L’entreprise Oxford Frozen Foods . - Archives
Quarante familles du Maroc vont s’installer à Saint-Isidore
Alors que plusieurs entreprises peinent à recruter suffisamment de main-d’œuvre, une compagnie de la région de Saint-Isidore accueillera, dès février, une quarantaine de travailleurs originaires du Maroc. Leurs familles vont suivre plus tard dans l’année. Pour le maire Louis LeBouthillier, leur venue marque un tournant très important pour la Péninsule acadienne.
Pour le moment, les ouvriers marocains seront employés par Oxford Frozen Foods, qui détient d’importantes installations à Bois-Gagnon, tout près de Saint-Isidore. L’entreprise de la Nouvelle-Écosse affiche des emplois depuis plusieurs mois, mais elle peine à trouver la main-d’œuvre nécessaire pour fonctionner pleinement, dit Louis LeBouthillier.
«Ça fait un an qu’Oxford cherche des gens. Ils ont travaillé avec le gouvernement provincial pour trouver des gens pour une usine qui fait des rondelles d’oignons, mais sans succès. Il leur manquait 40 personnes pour fonctionner à pleine capacité.»
Le Maroc est un pays du nord de l’Afrique, qui a déjà été une colonie française. Une proportion élevée de la population du Maroc utilise toujours le français comme langue seconde dans la vie quotidienne. Autrement dit, il risque d’avoir moins de barrières linguistiques.
Les travailleurs arriveront en quatre cohortes de 10 personnes à compter de la mi-février. En arrivant, ils vont s’installer dans des logements temporaires fournis par leur employeur, en attendant que des logements permanents soient construits plus tard cette année un peu partout dans la communauté. Leurs familles doivent arriver à la fin août.
On ne sait pas encore exactement combien de personnes feront partie de ce groupe, mais on peut s’attendre que la population de Saint-Isidore et les environs grimpent d’au moins 200 personnes au cours de la prochaine année.
Selon les données, le ménage marocain compte en moyenne 4,43 personnes contre environ 2,9 personnes au Canada.
Par ailleurs, les statistiques sur le vieillissement au Nouveau-Brunswick sont frappantes. D’après le gouvernement, le nombre de personnes âgées de 55 ans et plus représentait, en 2020, 37,9% de la population.
«C’est une très bonne nouvelle pour Saint-Isidore et la Péninsule acadienne. On parle de croissance au lieu de décroissance. On a besoin de gens. Dans les 10 prochaines années, on va perdre beaucoup de monde. La population est vieillissante et le taux de natalité demeure bas. On n’a pas le choix de faire venir des nouveaux arrivants pour nous aider à continuer à développer et à maintenir nos services. Si on ne fait pas d’efforts pour trouver de la main-d’oeuvre, les entreprises vont faire quoi? Fermer?», dit Louis LeBouthillier.
Stratégie d’intégration
La communauté espère mettre toutes les chances de son côté pour réussir l’intégration des nouveaux arrivants. Aussitôt que les mesures gouvernementales le permetteront, une réunion d’information sera tenue à Saint-Isidore pour la population. Des partenaires comme le CAIENA-Péninsule acadienne, un organisme consacré à l’intégration des nouveaux arrivants, feront également partie du processus.
«On fait l’embauche d’une firme spécialisée, parce qu’il va falloir qu’on communique de façon transparente avec la population pour expliquer le contexte. Ce sont des gens sérieux qui viennent au Canada pour travailler. Tout a été fait par le gouvernement fédéral au niveau de la sécurité et ainsi de suite. Ils viennent au Canada parce qu’ils veulent améliorer leur vie. Ils ont des familles, des enfants. Ça fait au moins un an qu’Oxford essaie de trouver du monde, mais tous les moyens ont été épuisés.»
D’autres initiatives locales sont aussi à prévoir. On envisage, par exemple, de créer un programme de jumelage pour créer des liens entre les familles marocaines et acadiennes.
Un tournant important
L’arrivée des familles marocaines représente un tournant important pour la région dans son ensemble, croit Louis LeBouthillier. Dès septembre, il est prévu que les enfants soient inscrits à l’école La Relève de Saint-Isidore.
«Pour nous, c’est très important. Il y a une trentaine d’années, je me souviens, il y avait presque 300 élèves à Saint-Isidore. Aujourd’hui ils sont beaucoup moins nombreux (NDLR : Environ 140 élèves en 2021-2022), moins de la moitié.»
Des démarches seront aussi entreprises pour permettre aux conjoint(e)s des travailleurs immigrants de trouver des emplois dans la région. Oxford Frozen Foods est loin d’être la seule entreprise aux prises avec des défis de recrutement.
«À l’heure actuelle, il y a une demande de main-d’œuvre partout, dans pratiquement tous les secteurs. On sait tous que notre population est vieillissante. L’âge moyen est élevé. Saint-Isidore n’est pas tout seul là-dedans. J’entends dire que plusieurs entreprises de la Péninsule acadienne font des démarches semblables.»