La plus récente tirade du premier ministre Blaine Higgs envers le système d’assurance-emploi a fait réagir un groupe qui milite pour le soutien des travailleurs saisonniers.

Le premier ministre Blaine Higgs a affirmé la semaine dernière que le système d’assurance-emploi est «brisé» puisqu’il est plus avantageux pour des travailleurs d’en profiter que de retourner au travail.

Selon lui, cela pose problème pour les entreprises qui peinent à trouver de la main-d’œuvre pour leurs usines.

Fernand Thibodeau, porte-parole du comité d’aide et de soutien aux travailleuses et travailleurs des secteurs saisonniers, accuse le premier ministre de s’en prendre aux travailleurs saisonniers alors que le problème se trouve ailleurs.

«Le problème au Nouveau-Brunswick n’est pas le manque de (vaillance) de la main-d’œuvre

mais plutôt les conditions de travail et le salaire (qui sont) désuets», écrit-il dans une lettre ouverte.

Il salue aussi les améliorations au filet social du gouvernement fédéral tout en critiquant le peu d’aide aux travailleurs fournie par le gouvernement provincial pendant la pandémie.

Blaine Higgs a abordé le sujet de l’assurance-emploi lors d’une mêlée de presse à Fredericton vendredi.

En répondant à une question sur la vaccination des travailleurs étrangers temporaires, il a aussi mentionné l’importance de «s’assurer que tous les gens qui sont en mesure de travailler dans cette province le fassent».

Il a donné l’exemple d’une usine de transformation de poisson qui a récemment été forcée de licencier «cinquante» employés dans la région de St. George.

D’après lui, les travailleurs se sont vu offrir un emploi similaire dans une usine voisine, mais seul un d’entre eux a accepté.

«C’est un problème. On amène des travailleurs étrangers temporaires ici, et nos propres gens retournent à la maison, sur l’assurance-emploi, parce qu’ils y sont admissibles. (…) C’est un problème constant pour les entreprises qui ne peuvent pas trouver de main-d’œuvre. Je trouve ça très triste.»

Le premier ministre a ajouté que ce programme ne serait probablement pas modifié à nouveau «dans une année électorale.»

L’usine en question appartient à l’entreprise MOWI Canada East. Elle a en réalité licencié 41 travailleurs, dont certains ont déjà été appelés à retourner au travail, confirme Jason Card, directeur des communications de l’entreprise, par courriel.

L’usine voisine dont il est question appartient à l’entreprise Cooke Aquaculture. Leur vice-président des relations publiques, Joel Richardson, n’a pas voulu fournir de commentaire à l’Acadie Nouvelle.

Dans un article de la CBC publié mardi, il confirme cependant qu’un seul travailleur a accepté l’offre d’emploi.

Une situation précaire

Bernard Thériault, ancien ministre provincial des Pêches et intervenant dans le domaine, estime pour sa part que le problème de la main-d’œuvre dans les usines de transformation de fruits de mer repose ailleurs.

Il affirme que les questions de salaire, de conditions de travail et d’une force de travail vieillissante sont davantage responsables du manque d’entrain pour cette vocation que le sont les programmes sociaux tels que l’assurance-emploi et la prestation canadienne d’urgence.

Bernard Thériault souligne que les augmentations de salaires dans les usines de fruits de mer sont pour la plupart demeurées maigres, et ce, même pendant la pandémie.

«Leur situation est tellement précaire qu’on ne peut pas les blâmer de prendre avantage de la PCU. Le perdant dans toute cette équation, c’est l’employé d’usine.»

L’industrie de la pêche est généralement un milieu lucratif, selon lui, mais il se questionne sur le fait qu’il ne semble pas «y avoir de place» pour la rémunération des travailleurs des usines dans cette équation.

Il estime que l’industrie en a beaucoup à faire pour assurer la rétention de ses travailleurs et la relève de sa main-d’œuvre.

«Je dirais que le problème de la main-d’oeuvre est davantage le vieillissement de la population, à ce stade-ci, qu’un problème d’incitatifs à aller travailler.»

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