation pour l’achèvement des études dans le délai prévu.

Ce programme permettait aux diplômés éligibles de recevoir un remboursement pour la partie provinciale de leur prêt étudiant au-dessus du seuil de 32 000 $.

«La prestation aidait un petit nombre de personnes à un coût très élevé», a expliqué le ministre Trevor Holder.

En 2017-2018, 3,3 millions $ en prêt provincial ont été effacé pour 281 diplômés, selon le ministère.

«Étant donné que si peu d’étudiants y avaient accès, le programme n’a pas atteint ses objectifs de réduire l’endettement et d’encourager les étudiants à terminer leurs études dans le délai prévu», a constaté M. Holder.

logo-an

private

Vous utilisez un navigateur configuré en mode privé ou en mode incognito.

Pour continuer à lire des articles dans ce mode, connectez-vous à votre compte Acadie Nouvelle.

Vous n’êtes pas membre de l’Acadie Nouvelle?
Devenez membre maintenant

Retour à la page d’accueil de l’Acadie Nouvelle