L'Hôpital et Centre de santé communautaire de Lamèque. - Acadie Nouvelle: David Caron
Le manque de ressources pose des défis importants aux hôpitaux du N.-B.
Mis en évidence par la pandémie, le manque de ressources pose des défis aux hôpitaux et aux centres de santé du Nouveau-Brunswick. Selon la Dre France Desrosiers, PDG du Réseau de santé Vitalité, l’adaptation est essentielle pour les établissements qui souhaitent continuer de livrer des services à la population à long terme.
Récemment, le Réseau Vitalité a annoncé la fermeture temporaire de la clinique sur rendez-vous du Centre de santé communautaire Saint-Joseph, à Dalhousie, en raison d’un manque de personnel. Une cinquantaine de personnes ont manifesté le week-end dernier pour exiger sa réouverture.
Au cours des derniers mois, le Réseau Vitalité s’est aussi vu obligé de demander à la population de temporairement réduire le nombre de visites dans les salles d’urgence de certains hôpitaux pour des motifs similaires. Cela a notamment été le cas à la fin décembre.
Dans le cas des salles d’urgence, l’important est de préserver les services 24 heures dans chaque région. Cependant, pour y arriver, d’importantes discussions doivent avoir lieu dans les communautés.
«Ma vision par rapport aux salles d’urgence, c’est de les préserver pour les urgences», a déclaré la Dre Desrosiers lors d’une récente rencontre avec l’Acadie Nouvelle.
Le manque de personnel, amplifié par la pandémie, a obligé Vitalité à trouver de nouveaux moyens de livrer les services d’urgence.
Par exemple, pour préserver les effectifs, l’accent a été mis sur les patients de niveaux 1 ou 2 (les cas les plus urgents). Les patients de niveaux 4 et 5 (les cas les moins urgents) ont été priés, dans la mesure du possible, de faire le suivi le lendemain ou en communauté.
«Quand nous avions des défis en ressources médicales ou en soins infirmiers, on a détourné les patients qui pouvaient l’être pour assurer le service de 24 heures. Il y a des médecins qui ont accepté de faire des heures prolongées et de demeurer à l’hôpital, mais seulement pour les grandes urgences.»
«Maintenant, est-ce qu’on a besoin de toutes ces salles à travers le réseau? Oui, mais pas toujours pour les mêmes raisons. C’est là où il faut avoir des discussions avec nos communautés. Si je prends l’exemple de l’Hôpital Stella-Maris-de-Kent, il y a un grand nombre de patients de niveaux 4 et 5 qui y vont chaque jour. On ne peut pas fermer cette salle d’urgence, mais ils sont très peu à y aller le soir et la nuit et comme on le sait, les cas de niveaux 4 ou 5 peuvent attendre le lendemain. Cela dit, il y a clairement le besoin d’un arrêt d’ambulance.»
L’exemple de Lamèque
La Dre Desrosiers tient notamment l’exemple de Lamèque en haute estime. Au début des années 2000, un comité de 12 citoyens des régions d’Inkerman à Miscou a mené des démarches pour créer un centre de santé communautaire à l’intérieur des murs de l’Hôpital de Lamèque, dont l’édifice actuel a ouvert ses portes en 1963. L’objectif était de miser sur la promotion de la santé, la prévention des maladies et la gestion des maladies chroniques.
«Lamèque a été avant-gardiste dans ce sens. Elle a fait le choix d’avoir la conversation avant qu’elle soit imposée. Les gens ont regardé l’état de santé de la population et ils se sont demandés, quels types de professionnels avons-nous besoin? Quels types de services avons-nous besoin pour faire une différence sur la santé de la population?»
«Ça fonctionne depuis plus d’une quinzaine d’années et ils ont de bons résultats avec cette approche. Les communautés qui vont saisir l’importance de baser les choix sur les vrais besoins de leur population et de faire les choix intelligents autour de ça sont celles qui vont créer les milieux de travail les plus attirants.»
Les discussions concernant les soins de santé dans les communautés sont rarement faciles. Elles peuvent d’ailleurs être à l’origine de crises politiques dans la province. C’est lorsque la province a annoncé en 2004 son intention de transformer l’Hôpital de Caraquet en centre de santé communautaire sans urgence, sans lit et sans chirurgie que plus de 2000 personnes ont manifesté en faveur du maintien des services.
La menace de fermer partiellement les urgences de six hôpitaux en milieu rural est aussi ce qui a poussé Robert Gauvin, alors vice-premier ministre du Nouveau-Brunswick au sein du gouvernement de Blaine Higgs, à devenir député indépendant.
«Est-ce que ces conversations sont impossibles. Je suis une éternelle optimiste. On l’a déjà fait avant avec de bons résultats. Les communautés qui vont le comprendre le plus rapidement, sont celles qui seront gagnantes, dans le sens où elles seront en mesure de mieux recruter et d’avoir de meilleurs résultats.»