Le ministre des Finances, Ernie Steeves. - Archives
Le N.-B. déclare un surplus de 248,2 millions $ au deuxième trimestre
Les mesures de soutien du gouvernement fédéral combinées à la reprise économique rejaillissent à nouveau sur les finances de la province.
Alors qu’il prévoyait un déficit trimestriel 186 millions $ lors du dépôt du budget, le ministère des Finances a présenté mardi un excédent de 248,2 millions $ pour le deuxième trimestre de l’exercice 2021-2022.
Lors de sa mise à jour financière, le ministre des Finances et du conseil du Trésor, Ernie Steeves, a indiqué que son gouvernement prévoit désormais réaliser un surplus de 89,1 millions $ pour l’ensemble de l’exercice en cours, alors qu’un déficit de 244,8 millions $ était prévu au budget.
«Une grande partie de ça est basée sur des dépenses exceptionnelles du gouvernement fédéral, a-t-il décrit. Cela a donné un coup de fouet à l’économie parce les gens avaient de l’argent à dépenser qu’ils n’auraient pas eu normalement de la PCU.»
La reprise de l’activité économique s’est traduite par une augmentation importante des recettes, plus élevées de 487,2 millions $ qu’anticipées. Les rentrées d’impôt sur le revenu des particuliers se sont accrues de 178 millions $, les rentrées de taxe de vente harmonisée ont fait un bond de 84,6 millions $ et les rentrées d’impôt sur le revenu des sociétés ont augmenté de 71,5 millions $.
L’économiste Richard Saillant voit dans le surplus anticipé de 89,1 millions $ une estimation «bien plus réaliste» que celle présentée le mois dernier par le gouvernement, qui tablait alors sur un surplus de 38 millions $ pour l’année en cours.
«Sans l’énorme dépense liée à la capitulation de Higgs sur les salaires (des fonctionnaires), l’excédent aurait atteint près de 300 millions $», souligne-t-il.
Autre élément notable: les dépenses de différents ministères continuent à être plus faibles que les prévisions. Les dépenses du ministère du Développement social sont en deçà du budget de 15,5 millions $, un écart que le gouvernement explique principalement par la baisse du nombre de bénéficiaires de l’aide sociale, à la suite des programmes d’aide fédéraux. Le ministère de l’Éducation postsecondaire, Formation et Travail enregistre des dépenses inférieures au budget de 27,7 millions $, que la province explique par «une augmentation du financement fédéral aux étudiants et d’une diminution des frais d’intérêt».
Le ministère des Finances et du Conseil du Trésor estime que l’activité économique au Nouveau-Brunswick s’accroîtra de 3,7 % en 2021. En effet, les signaux économiques positifs sont légion: les mises en chantier au Nouveau-Brunswick ont fait un bond de 19,8% pour la période de janvier à septembre, les ventes au détail ont augmenté de 15,7% depuis le début de l’année, les exportations de marchandises se sont accrues de 51% comparativement à la période de janvier à août 2020.
Le marché du travail prend du mieux également: on compte 7200 emplois de plus et 2000 personnes de plus qui travaillent ou cherchent un emploi qu’il y a douze mois. Malgré ces circonstances favorables, le gouvernement Higgs n’entend pas dévier de son approche consistant à limiter au maximum les dépenses publiques.
«Nous ne pouvons pas compter sur les mesures temporaires liées à la COVID-19 qui influencent la croissance actuelle de nos revenus», argumente le ministre Steeves.
«Bien que les revenus soient encourageants, nous devons garder à l’esprit qu’une partie des économies qui ont créé nos surplus ne sont pas durables et que nous allons faire face à des coûts supplémentaires à l’avenir», ajoute-t-il, prenant en exemple les reports de chirurgies.
Selon les prévisions de son ministère, la dette nette devrait atteindre 13,4 milliards $, soit 63,2 millions $ de moins d’une année à l’autre.
Le député vert de Kent-Nord, Kevin Arseneau, estime que le gouvernement fait fausse route en choisissant l’austérité, jugeant qu’on n’a «jamais eu autant besoin d’investir dans le bien commun et dans nos services publics».
«Le gouvernement met en péril notre avenir pour un exercice comptable austère, niant l’existence de la crise climatique, de la pauvreté et le sous-financement de nos services publics», avance le politicien.
Rob McKee, porte-parole libéral en matière de finances, croit lui aussi que l’équipe au pouvoir devrait se servir de ces millions pour résoudre les situations de crise auxquelles la province est confrontée plutôt que de les mettre en banque.
«La santé, les soins de longue durée, le logement abordable, la santé mentale, ce sont tous des problèmes auxquels il faut s’attaquer. Ça va prendre de vrais investissements», plaide-t-il.
«Il faut une approche mesurée, il faut rembourser notre dette, mais aussi prendre soin des Néo-Brunswickois.»
Rob McKee met également en doute la fiabilité des chiffres présentés, notant que le gouvernement a systématiquement sous-évalué ses revenus au cours des dernières années.