Le ministre des Finances s’attend maintenant à terminer l’année financière (le 31 mars) avec un surplus de 487 millions $, alors qu’un déficit de 244,8 millions $ était prévu au budget. - Archives
Le gouvernement Higgs encaisse 832 millions $ de plus que prévu
Le gouvernement provincial a annoncé que ses revenus dépassent ses prévisions de l’ordre de 832 millions $. Son surplus de fin d’année a presque doublé, ce que le ministre des Finances attribue à un fort rebondissement de l’économie et à des transferts fédéraux.
Il s’attend maintenant à terminer l’année financière (le 31 mars) avec un surplus de 487 millions $, alors qu’un déficit de
244,8 millions $ était prévu au budget.
Le ministre Steeves affirme qu’une part de l’augmentation des revenus provient de versements non récurrents de la part du gouvernement fédéral.
Peter Kieley, un sous-ministre adjoint du ministère des Finances, affirme que ces revenus sont sans précédent au Nouveau-Brunswick. Il explique toutefois que le gouvernement n’a pas été informé d’une bonne partie de ces hausses de revenus avant la période de novembre à janvier, lorsqu’il a reçu les estimés fédéraux des revenus de la TVH et de l’impôt sur le revenu des sociétés.
«L’économie est assez active et les gens dépensent, donc les bassins de revenus sur lesquels nos paiements s’appuient ont été augmentés par le gouvernement fédéral.»
Ces sources de revenus étaient responsables pour environ 300 millions $ de l’augmentation des revenus du deuxième au troisième trimestre, selon lui.
Il affirme que le gouvernement a ajusté ses décisions en fonction de cette augmentation des revenus au cours de l’année financière, et ce, même s’il se retrouve avec un surplus de presque un demi-milliard de dollars.
Le ministre des Finances, Ernie Steeves, affirme toutefois que le gouvernement ne peut pas simplement dépenser ce surplus, puisqu’il l’a reçu «six semaines avant la fin de l’année fiscale». «Les décisions que nous prenons ne doivent pas être seulement pour cette année, mais pour les années à venir aussi.»
Les dépenses dépassent les prévisions budgétaires de 99,4 millions $, en partie à cause de la ratification de plusieurs conventions collectives. Le gouvernement a alors dû payer des années d’augmentations de salaires rétroactives.
«Entièrement prévisible»
L’économiste Richard Saillant estime que la justification du gouvernement provincial pour ce surplus ne tient pas la route.
Il affirme que le gouvernement sous-estime continuellement ses recettes, y compris à l’automne, lors des négociations avec le Syndicat canadien de la fonction publique.
Suite à cela, le gouvernement a affiché des revenus à la hausse, ce que l’économiste qualifie de «coïncidence étrange».
Richard Saillant croit qu’il était clair bien avant cela que les revenus du gouvernement allaient grimper, et il estime qu’il était «loufoque» de penser que ces revenus allaient stagner, comme le prévoyait le gouvernement dans son dernier budget.
«Tout cela était entièrement prévisible. (…) Tout économiste le moindrement allumé aurait regardé la croissance prévue du PIB nominal et aurait vu que les recettes autonomes du gouvernement allaient exploser.»
L’inflation laissait aussi présager une augmentation des recettes, selon lui.
«Si on présume que le gouvernement a agi de bonne foi, ce n’est pas normal qu’il arrive avec des erreurs de prévision si grandes. Il faut revoir nos pratiques en termes de prévision budgétaire si ça génère des erreurs qui sont si aberrantes, c’est hors du commun.»
Un surplus «inacceptable», selon l’opposition
Le député Rob McKee estime que le gouvernement présente un surplus qui est «inacceptable».
Il dit que le gouvernement a la responsabilité d’utiliser ces fonds pour venir en aide à la population, notamment en ce qui a trait à la crise des loyers et à l’accès aux soins de santé et aux soins de longue durée.
«Présentement, beaucoup de gens sont en difficulté, et le gouvernement doit être là pour les aider à s’en sortir. Il a la capacité fiscale de le faire maintenant», dit-il.
Le député libéral affirme lui aussi que l’écart entre les prévisions budgétaires du gouvernement et ses mises à jour financières n’inspirent pas confiance.
«C’est très fatigant, à chaque trimestre, de voir le ministre des Finances nous donner une mise à jour et (de voir) que les prévisions sont complètement erronées.»
Des investissements ciblés
L’économiste Pierre-Marcel Desjardins estime que le gouvernement pourrait investir ce surplus de façon stratégique pour stimuler l’économie, mais qu’il semble déterminé à équilibrer le budget et à réduire le déficit.
Il craint que le N.-B. ne se retrouve «en queue de peloton» en termes de performance économique par rapport aux autres provinces.
«Le gouvernement provincial pourra se féliciter d’avoir engrangé des surplus, mais d’avoir fait en sorte que l’économie de la province sera l’une des moins performantes au pays. Si eux sont fiers de cela, moi je ne le suis pas.»
L’économiste affirme que le secteur culturel et la restauration ont connu des difficultés «énormes» pendant la pandémie, et que ces industries bénéficieraient de programmes de relance adaptés à leur réalité.
«Malgré le surplus, le gouvernement n’a pas les moyens d’envoyer des chèques de 10 000$ à tout le monde. On doit cibler, et c’est pour ça que ce sont les éléments que je souligne.»
Il croit aussi que le gouvernement devrait investir pour assurer l’accès à internet en région rurale.