Énergie NB a recours à l'utilisation d'herbicides sous certaines de ses lignes de distribution afin de contrôler la croissance de la végétation.- Archives
Énergie NB n’a pas reçu de directive pour réduire son utilisation du glyphosate
Malgré une recommandation au gouvernement pour qu’Énergie NB cesse dès cette année d’utiliser des herbicides pour contrôler la végétation sous ses lignes électriques, la société d’État prévoit aller de l’avant et pulvériser quelque 1000 hectares cet été.
En novembre dernier, le Comité permanent des changements climatiques et de l’intendance de l’environnement a formulé une vingtaine de recommandations par rapport à l’utilisation des herbicides à base de glyphosate dans la province.
Ce comité multipartite de l’Assemblée législative proposait notamment que la société d’État Énergie NB commence dès maintenant à éliminer progressivement l’épandage de pesticides sous ses lignes de transport d’électricité. Cette recommandation ne sera pas suivie. Du moins pas cette année.
Selon le porte-parole de l’entreprise, Marc Belliveau, Énergie NB prévoit utiliser cette méthode une fois de plus cet été afin de contrôler la végétation, et ce, sur une superficie d’environ 900 à 1000 hectares. Il s’agit sensiblement de la même superficie que l’année dernière. Les zones touchées seront annoncées d’ici la fin du mois.
Du même coup, M. Belliveau indique qu’Énergie NB n’a reçu aucune consigne restrictive du gouvernement concernant son programme d’épandage d’herbicides.
«C’est l’Assemblée législative qui doit trancher la question, quelles recommandations du rapport elle entend appliquer. Étant une corporation appartenant à l’État, si le gouvernement nous oblige à changer nos pratiques, on va prendre les dispositions en conséquence. Mais on attend toujours cette directive, on n’a rien reçu jusqu’à présent nous demandant de changer notre approche quant à l’utilisation d’herbicides», souligne-t-il, confirmant au passage qu’en l’absence d’un changement de ligne directrice, le programme se poursuit.
Celui-ci tient par ailleurs à préciser qu’Énergie NB suit scrupuleusement les règles établies par rapport à l’épandage d’herbicides.
Avare de commentaires
Outre sa recommandation touchant Énergie NB, le comité a également suggéré que les zones où l’épandage devrait être proscrit doublent près des habitations (de 500 mètres à un kilomètre) et qu’elles soient établies à 100 mètres des zones naturelles protégées, cours d’eau et terres humides.
On prônait également le déclenchement d’ici un an après le dépôt du rapport d’une vaste étude coûts-avantages afin de comparer l’utilisation et la non-utilisation d’herbicides dans la gestion des plantations d’arbres au Nouveau-Brunswick, et que l’on surveille plus attentivement les impacts de l’épandage sur le gibier sauvage ainsi que la flore (prélèvements d’eau et de sédiments sur une base régulière).
Qu’en est-il de ces suggestions? Dans le fait, six mois après le dépôt du rapport, on soutient ne toujours pas avoir terminé son processus de révision.
«Le gouvernement est toujours en train d’examiner les recommandations», confirme une porte-parole du ministère des Ressources naturelles, Vicky Lutes.
Le programme d’épandage d’herbicides se poursuivra ainsi cette année. Des demandes de permis ont d’ailleurs déjà été soumises au ministère pour approbation.
Trop lent
Lors du dépôt du rapport, la porte-parole du groupe environnemental Stop Spraying New Brunswick, Caroline Lubbe-D’Arcy, s’était montrée plutôt tiède. Elle espérait des mesures beaucoup plus musclées, voire même l’arrêt complet de l’épandage.
Six mois plus tard, elle se désole de voir la lenteur du gouvernement à répondre aux recommandations du comité, surtout que les travaux du comité avaient déjà été retardés par la pandémie de COVID-19.
«Certaines recommandations auraient pu être mises de l’avant dès cette année. Là, on se retrouve en mai et rien n’est fait. Énergie NB va de l’avant avec son programme d’arrosage et le gouvernement provincial va bientôt octroyer des permis aux compagnies forestières. Bref, rien n’a bougé, la forêt du Nouveau-Brunswick vient de perdre une autre année», estime-t-elle.
Selon la militante écologiste, cette lenteur confirme le manque de volonté politique à s’attaquer à cet enjeu.
«Pourtant, la population a parlé haut et fort et le gouvernement persiste à faire la sourde oreille. Elle ne veut plus de cette pratique dans la forêt publique. À un moment donné, je crois qu’un gouvernement se doit de faire ce que la population réclame. D’autres juridictions au pays l’ont fait», pointe-t-elle.
Celle-ci ajoute que la publication d’une récente étude démontrant la dégradation de la forêt acadienne et de la grande diminution de certaines espèces d’oiseaux devrait pourtant soulever un drapeau rouge par rapport à l’utilisation d’herbicides ainsi que les pratiques forestières au Nouveau-Brunswick.
«C’est très préoccupant, et l’attitude nonchalante du gouvernement dans ce dossier est déconcertante», ajoute Mme Lubbe-D’Arcy