Le prochain président de la Chambre des communes à Ottawa ne sera pas acadien. Après mûres réflexions, le député de Madawaska-Restigouche, René Arseneault, a indiqué au journal lundi avoir avisé les différents partis politiques qu’il laissait tomber la course.

Jusqu’à lundi, son nom figurait en effet sur la très courte liste des élus désireux de briguer ce poste. Et selon les échos qu’il entendait en provenance de ses pairs, ses chances étaient plutôt bonnes. Francophone parfaitement bilingue, avocat de formation qui connaît bien les procédures de la Chambre, ancien président du caucus libéral de l’Atlantique… Bref, il avait certes la tête de l’emploi.

Qui peut devenir président de la Chambre? En fait, tous les élus sont éligibles à moins d’annoncer officiellement ne pas vouloir du poste. Le député restigouchois n’a pas enlevé son nom de la liste, bien au contraire.

Depuis l’élection, il a cabalé, passant plusieurs coups de fil auprès de ses collègues, présidents de différents caucus, parlementaires d’autres formations politiques. Sa motivation: ramener de l’ordre dans les débats.

«J’ai passé les quatre dernières années à voir des comportements et à entendre des choses qui, selon moi, ne sont pas dignes d’une saine atmosphère parlementaire. Mon intention était de ramener, avec le plus de diplomatie possible, l’ordre dans la Chambre», exprime-t-il.

Autre motivation notable, M. Arseneault aurait aimé que le poste puisse être occupé, pour la première fois, par un Acadien et par un élu originaire du Nouveau-Brunswick.

«En tant qu’Acadien, ç’aurait été une grande fierté pour moi d’occuper le titre de président», avoue-t-il.

Mais lundi matin, il a toutefois changé son fusil d’épaule et mis sa campagne de lobbying de côté. Le député libéral a fait parvenir un message aux parlementaires et à leur formation leur indiquant qu’il avait décidé de se retirer de la course.

«Après avoir discuté de mes intentions avec mes proches – tant au Restigouche qu’au Madawaska –, ceux-ci m’ont laissé entendre que je serais fort probablement beaucoup plus utile pour ma circonscription comme député, que c’est ce dont la région avait vraiment besoin en ce moment. Et ils n’ont pas tort», confie le député.

«Du point de vue pratico-pratique, à ce stade-ci de ma carrière – et dans le contexte actuel (gouvernement minoritaire) – ce n’est pas le bon moment de briguer ce poste», admet-il, ajoutant qu’il aurait été par ailleurs très difficile pour lui de se taire.

Car il faut le dire, si le poste de président de la Chambre vient avec certains privilèges (meilleur salaire, résidence de fonction, accès privilégiés aux ministres), il vient aussi avec son lot d’inconvénients. Pour démontrer sa neutralité et son impartialité, la personne choisie doit se retirer de tous les caucus de son parti, perd son droit de parole et de critique, et ne peut plus effectuer d’annonces dans sa propre circonscription.

Malgré tout, René Arseneault l’avoue, la décision a été déchirante à prendre.

«Même si l’idée de devenir le premier Acadien à obtenir la présidence du Parlement était attrayante, je dois d’abord penser au bien et aux intérêts de mes commettants», ajoute le député.

Le Parlement ouvrira ce jeudi 5 décembre. Ce sera alors le député ayant le plus d’ancienneté (années consécutives) qui deviendra de facto le président par intérim. Son successeur sera choisi par la suite lors d’un vote impliquant tous les parlementaires.

Selon M. Arseneault, il resterait en ce moment six candidats ayant démontré un intérêt pour le poste, notamment trois libéraux, deux conservateurs et un néo-démocrate. Le poste était précédemment occupé par le libéral Geoff Regan (Halifax-Ouest).

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