En février, des membres du groupe Aide et soutien aux travailleuses et aux travailleurs des secteurs saisonniers avaient eu droit à deux journées de formation en compagnie de Pierre Céré (à droite), porte-parole du Conseil national des chômeurs et chômeuses. - Archives
Discours du Trône: révision du programme d’assurance-emploi en vue
Les attentes sont élevées pour le prochain discours du Trône, qui sera livré mercredi. Le gouvernement Trudeau doit notamment présenter sa vision du Canada pour l’après-pandémie. Parmi les mesures à prévoir figure une importante révision du programme d’assurance-emploi.
Le gouvernement fédéral a déjà confirmé qu’il passera à un régime d’assurance-emploi simplifié à compter du 27 septembre 2020 pour éventuellement remplacer la Prestation canadienne d’urgence, créée à la fin mars pour soutenir des millions de personnes au Canada ayant perdu leur emploi en raison de la pandémie de la COVID-19.
Pour résumer, le taux de chômage minimum a été fixé à 13,1% dans l’ensemble du pays. Puisque les prestations sont normalement calculées selon le taux de chômage des différentes régions, en uniformisant le taux, cela signifie qu’une personne travaillera moins d’heures pour être admissibles à des prestations. Si le taux d’une région économique du pays est plus élevé que 13,1%, le gouvernement fédéral tiendra compte de ce chiffre dans ses calculs. Par exemple, le taux dans la zone de Restigouche-Albert, qui couvre une bonne partie des régions rurales du nord du Nouveau-Brunswick, s’élève à 13,7%.
Par ailleurs, un minimum de seulement 120 heures de travail est nécessaire pour recevoir des prestations régulières pendant au moins 26 semaines. Le taux de prestation minimum s’élève à 400$ par semaine.
Pour le moment, on prévoit de laisser ces mesures en place pendant une année.
Elles sont bien accueillies par le Conseil national des chômeurs et chômeuses, un organisme basé à Montréal, mais qui réunit plusieurs organismes sous son aile, dont Aide et soutien aux travailleuses et travailleurs des secteurs saisonniers du Nouveau-Brunswick.
«C’est ce qu’on appelle des mesures de crise. On ne peut faire mieux, je pense. Par ailleurs, ils ont réfléchi à ces mesures comme s’ils réfléchissaient à un programme de revenu minimum garanti. Dans tous les cas, les prestations ne seront jamais inférieures à 400$ par semaine», dit Pierre Céré, porte-parole du CNC.
M. Céré rappelle le contexte qui a poussé le gouvernement Trudeau a lancé des programmes comme la PCU, qui a été touchée par plus de 7 millions de personnes.
«La crise économique a entraîné des taux de chômage que nous n’avons jamais vu de notre vivant. Il faut remonter à la crise économique des années 1930 pour retrouver une situation semblable. Le choc a été brutal. Normalement, le programme d’assurance-emploi aurait dû être en mesure de prendre en charge les demandes, mais le gouvernement n’a pas été capable de le faire. C’était un vieux programme lourd, pas à jour, très judiciarisé et compliqué.»
Plus de 7 millions de personnes ont reçu la PCU.
Pour M. Céré, une question persiste. Qu’arrivera-t-il à l’assurance-emploi au bout d’un an? Le gouvernement fédéral retournera-t-il à l’ancien modèle?
«On peut seulement applaudir ces mesures de crise, mais ça ne nous empêche pas de réfléchir. On peut marcher et mâcher notre gomme en même temps. Les mesures ont une durée de vie d’une année. J’ai entendu le premier ministre Trudeau parler d’une réforme de l’assurance-emploi et d’autres ministres ont évoqué cette idée de réforme et de modernisation. Est-ce qu’on va continuer dans cette bonne direction?»
Plusieurs songent à la suite. Par exemple, en juin, un comité du Sénat a plaidé en faveur de la mise en place du revenu de base garanti.
«Ces mesures concernant l’assurance-emploi ont déjà été rendues officielles, mais il faut réfléchir à l’après-crise et au filet social. Beaucoup ont invoqué le revenu minimum garanti, dont le Sénat. Il faut l’étudier.»
La nouvelle Prestation canadienne de maladie pour la relance économique doit aussi entrée en vigueur le 27 septembre. Elle sera offerte aux travailleurs n’étant pas en mesure de travailler parce qu’ils sont malades ou en isolation en raison de la COVID-19. Le montant s’élève à 1000$ pour une période de 2 semaines.