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Les camionneurs craignent une autre perturbation de la chaîne d’approvisionnement
Déjà aux prises avec une pénurie de main-d’œuvre depuis plusieurs années, l’industrie du transport routier craint que la mise en place d’une nouvelle politique obligeant les camionneurs d’être doublement vaccinés pour traverser la frontière canado-américaine ait des conséquences importantes sur la chaîne d’approvisionnement.
À compter du 15 janvier, les camionneurs provenant des États-Unis vers le Canada devront être pleinement vaccinés contre la COVID-19. Des règlements similaires entreront en vigueur à la fin du mois pour les camionneurs traversant la frontière à partir du Canada en direction des États-Unis.
Jusqu’à maintenant, les camionneurs étaient considérés comme des travailleurs essentiels, donc exemptés de la vaccination obligatoire.
Le gouvernement canadien a aussi fait savoir en décembre qu’un mandat de vaccination obligatoire serait appliqué à tous les lieux de travail sous réglementation fédérale, ce qui comprend les camionneurs domestiques qui voyagent d’une province à une autre.
Loin d’être contre la vaccination, Jean-Marc Picard, directeur général de l’Association du camionnage des provinces de l’Atlantique, demande toutefois à Ottawa de faire preuve de flexibilité afin de trouver des solutions pouvant convenir à tous.
«On a eu des discussions avec des associations nationales et le fédéral pour tenter d’avoir des extensions afin de vacciner plus de monde. Parmi les solutions, on pense qu’il pourrait y avoir, par exemple, des cliniques près des douanes. Pour un chauffeur, ce n’est pas toujours évident de dire qu’il va prendre un rendez-vous pour tel jour. Ils sont toujours sur la route, donc c’est compliqué. On comprend le principe et on sait qu’il va falloir passer par là, mais on connaît déjà une pénurie de chauffeurs.»
Selon Jean-Marc Picard, la plupart des entreprises de camionnage ont déjà implanté des politiques de vaccination obligatoire pour les nouvelles embauches, mais la pénurie de camionneurs existe depuis plusieurs années, et la situation est maintenant critique, affirme Jean-Marc Picard.
«On ne sait pas combien de chauffeurs sont non vaccinés. On présume que les chiffres sont similaires aux taux dans la population en général, donc on estime qu’on pourrait perdre de 5 à 10% de nos chauffeurs à cause de ça, donc ça nous inquiète. On espère qu’on aura tort, mais s’il faut qu’on perde des camionneurs, il va y avoir un impact majeur sur la chaîne d’approvisionnement.»
Plusieurs facteurs sont à l’origine de la pénurie, dont le vieillissement de la main-d’œuvre. La pandémie a aussi poussé plusieurs personnes à prendre leur retraite ou à chercher du travail dans un autre domaine.
«La pandémie n’aide pas. Des gens qui sont proches de la retraite ont décidé de la prendre au lieu de continuer de travailler à cause de la pandémie. D’autres ont peut-être choisi de faire autre chose. Au début de la pandémie, ce n’était pas facile. Tout était fermé et tu ne savais même pas si tu serais capable de pogner un lunch sur la route.»
Pour accommoder les camionneurs non vaccinés, certaines entreprises leur offrent des trajets domestiques au Canada.
«Si l’entreprise peut le faire, elle va le faire, mais c’est comme on dit, on n’est pas en position de pouvoir engager quelqu’un de nouveau du jour au lendemain si quelqu’un part parce qu’ils ne sont pas contents.»