Par Lili Mercure
Maurice Johnson s'est fait demander à plusieurs reprises si son jugement était altéré par l’alcool le 24 février 2018. - Acadie Nouvelle: Lili Mercure
Mort de Brady Francis: la GRC a tenté de faire craquer Maurice Johnson
La GRC a questionné Maurice Johnson, accusé de délit de fuite ayant causé la mort de Brady Francis, s’il avait consommé de l’alcool le soir de l’accident. L’enquêteur, le caporal Nicolas Potvin, n’a pas compris pourquoi l’accusé ne s’était pas arrêté après avoir frappé un «chevreuil». Il a pensé que le jugement de M. Johnson avait été affecté par une substance quelconque.
Brady Francis, de la nation d’Elsipogtog, a été victime d’un délit de fuite mortel le 24 février 2018. Mardi était le septième jour du procès de Maurice Johnson. Le caporal Nicolas Potvin, enquêteur aux crimes majeurs du détachement Codiac de la GRC, l’a interrogé pendant sept heures lors de son arrestation le 15 mars 2018.
En tant que témoin, M. Potvin a présenté à la cour l’enregistrement de l’interrogatoire de l’accusé.
Alors que Maurice Johnson a dit avoir pensé frapper un chevreuil, le caporal n’arrive toujours à comprendre pourquoi l’homme n’est pas débarqué de son véhicule pour y constater les dommages.
«J’ai pas de doute qu’en temps normal, t’aurais arrêté. Mais il y a quelque chose ce soir-là qui a fait que t’as pas acté normalement», lance le policier.
M. Johnson a répondu qu’il voulait parler à son avocat. Or, il avait parlé avec ce dernier, Gilles Lemieux, avant d’être interrogé.
Le caporal insiste: pourquoi l’accusé n’est-il pas descendu pour voir ce qu’il avait happé?
«Je vous ai posé la question. Est-ce que vous avez consommé de l’alcool, est-ce que vous avez consommé de la drogue?»
La question a été posée de plusieurs façons différentes, mais M. Johnson n’a pas changé sa réponse. Il dit ne pas avoir bu une goutte d’alcool le 24 février 2018.
«Il y a de quoi qui s’est passé qui affectait votre jugement», dit le caporal.
«C’est pas la boisson», se défend l’homme de Saint-Charles.
«C’est quoi d’abord si c’était pas la boisson», réagit le policier.
L’enquête à ce point-ci avance bien. Le casse-tête est en bonne voie d’être terminé, mais il manque une dizaine de morceaux. Seul Maurice Johnson peut fournir ces morceaux, affirme caporal Potvin.
Parmi ces pièces manquantes, le caporal se demande pourquoi M. Johnson n’arrive pas à identifier l’endroit exact où a eu lieu la collision avec ce qu’il a cru être un chevreuil.
Brady Francis a été happé sur le chemin Saint-Charles-Sud à 1,8 kilomètre de la résidence de Maurice Johnson.
«Vous prenez ce chemin-là tous les jours et c’est arrivé à 1,8 km de chez vous et vous n’êtes pas capable de me dire c’est où?»
«Vous ne savez pas où c’est arrivé parce que votre jugement était affecté», répète M. Potvin
M. Johnson ne souhaitait plus répondre à l’enquêteur. Ce dernier a demandé si le couple de Saint-Charles avait entendu les policiers passer à toute allure devant leur maison, entre 21h30 et 22h. L’accusé n’a pas entendu quoique ce soit, a-t-il répondu. Il avait souligné précédemment être allé se coucher à 23h.
Le caporal Potvin explique à l’homme que la famille de Brady Francis a besoin de savoir la vérité.
«L’erreur que vous avez faite en ce moment, c’est probablement la plus grosse erreur de votre vie.»
Le policier a tenté de faire craquer M. Johnson par plusieurs moyens. L’erreur qu’il a commise est réparable, lui dit-il. Il suffit de tout avouer à la GRC, poursuit le caporal.
«Je le sais Maurice que dans le fond de votre coeur, ça vous gruge par en dedans.»
«Vous avez des enfants et lui, c’était l’enfant de quelqu’un d’autre. Il parlait au téléphone avec sa mère quand il a été frappé.»
Maurice Johnson a affirmé pour la énième fois être resté sobre le 24 février 2018. Le procès se poursuit mercredi.