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COVID-19: La télémédecine décolle à vitesse grand V au Nouveau-Brunswick
Pleins gaz! La crise de la COVID-19 a accéléré la mise en oeuvre des soins virtuels à travers la province. Le monde de la santé s’est engagé en un éclair dans une modernisation à marche forcée, en généralisant l’usage des moyens de communication du 21e siècle.
Distanciation sociale oblige, les patients ont déserté les cabinets de médecins du jour au lendemain et les professionnels de la santé ont dû trouver d’autres façons d’exercer leur pratique en privilégiant le suivi à distance.
Les barrières administratives sont en train de tomber. Depuis la fin du mois de mars, le Ministère de la Santé autorise les médecins à réclamer au régime public d’assurance maladie le paiement d’une consultation par téléphone, ou par le biais de supports numériques sécurisés.
La province a inauguré une autre première en investissant dans la plateforme de télémédecine Zoom Santé. Dans une note adressée aux professionnels de la santé, le ministère précise que cette solution de soins virtuels a été approuvée à titre provisoire pour une période d’un an.
«Le gouvernement du Nouveau-Brunswick mené une enquête approfondie comprenant un examen de la confidentialité et un examen des risques de menace concernant la vie privée et la sécurité de Zoom pour les soins de santé et est à l’aise avec les mesures incluses dans la version de Zoom spécifique aux soins de santé pour protéger la confidentialité des utilisateurs», peut-on lire dans le document.
Le patient peut désormais se créer un compte et utiliser n’importe quel appareil, un ordinateur portable, une tablette ou un téléphone, pourvu qu’il y ait une caméra et un micro, pour parler à son médecin par écran interposé.
«De nos jours il est possible de prendre sa pression sanguine dans un gym, dans une pharmacie ou à la maison et d’enregistrer les données dans une application. Si le patient le fait de façon régulière, son médecin peut ensuite le conseiller à distance», illustre Dr. Chris Goodyear, le président de la Société médicale du Nouveau-Brunswick.
Selon les dernières données disponibles, la télémédecine ne représentait que 0,15% des services facturés au pays. Plusieurs obstacles freinaient sa mise en place jusqu’à présent.
«Avant la pandémie, le recours à la télémédecine était extrêmement limité. La plupart des médecins n’avaient pas de modèle à leur disposition et la province ne rémunérait pas les professionnels qui proposaient des soins à distance», mentionne Dr Goodyear.
Un virage de long-terme
Cette petite révolution est-elle partie pour s’inscrire dans la durée? Le chirurgien à l’Hôpital régional Dr Everett Chalmers de Fredericton en est convaincu. «Nous parlons de faire des changements depuis longtemps. Souvent cela prend beaucoup de temps et avance lentement, et il suffit d’événements malheureux comme une pandémie pour que les choses s’accélèrent.»
Mardi, le premier ministre Blaine Higgs d’ailleurs laissé entendre que son gouvernement poursuivrait dans cette voie. «J’espère que les médecins pourront continuer grâce à ce qu’ils ont appris. Il serait dommage de revenir en arrière, a-t-il souligné lors de son point de presse quotidien. Nous voyons beaucoup d’innovation dans la manière dont sont livrés les services. La télémédecine, c’est le futur.»
Évidemment, les consultations en personne sont là pour demeurer dans une majorité des cas. La consultation à distance ne remplace pas l’examen clinique et l’auscultation, elle a cependant l’avantage de faciliter l’accès aux soins dans certaines situations.
«Je ne crois pas qu’on arrivera au jour où toutes les interactions seront virtuelles, il est impossible d’évaluer une masse sur un sein par exemple, souligne le président de la Société médicale. Mais je crois que nous allons pouvoir utiliser davantage ces outils pour aider les patients incapables de se déplacer en raison des conditions routières l’hiver ou en raison de leur âge, tout particulièrement dans les régions rurales qui doivent parfois faire cinq heures de route pour voir un spécialiste.»
Dr Chris Goodyear reconnaît toutefois que si le corps médical a été obligé d’adopter la téléconsultation par la force des choses, tout le monde n’y trouve pas son compte. «C’est certain qu’il y a une période d’adaptation. La télémédecine convient mieux à certaines pratiques qu’à d’autres. Pour certains médecins cela prend plus de temps qu’une visite au bureau.» Les questions entourant le respect de la vie privée et la sécurité de ces plateformes devront également faire l’objet des discussions, ajoute-t-il.
La plateforme eVisitNB désormais gratuite
Lancé pendant l’hiver 2020, le site eVisitNB propose aux Néo-Brunswickois d’obtenir des consultations virtuelles avec des médecins de partout dans la province, par vidéo, par téléphone ou par messagerie. N’importe quel médecin autorisé à pratiquer au Nouveau-Brunswick peut s’y inscrire.
Les patients peuvent prendre rendez-vous pour des problèmes médicaux courants, des renouvellements d’ordonnance, des attestations de maladie, des troubles mentaux, des affections cutanées…
«Nous avons été très occupés depuis le lancement, indique Dr Jonathan Clayton, médecin de famille de Fredericton et co-concepteur de la plateforme. Ce service aide beaucoup les patients qui n’ont pas de médecins de famille ou ceux pour des raisons financières ou une question d’éloignement ne peuvent pas se rendre à leur rendez-vous.»
Actuellement, entre 25 et 30 professionnels proposent leurs services sur eVisitNB. «Ce sont des médecins de famille, des médecins qui travaillent à l’urgence et qui font des heures supplémentaires en dehors des heures de bureau ou pendant les fins de semaine. L’objectif est d’améliorer l’accès aux soins», explique Dr Clayton.
Jusqu’à présent, les patients devraient débourser entre 49$ et 125$, selon la durée du rendez-vous et le type de soins. Le service est désormais gratuit pour tout détenteur d’une carte d’assurance maladie du Nouveau-Brunswick.