Inspiré par la disparition de la jeune Madison Roy-Boudreau, un groupe de citoyens du Nouveau-Brunswick s’organise et entend faire pression sur le gouvernement fédéral afin que celui-ci durcisse le ton à l’endroit des auteurs de crimes commis contre des enfants.

Également inspiré par les démêlés judiciaires de Steven Laurette pour des affaires à caractère sexuel impliquant des mineures, le groupe est mené par Carlo Cayouette, un résident de Campbellton fort actif sur les réseaux sociaux depuis la disparition de l’adolescente de Bathurst.

Ce dernier administre et anime régulièrement depuis quelques mois la page Facebook du groupe Madison R.I.P. Justice will be served.

«Notre but premier est de s’assurer que les pédophiles et les tueurs d’enfants reçoivent des sentences plus longues, en fait qu’ils ne puissent plus sortir de prison», a affirmé l’instigateur du groupe de pression.

«On veut également avoir accès au Registre national des délinquants sexuels, comme cela est possible aux États-Unis», a ajouté Carlo Cayouette en entrevue avec l’Acadie Nouvelle.

Le répertoire national des délinquants reconnus coupables d’une infraction sexuelle désignée, qui est administré par la GRC, est uniquement accessible aux corps policiers dans le cadre de leur travail.

«Nous n’avons pas pu sauver Madison Roy-Boudreau, mais si ça permet de sauver d’autres enfants…», a souligné le porte-parole de l’initiative citoyenne.

Afin d’y parvenir, Carlo Cayouette dit souhaiter l’implantation dans les écoles d’activités de prévention visant à donner des outils aux jeunes afin qu’ils évitent d’être victimes d’un quelconque acte criminel.

Ce dernier a déjà eu l’occasion de s’entretenir avec le député provincial Gilles LePage, qui représente la circonscription de Restigouche-Ouest à l’Assemblée législative.

Qualifiant le tout de «belle initiative», l’élu a indiqué au groupe que l’aide d’un avocat pourrait être utile s’il y a désir de modifier les lois fédérales actuellement en vigueur ou de déposer un nouveau projet de loi.

«Mon implication s’arrête là pour l’instant, à moins que le groupe veuille s’attaquer aux lois provinciales», a raconté le député libéral, insistant sur le fait que le Code criminel est de compétence fédérale.

Carlo Cayouette dit être actuellement à la recherche d’un avocat qui pourrait épauler son groupe dans ses multiples démarches.

«J’ai l’appui de la communauté, déjà là c’est beaucoup…»

L’instigateur du groupe entend aussi profiter des précieux conseils de l’Association des familles de personnes assassinées ou disparues (AFPAD).

Fondé en 2005, l’organisme québécois est né de l’initiative de quatre pères fondateurs ayant tous perdu leurs filles, dont le sénateur Pierre-Hugues Boisvenu.

Sa mission principale est de briser l’isolement vécu par les familles des victimes en proposant des ressources et des outils variés et de promouvoir l’adoption d’une Charte des droits des victimes afin que victimes et criminels soient véritablement égaux devant la justice.

Au fil des années, l’AFPAD est souvent monté aux barricades lors de la perpétration de crimes violents impliquant femmes et enfants et lors de décision judiciaire favorable à son avis aux criminels.

Questionné au sujet de l’initiative citoyenne, le spécialiste en criminologie et en justice criminelle Hesam Seyyed Esfahani a mis en lumière le fait que le Code criminel prévoit des peines plus sévères lorsque la victime d’un crime est une personne d’âge mineur.

À titre d’exemple, quiconque commet une agression sexuelle est coupable d’un acte criminel passible d’un emprisonnement maximal de dix ans ou, si le plaignant est âgé de moins de seize ans, d’un emprisonnement maximal de quatorze ans.

«Il faut d’abord penser à des mesures de prévention afin d’empêcher que des événements comme celui impliquant Madison Roy-Boudreau puissent se produire. Je ne crois pas que la solution passe forcément par le fait de durcir les peines imposées, il y a déjà un tel durcissement des peines à l’endroit des criminels», estime le professeur du département de sociologie et de criminologie de l’Université de Moncton.

Carlo Cayouette est bien conscient que son groupe se lance dans une aventure qui s’annonce longue et parfois ardue.

Les exemples de modifications au Code criminel à la suite de pressions de citoyens se sont faits plutôt rares dans l’histoire de l’appareil judiciaire canadien.

«Le Code criminel se doit toutefois de refléter les préoccupations des citoyens», affirme Hesam Seyyed Esfahani.

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