Nicolas Landry, professeur d’histoire à l’Université de Moncton, campus de Shippagan et auteur du livre, Marie-Esther Robichaud: Une éducatrice acadienne et son temps (1929-1964).-Acadie Nouvelle: David Caron
Marie-Esther Robichaud, féministe avant l’heure
Pour la nouvelle génération, le nom de Marie-Esther Robichaud n’évoque pas grand-chose, à l’exception peut-être d’une école secondaire à Shippagan. Ceux qui l’ont côtoyé, parle d’une femme exceptionnelle qui a été une figure marquante de l’éducation francophone au Nouveau-Brunswick.
Un nouveau livre, Marie-Esther Robichaud: Une éducatrice acadienne et son temps (1929-1964), paru aux éditions Prise de parole, permet d’en apprendre plus sur sa vie et ses réalisations. L’auteur Nicolas Landry, professeur d’histoire à l’Université de Moncton, campus de Shippagan, a procédé à son lancement jeudi soir à Shippagan.
Marie-Esther Robichaud, née à Pointe-Brûlée, en 1910, a laissé son empreinte sur plusieurs sphères d’activités, mais c’est surtout dans le domaine de l’éducation où elle s’est fait connaître. Elle a notamment été la première femme à occuper le poste d’assistante au surintendant des écoles du comté de Gloucester. Elle a occupé cette fonction jusqu’à sa retraite en 1964. Mme Robichaud avait aussi été enseignante et directrice d’école.
L’ouvrage de Nicholas Landry se nourrit principalement de la correspondance que Marie-Esther Robichaud a établie avec d’autres enseignants et administrateurs.
«Je ne parle pas nécessairement beaucoup de la personne de Marie-Esther comme dans une biographie traditionnelle, mais j’en parle plus comme une accompagnatrice des enseignantes francophones dans le comté de Gloucester en milieu rural durant l’époque où elle a vécu», dit-il.
L’auteur a aussi examiné plusieurs autres documents qui permettent de mieux connaître une femme «avant-gardiste».
«Pour son époque, elle était une femme moderne. On pourrait dire qu’elle était une féministe avant que le terme existe.»
Nicholas Landry s’est intéressé à la vie de Mme Robichaud pour plusieurs raisons, mais il souhaitait, entres autres, l’inscrire dans l’historiographie de l’éducation au Canada.
«Autrement dit, quand il va avoir de nouvelles publications sur les pionnières en éducation au Canada français, je voulais que Marie-Esther puisse trouver sa place.»
L’historien présente aussi le contexte dans lequel a vécu Marie-Esther Robichaud ainsi que ses contemporaines dans le milieu de l’éducation.
Ces enseignantes ont dû faire face à un nombre défis. Bien souvent, les infrastructures scolaires n’étaient pas à la hauteur et les élèves n’avaient pas accès à du matériel de qualité, s’ils en avaient accès du tout. La fréquentation des élèves était également très irrégulière. De plus, elles évoluaient dans un monde dominé par les hommes et l’église.
«J’ai mis l’accent sur la situation des femmes. Bien qu’elles étaient plus nombreuses, elles étaient administrées par une hiérarchie masculine et soumises aux préjugées discriminatoires de l’époque. À l’époque, on se tournait vers les femmes, parce qu’on avait besoin de personnel dans les écoles, mais la minute qu’on pouvait les remplacer avec des hommes, on ne se gênait pas. On disait que la femme était une bonne enseignante parce qu’elle était “maternelle de manière naturelle”, donc la perception était qu’elle pouvait bien prendre soin des enfants.»
Marie-Esther Robichaud est décédée en 2003.