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EXCLUSIF: Hausse importante du nombre de césariennes d’urgence à l’Hôpital de Moncton
Le nombre de césariennes d’urgence effectuées à l’Hôpital de Moncton a monté en flèche au cours des cinq dernières années. Pendant ce temps, dans le reste de la province, leur nombre stagnait.
À la demande de l’Acadie Nouvelle, l’Institut canadien d’information sur la santé a compilé les césariennes d’urgence effectuées à l’Hôpital de Moncton et pour le reste du Nouveau-Brunswick.
En 2013-2014, 158 césariennes d’urgence ont été effectuées à l’Hôpital de Moncton. Ce chiffre est passé à 171 en 2014-2015 pour ensuite atteindre 238 en 2015-2016. Leur nombre a diminué à 187 en 2016-2017 pour remonter à 210 en 2017-2018.
En d’autres mots, le nombre de césariennes d’urgence a augmenté de 50% en deux ans, de l’année financière 2013-2014 à 2015-2016. Sur cinq ans, l’augmentation est de 33%.
Le Réseau de santé Horizon, qui gère l’Hôpital de Moncton, n’a pas voulu commenter ces statistiques.
«On ne peut donner plus de détails pour le moment afin de ne pas nuire à l’enquête de la GRC en cours», a indiqué par courriel Émely Poitras, porte-parole du réseau.
L’enquête en cours, c’est celle qui vise une infirmière qui aurait délibérément précipité l’accouchement de mères en utilisant de l’ocytocine à l’Hôpital de Moncton. Il s’agit d’un médicament utilisé pour provoquer le travail d’une femme qui doit accoucher. L’utilisation de cette hormone naturelle doit faire l’objet d’une surveillance étroite d’un médecin.
Une utilisation à tort de l’ocytocine peut affecter la fréquence cardiaque de l’enfant à naître. D’autres recherches indiquent que le médicament peut provoquer une déchirure de l’utérus.
Le 30 mars, le réseau de santé a annoncé avoir congédié l’infirmière en question. Les actions alléguées qui lui sont reprochées auraient affecté au moins deux patientes, d’après les autorités médicales.
«L’administration d’ocytocine chez les deux patientes admises à l’Unité de travail et d’accouchement les a toutes deux amenées à devoir subir une césarienne d’urgence. Dans chacun des cas, les membres du personnel et les médecins ont tout de suite pris les mesures nécessaires et leur intervention rapide mérite notre gratitude», avait indiqué le réseau par communiqué.
L’enquête criminelle menée par la GRC est toujours en cours et aucune accusation n’a encore été déposée.
Néanmoins, jeudi, un recours collectif a déposé par les avocats Mathieu Picard de Fidelis Droit et John McKiggan de Halifax au nom de Jayde Scott. Il cible le Réseau de santé Horizon et l’infirmière Nicole Ruest.
La poursuite allègue que Nicole Ruest aurait injecté de l’ocytocine dans la solution saline que devait recevoir Jayde Scott qui s’apprêtait à donner naissance à des jumelles. Le rythme cardiaque des enfants à naître aurait alors plongé, ce qui a entraîné les médecins à ordonner une césarienne d’urgence.
L’infirmière a travaillé pendant plus d’une décennie au Réseau de santé Horizon. Les mères qui ont par ailleurs vécu un déclenchement soudain du travail avant leur accouchement sont invitées à contacter le réseau.
«Si vous avez accouché par césarienne et que cette intervention pouvait selon vous avoir été le résultat d’une diminution de la fréquence cardiaque du fœtus et de contractions très fortes et soutenues, nous vous invitons à communiquer avec nous», ont indiqué par communiqué les autorités médicales.
Les mères qui croient avoir vécu une telle expérience peuvent composer le 1-844-225-0220. De leur côté, les avocats qui représentent Mme Scott affirment avoir reçu plusieurs dizaines d’appels de mamans qui estiment avoir été lésées.