La cheffe du conseil de bande de la Première nation d'Eel River Bar, Sacha Labillois. - Acadie Nouvelle: Jean-François Boisvert
Toponymie offensante: les changements ne sont pas simples à réaliser
Les noms de certaines communautés au N.-B. contiennent des mots dénigrant les femmes autochtones, tel que le DSL de «Squaw Cap» dans le Restigouche. Le gouvernement évalue la possibilité de modifier ces noms depuis des mois, mais la ministre Tammy Scott-Wallace affirme que le processus est complexe.
Sacha Labillois, cheffe de la Première Nation d’Ugpi’Ganjig (Eel River Bar), affirme que le changement aurait déjà dû être fait il y a bien longtemps.
«Il y a un DSL près d’ici qui se nomme Squaw Cap, dont on avait avisé (la province) il y a un bon bout de temps. C’est un mot péjoratif envers les femmes autochtones, c’est très insultant envers les autochtones et surtout les femmes autochtones.»
Il y a sept autres endroits au Nouveau-Brunswick dont le nom contient ce mot péjoratif.
Le ministère du Tourisme, du Patrimoine et de la Culture du N.-B. travaille depuis l’an dernier à mettre sur pied un processus qui permettrait de modifier ces noms.
Mme Labillois affirme que cela pourrait aussi permettre à d’autres communautés de retrouver leur nom d’origine à la place de leur nom français ou anglais.
L’an dernier, les chefs de la Première Nation Wolastoqey ont demandé à la province de renommer le fleuve Saint-Jean en lui redonnant le nom de fleuve Wolastoq.
Mais ces changements sont toujours en suspens.
La députée de Caraquet, Isabelle Thériault, a pressé la ministre du Tourisme, du Patrimoine et de la Culture, Tammy Scott-Wallace, de lui fournir une mise à jour sur ce DSL du Restigouche lors d’une réunion du comité permanent des prévisions et de la politique budgétaires à l’Assemblée législative, jeudi.
«C’est tellement dénigrant, les citoyens demandent que ça bouge. Est-ce qu’il y a quelque chose qui est fait? Au niveau culturel, c’est abominable d’avoir un nom comme ça au Nouveau-Brunswick, il faudrait que ce soit changé le plus vite possible. Est-ce que ça avance?»
La ministre Tammy Scott-Wallace a répondu que le nom du DSL et de plusieurs autres endroits au N.-B. sont «absolument dénigrants», mais que le processus visant à modifier ces noms est compliqué, sans donner de détails sur ce qui alourdit la procédure.
«Je sais que ça peut sembler très simple de changer le nom d’un endroit, surtout si c’est un nom qui nous offense tellement. Mais nous avons eu beaucoup de consultations impliquant les Premières Nations, parce que nous sommes tous offensés par ce nom, mais ça a vraiment un impact sur eux.»
Elle a ajouté qu’elle aurait aimé que ce processus soit déjà complété, et qu’elle s’engage à ce qu’il soit fait «au plus vite».
«Nous sommes dans les dernières étapes de certaines conversations que nous devons avoir.»
La cheffe Sacha Labillois affirme toutefois que s’il y a eu des consultations, elle n’en a pas été avisée.
«Évidemment, on aimerait être consultés. (…) Si c’est question de consultation, je n’ai pas été inclue là-dedans, mais je serais ouverte à cela.»