La lieutenante-gouverneure du Nouveau-Brunswick, Brenda Murphy. - Archives
Lieutenante-gouverneure unilingue: la SANB fait appel aux tribunaux
La Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick a déposé une requête judiciaire à l’intention du premier ministre Justin Trudeau et de la gouverneure générale du Canada, Julie Payette. L’organisme dénonce le fait que la lieutenante-gouverneure du N-B, Brenda Murphy, ne parle pas français.
Brenda Murphy a été nommée lieutenante-gouverneure du Nouveau-Brunswick par le premier ministre Justin Trudeau en septembre.
Alexandre Cédric Doucet, vice-président de la SANB, est d’avis qu’il est essentiel que la lieutenante-gouverneure puisse parler français pour exercer ses fonctions.
«La lieutenante-gouverneure fait des représentations publiques, c’est elle qui sanctionne les lois au Nouveau-Brunswick, donc elle doit comprendre les deux langues de façon égalitaire et communiquer de façon égalitaire», dit-il.
La SANB a critiqué la nomination de l’unilingue anglophone Brenda Murphy à plusieurs reprises.
M. Doucet précise par contre que la SANB ne souhaite pas que Brenda Murphy perde son poste. Il s’agit d’une critique du processus de nomination, selon lui.
La SANB espère obtenir une entente hors-cour avec le gouvernement fédéral pour que le poste soit dorénavant occupé par une personne bilingue.
Alexandre Cédric Doucet souligne que quelque chose de similaire s’est déjà produit au début de la décennie. Le vérificateur général du Canada de l’époque, Michael Ferguson, ne parlait pas français.
Le NPD a alors poussé le gouvernement à adopter de nouvelles normes pour que 10 postes de la fonction publique soient occupés par des personnes qui pouvaient s’exprimer dans les deux langues officielles. Ce projet de loi a obtenu la sanction royale en 2013.
Michael Ferguson est décédé d’un cancer en février 2019 à l’âge de 60 ans.
«M. Ferguson avait appris le français, et plusieurs années après, il était bilingue et ça s’est très bien passé. On espère avoir le même résultat avec madame Murphy», dit le vice-président.
Dans l’avis de requête, dont nous avons obtenu copie, la SANB avance que l’unilinguisme de la lieutenante-gouverneure est contraire à plusieurs passages de la Charte des droits et libertés.
On peut aussi y lire que la SANB veut obtenir des déclarations du premier ministre et de la gouverneure générale Julie Payette statuant qu’ils auraient manqué à leurs obligations en vertu de la Charte.
En septembre, juste après la nomination de Mme Murphy, sa porte-parole nous avait fait parvenir une brève déclaration sur le niveau de français de la nouvelle lieutenante-gouverneure.
«Bien que je maîtrise le français de base, je reconnais l’importance de nos deux langues officielles. C’est pourquoi je me suis engagé à améliorer mes compétences en français et que je continuerai d’apprendre.»
Nous avons envoyé des questions concernant la poursuite au bureau du premier ministre, au bureau de la gouverneure générale et au bureau du conseil privé.
Lundi, en après-midi, un porte-parole du bureau du conseil privé – qui gère les nominations des lieutenants-gouverneurs dans les provinces – nous a répondu que le gouvernement n’émettra pas de commentaire puisque l’affaire est devant les tribunaux.
En fin d’après-midi, le bureau de Brenda Murphy a commenté la requête de la SANB.
Dans le bref communiqué, la lieutenante-gouverneure indique qu’elle respecte la décision de l’organisme de recourir aux tribunaux et qu’elle reconnaît l’importance de communiquer dans les deux langues officielles.
«Je demeure déterminée à améliorer mes compétences en français au cours de mon mandat afin de pouvoir bien servir les communauté francophones et anglophones.»