La nomination de Brenda Murphy comme représentante de la Reine au Nouveau-Brunswick fait grincer des dents à la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick.

Brenda Murphy, activiste pour les droits des femmes et ancienne conseillère municipale de Grand Bay-Westfield, a aussi oeuvré au sein de la Société d’inclusion économique et sociale du Nouveau-Brunswick afin de tenter de réduire les impacts de la pauvreté.

Selon Robert Melanson, président de la SANB, il ne s’agit pas de remettre en question le travail d’activiste de Brenda Murphy dans les domaines de la réduction de la pauvreté et de l’égalité des genres.

Il estime cependant que la représentante de la Couronne devrait pouvoir exercer ses fonctions dans les deux langues officielles de la province.

«Je ne m’attaque pas à la femme qui a été nommée ni à son impressionnant CV, mais c’est quoi le problème de ne pas pouvoir être capable de trouver quelqu’un de bilingue?», se demande-t-il en entrevue téléphonique.

Il est d’avis que le travail de la lieutenante-gouverneure sera plus difficile à cause de son incapacité à parler français, et il est manifestement frustré de la situation.

«Quand il y a un projet de loi en français et que t’es pas capable de lire le projet de loi avant de le signer, c’est problématique. C’est aussi problématique qu’elle ne puisse pas s’adresser à la population francophone du Nouveau-Brunswick, même si elle est la première magistrate de la province», souligne-t-il.

Même si les fonctions de la lieutenante-gouverneure sont principalement symboliques, elle peut être appelée à trancher dans des situations délicates, telles que l’incertitude qui a suivi l’élection provinciale de septembre dernier.

«Elle doit prêcher par l’exemple et pouvoir parler dans les deux langues officielles. Nous sommes une province à deux langues officielles, qui a une loi sur l’égalité des deux communautés linguistiques. Est-ce qu’on pourrait avoir une marque de respect?», s’insurge Robert Melanson au téléphone.

Le président de l’organisme affirme d’ailleurs qu’il appuie la proposition de projet de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada pour la modernisation de la Loi sur les langues officielles.

Dans son mémoire publié en mars, la Fédération propose que la capacité de parler et de comprendre les deux langues officielles devienne une condition préalable à la nomination à plusieurs postes importants, dont ceux d’ambassadeur, de sous-ministre et de lieutenant-gouverneur.

Mario Levesque, politologue à l’Université Mount Allison, croit lui aussi que le poste devrait être occupé par une personne bilingue.

«Pour une province qui est bilingue, n’importe quelle personne occupant ce poste devrait pouvoir se débrouiller en français, même chose pour le premier ministre de la province. Le fait de mettre une personne qui est unilingue anglophone là, ça envoie un message qu’ils mettent de côté un tiers de la population», dit le professeur.

Il estime par contre que la nomination de Brenda Murphy représente un pas vers l’avant dans d’autres aspects, puisqu’elle est la première personne ouvertement gaie à occuper ce poste.

«Ça démontre qu’elle comprend la diversité et qu’elle en est un exemple», dit Mario Levesque.

Dans une courte déclaration par courriel, la principale intéressée répond qu’elle travaille à apprendre le français.

«J’ai hâte de servir les Néo-Brunswickois en tant que lieutenante-gouverneure. Bien que je maîtrise le français de base, je reconnais l’importance de nos deux langues officielles. C’est pourquoi je me suis engagée à améliorer mes compétences en français et que je continuerai d’apprendre», peut-on lire dans la déclaration.

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