La banque alimentaire de la FÉÉCUM a connu un fort achalandage depuis le début de la pandémie. À chaque semaine, la fédération étudiante prépare des dizaines de boîtes alimentaires qui seront distribuées aux membres de la communauté étudiante. - Acadie Nouvelle: Justin Dupuis
U de M: la pandémie pousse des étudiants «aux limites de la sécurité alimentaire»
De nombreux Néo-Brunswickois ont connu des temps difficiles en raison de la pandémie de COVID-19. Les étudiants n’ont pas échappé à la tendance, comme en témoigne l’importante augmentation de l’achalandage des services de la banque alimentaire à l’Université de Moncton.
L’an dernier, le service de banque alimentaire de la Fédération des étudiantes et des étudiants du Campus universitaire de Moncton (FÉÉCUM) a connu le plus fort achalandage de son histoire.
Depuis sa création lors de la rentrée de 2015, la banque alimentaire de la FÉÉCUM recevait moins d’une centaine de visites annuelles. L’an dernier, la demande pour le service a explosé avec plus 300 usagers ayant effectué plus de 1400 visites. L’augmentation de la demande pour ce service s’est fait sentir à cause de la COVID-19, explique Mathilde Thériault, présidente de la FÉÉCUM.
«Il y a quelques années, c’était un service plus ou moins informel. On aidait les étudiants lorsqu’il y avait une demande, dit Mme Thériault. C’est vraiment pendant la COVID-19 que nous avons vu un besoin criant pour la banque alimentaire.»
D’après la fédération, cette situation sans précédent a mené à la distribution de l’équivalent de plusieurs années de denrées en l’espace de quelques mois, nécessitant d’importants investissements. Ce sont surtout les aides d’urgence du fédéral pendant la pandémie qui ont permis à l’organisme de répondre à la demande accrue.
Des produits frais
Tout au long de l’année, les étudiants ayant eu recours à cette aide alimentaire ont pu compter sur la distribution de denrées de base et de produits frais. C’est notamment grâce à la collaboration de Jean-Philippe Olivier, gestionnaire des Services alimentaires de l’U de M, que la banque alimentaire a pu répondre aux besoins des étudiants en leur fournissant des aliments frais et nourrissants.
«On a essayé de faire quelque chose qui puisse quand même les nourrir correctement, explique M. Olivier, qui a réussi à négocier des tarifs préférentiels auprès des fournisseurs des Services alimentaires de l’U de M. L’alimentation, c’est le point central dans la vie d’une personne. C’était une manière de faire en sorte que les étudiants ne sentent pas qu’ils allaient manger des cannes tous les jours pendant six mois. C’est pour ça qu’il y a des produits frais comme des carottes, des patates, des oignons, des oranges et des pommes. Ils touchent de l’aliment, c’est réconfortant et je crois que c’est important pour leur moral.»
Situation compliquée
Selon des chiffres fournis par la FÉÉCUM, plus de 9 usagers sur 10 de la banque alimentaire en 2020-2021 étaient des étudiants internationaux, ce qui démontre qu’une majorité d’entre eux «se trouvait aux limites de la sécurité alimentaire.»
Pour Fatoumata Guindo, présidente de l’Association des étudiants et étudiantes internationaux du Centre universitaire de Moncton, ces chiffres s’expliquent notamment par la situation familiale de ces étudiants.
«Avec la COVID-19, il y a beaucoup de parents au pays qui ont perdu leur emploi. Il y a certaines personnes qui viennent de familles fortunées, mais pour la plupart, ils viennent de milieux avec moins de moyens, par exemple de familles qui font de l’entrepreneuriat et qui dépendent du commerce avec d’autres pays. Puisque tout a été fermé, ç’a été compliqué pour plusieurs de ces familles», explique Mme Guindo.
En raison de leur visa d’études, il n’est pas non plus évident pour les étudiants internationaux de se trouver un travail d’appoint lors de leur arrivée au Canada. Pour d’autres, originaires de pays francophones, la barrière de la langue devient aussi difficile lorsque vient le temps de se trouver un emploi.
La FÉÉCUM souligne également que les étudiants internationaux étaient inadmissibles à la plupart des prestations d’urgence offertes par le gouvernement fédéral au plus fort de la pandémie.
Même si la demande est moins importante cette année, il n’en demeure pas moins que depuis la rentrée 2021, une moyenne de 35 personnes ont utilisé à chaque semaine le service de banque alimentaire.
La FÉÉCUM n’envisage pas que la demande pour ce service revienne aux niveaux d’avant la pandémie et estime qu’elle recevra, au cours des prochaines années, entre 200-300 visites annuelles.