À une époque où les jeunes femmes tournent de plus en plus le dos aux stéréotypes de genre, les concours de personnalité, style pageant, ont-ils encore leur place? L’Acadie Nouvelle a voulu en parler avec des organisateurs, des bénévoles et bien entendu, des participantes, pour en savoir plus.

Josiane Comeau, de Dieppe, est une habituée de la scène. L’étudiante au programme préparatoire aux sciences de la santé à l’Université de Moncton participe à des concours de chant depuis sa jeunesse. En 2016, elle a même participé à The Voice Kids France.

Il y a quelques semaines, la jeune femme âgée de 18 ans a ajouté un autre accomplissement à sa feuille de route impressionnante, elle a remporté le titre de Miss Atlantic.

«Je n’ai jamais fait ça avant, au début, je ne savais pas si j’avais envie de le faire ni comment ça allait se dérouler. J’avais juste l’idée des stéréotypes, mais je me suis dit, pourquoi pas? Je n’avais aucun but. Je voulais juste vivre l’expérience et rencontrer de nouvelles personnes. L’expérience a été incroyable. J’ai beaucoup appris.»

Plusieurs acteurs clés du milieu des concours de personnalité affirment que ces événements n’ont plus rien à voir avec ceux d’une certaine époque. Bien qu’elle avait quelques idées préconçues sur le déroulement de ce type d’activité, après avoir vécu l’expérience, Josiane Comeau est d’accord avec cette affirmation.

«Ce n’est pas ça du tout. On est arrivé. Ce n’était pas une affaire d’une seule journée, mais de toute une fin de semaine. Nous avons fait plein d’activités dans la région. Nous sommes allés visiter des élèves à besoin spéciaux, nous avons fait des entrevues à la radio pour nous aider avec notre communication, il y avait une activité à la dune de Bouctouche pour resserrer les liens. Il y avait une épreuve d’aptitude physique, style CrossFit. Il y avait des activités d’endurance, de sprint et de musculation.»

On demande souvent aux lauréates des concours comme Miss Atlantic de s’investir dans leur communauté. De son côté, Josiane a déjà un grand coeur. Depuis deux ans, elle travaille avec des jeunes à besoin spéciaux et plus récemment, elle a commencé à faire du bénévolat avec l’organisme Parlons sciences, qui vise à promouvoir la science auprès des jeunes.

Rien à voir avec le passé

Il y plusieurs années, avant même la naissance de Josiane, Michelle Dupuis, originaire du Restigouche, a eu la piqûre des pageants. Après avoir participé à son premier concours au milieu des années 1990, l’enseignante, qui habite aujourd’hui Dieppe, a continué à participer à l’organisation d’événements semblables. Elle a été la directrice artistique du concours Miss & Miss Teen Atlantic Canada.

«Lorsque j’étais jeune, j’ai participé à des pageants et j’en ai organisé dans ma communauté d’Eel River Crossing (aujourd’hui Eel River Dundee). Lorsque j’ai déménagé par ici, on m’a demandé de continuer de m’impliquer de temps en temps. Parfois, on me demande d’être juge ou d’aider avec l’organisation.»

Mme Dupuis est consciente que le milieu des pageants fait l’objet de certains préjugés, mais elle rappelle à son tour que les événements organisés dans la région n’ont rien à voir avec ceux du passé.

«Il y a des gens qui perçoivent ça comme quelque chose de mauvais, parce qu’ils croient que c’est basé de façon superficielle sur la beauté. Il n’y a pas de points portant sur la beauté. L’important, c’est le temps de pratique, les entrevues avec les juges, la présence sur scène.

Personnellement, j’ai aimé ces expériences et c’est pour ça que j’ai décidé d’en organiser moi-même. Ça m’a beaucoup permis de développer ma confiance et j’ai voulu continuer de faire ça pour aider d’autres filles.»

Expérience positive pour toutes

Les concours de personnalité, style pageant, ont beaucoup évolué au cours des années. Même Miss America, une compétition majeure aux États-Unis, a mis fin au défilé de mode de maillots de bain en 2018. Le conseil d’administration, dont 9 membres sur 11 sont des femmes, a aussi apporté d’autres changements. On dit que l’apparence physique ne sera plus prise en compte dans le résultat final du concours.

Au Nouveau-Brunswick, afin de s’assurer que l’expérience soit positive pour toutes, les organisateurs du concours Miss & Miss Teen Atlantic Canada ont formé une équipe d’expérience regroupant un nombre de vieux routiers du milieu.

Le président de l’événement, Michel C. Belliveau, est impliqué dans le milieu depuis une cinquantaine d’années. La vice-présidente de l’événement, Rachel Jaillet, a été nommée Miss Amérique du Nord 2008. Elle est aujourd’hui directrice de l’école Mgr-Marcel-François-Richard à Saint-Louis-de-Kent.

Pour la première fois, un Mr Teen Atlantic Canada a aussi été nommé. Le prix a été remis au seul participant masculin, Nathan Voisine, de Saint-Quentin.

Michel C. Belliveau, professeur de français à la retraite du Collège communautaire du Nouveau-Brunswick, a découvert l’univers des pageants à l’âge de 11 ans. Cinquante-deux années plus tard, son intérêt demeure fort. Il a toujours vu le monde des concours de personnalité comme étant une extension du monde de l’enseignement.

«Quand on voit les jeunes sur scène, c’est beaucoup plus qu’une performance. Elles acquièrent beaucoup de confiance en elles-mêmes. Elles développent leur personnalité, leur entregent et leur estime.»

Selon M. Belliveau, de nombreuses anciennes participantes choisissent de poursuivre des carrières dans plusieurs domaines, dont la médecine, le droit ou la science politique.

«Ce n’est pas nécessairement la couronne et la bannière qui comptent. En quatre jours, on en apprend beaucoup, que ce soit comment donner la main à quelqu’un et savoir les regarder dans les yeux avec expérience. On dit qu’on a seulement 17 secondes pour créer une bonne première impression et on sait que c’est toujours important dans le domaine du travail. Beaucoup de participant(e)s m’ont dit que les pageants leur ont permis de savoir comment faire une présentation orale et bien savoir vendre leur salade.»

Qui sait, peut-être que cela a contribué aux succès de l’ancien premier ministre Brian Gallant, qui a été élu M. Nouveau-Brunswick en 2000!

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