Jemma n’a que 10 mois. Aujourd’hui, elle se porte bien. Ses parents sont cependant bouleversés. Ils ne savent toujours pas s’ils ont été victimes de l’infirmière qui aurait utilisé un médicament pour précipiter l’accouchement de mères à l’Hôpital de Moncton.

L’infirmière a été congédiée à la fin du mois de mars pour avoir administré à tort de l’ocytocine, un médicament qui provoque des contractions de l’utérus et accélère le travail lors de l’accouchement.

L’ocytocine est une hormone naturelle dont l’utilisation nécessite une surveillance étroite, car elle peut notamment affecter la fréquence cardiaque de l’enfant à naître. D’autres recherches indiquent que le médicament peut provoquer une déchirure de l’utérus, avec des conséquences potentiellement catastrophiques.

Le 25 mai, Tiffany et Jeremy Beaulieu se rendent à l’Hôpital de Moncton pour l’accouchement. À 11h09, ils apprennent qu’un antibiotique doit être administré à la maman. Une infirmière installe l’intraveineuse. Le traitement doit durer deux heures. Or, moins de 30 minutes plus tard, le rythme cardiaque de Jemma chute.

Jeremy Beaulieu, papa de la petite Jemma. – Acadie Nouvelle: Patrick Lacelle

«À 11h25, elle a mis le moniteur de signes vitaux du bébé. J’enregistrais avec mon téléphone. Il n’y avait pas de rythme cardiaque. Elle a appuyé sur l’alarme et quelques secondes plus tard, la chambre était pleine d’infirmières et de docteurs. Ils lui ont fait perdre ses eaux. Elle était immédiatement en grande douleur avec de graves contractions. Cependant, elle n’était pas encore en travail. C’est ce qui est bizarre», a raconté Jeremy, le papa.

L’enfant à naître ne bouge plus. Un médecin analyse rapidement la situation.

«Il a regardé pour voir si le cordon ombilical était autour du coup de notre fille, mais il ne l’était pas. Par contre, elle ne bougeait toujours pas. À ce point-là, le docteur nous a dit qu’on doit faire une césarienne d’urgence.»

La famille prend le chemin de la salle d’opération. Jeremy se souvient d’avoir pris la première photo avec sa fille à 12h05, mais il n’a aucune idée de comment l’accouchement par césarienne s’est déroulé. Il ne pouvait entrer et sa conjointe était sous anesthésie.

«Je ne savais pas quand nous sommes allés à la salle d’opération si j’allais perdre ma femme, ma fille ou les deux. Il n’y a pas grand-chose qui me fait peur dans la vie et ça, ça m’a fait peur», a confié M. Beaulieu.

À moins de deux mois du premier anniversaire de naissance de Jemma, Jeremy et Teffany ont toujours plusieurs questions sans réponse. Ils ne savent toujours pas pourquoi le rythme cardiaque de leur petite fille a plongé soudainement.

La petite Jemma Beaulieu se porte bien. – Gracieuseté

«Le lendemain, on a rencontré le médecin. Il n’avait aucune idée pourquoi le rythme cardiaque a descendu à zéro. Nous n’avons jamais eu d’explication», indique M. Beaulieu.

Et là, du jour au lendemain, la nouvelle concernant le congédiement de l’infirmière tombe. La famille l’apprend à travers un ami sur Facebook.

«Nous avons regardé le reportage tard la nuit. Nous étions au lit. Nous sommes restés sans mots en pleurant. En regardant la vidéo, c’était comme si on revivait notre situation», a confié le papa.

Vendredi dernier, le Dr Ken Gillespie, chef du personnel médical à l’Hôpital de Moncton, a lancé un appel à toutes les mères qui ont accouché par césarienne.

«Si vous avez accouché par césarienne et que cette intervention pouvait selon vous avoir été le résultat d’une diminution de la fréquence cardiaque du fœtus et de contractions très fortes et soutenues, nous vous invitons à communiquer avec nous», a indiqué le médecin dans une vidéo du réseau de santé Horizon.

Les Beaulieu ont contacté l’hôpital. La famille rencontrera son médecin la semaine prochaine. Ils attendent des réponses.

«Je veux voir tous les documents et les résultats de tests sanguins», a conclu M. Beaulieu.

La petite famille compte retenir les services d’un avocat de Halifax spécialisé dans les affaires d’erreurs médicales. Me John McKiggan travaille de près avec la firme Fidelis Droit de Moncton.

Me Mathieu Picard, de Fidelis Droit, a confirmé à l’Acadie Nouvelle que plus d’une douzaine de personnes ont mandaté sa firme et Me McKiggan afin de faire valoir leurs intérêts.

«Le téléphone ne dérougit pas», a confié l’avocat soulignant que de nouvelles familles s’ajoutent constamment à leur liste.

Les avocats sont encore à évaluer la situation. Il pourrait être question d’un recours collectif, mais rien n’est arrêté encore.

– Avec extrait de La Presse Canadienne

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