Le député libéral Robert McKee. - Archives
«On a besoin d’un poste indépendant entièrement consacré à la santé mentale»
Des voix s’élèvent afin de demander au gouvernement de respecter son engagement de 2019 et de créer un poste de défenseur en santé mentale.
La ministre de la Santé, Dorothy Shephard, a indiqué cette semaine que le bureau de l’Ombud et du commissaire à l’intégrité pourrait aussi bientôt avoir la responsabilité de défenseur en santé mentale.
D’après Paul Ouellette, un citoyen de Moncton qui milite pour les droits des personnes avec des problèmes de santé mentale, le gouvernement fait fausse route en confiant ces responsabilités à l’Ombud.
«C’est un pas de l’avant, il faut reconnaître ce qu’il y a de positif, mais j’ai quand même une grande crainte que les dossiers en santé mentale n’aient pas l’attention qu’ils méritent si le rôle de défenseur en santé mentale s’ajoute aux responsabilités du bureau de l’Ombud», dit-il.
Rob McKee, député libéral de la circonscription de Moncton-Centre, partage les inquiétudes de M. Ouellette.
«Je suis déçu de la décision. On a besoin d’un poste indépendant entièrement consacré à la santé mentale. Le bureau de l’Ombud est déjà débordé et je suis d’accord avec M. Ouellette, ce dossier ne recevra pas l’attention qu’il mérite. C’est un enjeu trop important pour la province, il y a trop de gens qui souffrent en silence et qui ne sont pas capables de plaider leur cause. C’est la raison pour laquelle on demande la création de ce poste depuis deux ans, et ce, afin que le défenseur puisse être la voix de ceux qui n’en ont pas.»
Peu de progrès depuis deux ans
En novembre 2019, l’Assemblée législative a adopté une motion visant à créer en santé mentale.
«La création du poste a été votée unanimement en novembre 2019, mais ce n’était pas pour mettre ça dans le mandat du bureau de l’Ombud, se désole Paul Ouellette. J’aimerais qu’ils changent d’idée et qu’ils aillent de l’avant et créent un nouveau poste de défenseur, comme prévu par la motion d’il y a deux ans.»
Invité à expliquer pourquoi le gouvernement souhaite confier ce mandat au bureau de l’Ombud plutôt que de créer un poste de défenseur distinct, le ministère de la Santé n’a pas donné suite aux questions du journal.
Pour Rob McKee, la décision de confier le rôle de défenseur au bureau de l’Ombud s’explique par le fait que le gouvernement Higgs se méfie des hauts fonctionnaires indépendants de l’Assemblée législative.
«Je crois qu’ils préfèrent ne pas avoir davantage de hauts fonctionnaires capables de préparer des rapports, émettre des recommandations et faire pression sur le gouvernement, avance-t-il. On ne devrait pas en avoir peur, ils peuvent plaider pour les gens et apporter des recommandations constructives. Les élus ne sont pas des experts dans tous les domaines et les défenseurs ont plus de temps à consacrer à divers enjeux que les députés.»
Mardi, Dorothy Shephard n’a pas fourni d’échéancier à savoir quand ces nouvelles responsabilités seraient confiées à l’Ombud. Elle a toutefois promis que son bureau disposera des ressources nécessaires afin de s’acquitter de ses nouvelles tâches.
L’opposition libérale promet de faire pression sur le gouvernement afin qu’il accepte de créer un poste indépendant de défenseur en santé mentale.
Si Mme Shephard maintient le cap, M. McKee compte s’assurer que les nouvelles responsabilités de l’Ombud soient officialisées «dans les plus brefs délais et que le financement suive afin d’avoir les ressources nécessaires afin d’effectuer le travail exigé par ce nouveau mandat.»