La ministre des Transports et de l’Infrastructure, Jill Green - Archives
Le gouvernement Higgs enterre l’idée d’une fusion des aéroports
La possibilité de fermer ou de regrouper certains des aéroports néo-brunswickois est définitivement écartée par le gouvernement provincial.
La question de l’avenir des infrastructures aéroportuaires avait été soulevée lors du discours du Trône de novembre 2020. Le premier ministre y affirmait qu’il est temps de «s’interroger sérieusement» à propos du fait que l’aéroport d’Halifax enregistre chaque année un achalandage trois fois plus élevé que celui des aéroports de Moncton, de Fredericton et de Saint-Jean réunis.
«Pouvons-nous faire mieux et pouvons-nous concentrer nos efforts?», questionnait Blaine Higgs.
Une étude a depuis été menée par un cabinet d’experts-conseils et une consultation impliquant notamment les compagnies aériennes, les aéroports, l’Agence de promotion économique du Canada atlantique, les transporteurs de fret, ou les municipalités. Il en résulte une stratégie provinciale pour le secteur aérien d’une quinzaine de pages dont les grandes lignes ont été présentées jeudi par la ministre des Transports et de l’Infrastructure, Jill Green.
Principal enseignement: la construction d’un nouvel aéroport centralisé n’est pas jugée souhaitable en raison de l’importance des investissements nécessaires, de l’incertitude commerciale et des risques associés.
«Cet examen a été lancé en passant la question de savoir si notre infrastructure actuelle offre les meilleures solutions aux Néo-Brunswickois. En commençant, je pensais qu’un seul aéroport était la solution, mais toutes les données qui ont été collectées auprès des aéroports existants au sujet du financement, des routes ou de leurs projets ne l’appuyaient pas», explique la ministre Green.
«Il n’y a pas de recommandation en faveur d’une fermeture d’aéroport à Bathurst, Fredericton, Moncton et Saint-Jean et il n’y a pas d’élément démontrant qu’un aéroport central devrait être bâti au Nouveau-Brunswick.»
Son gouvernement prend pour principale mesure l’octroi de quatre millions $ sur quatre ans à un Fonds de développement du service aérien. Ce financement servira à soutenir pour des incitatifs la création de nouvelles lignes aériennes.
«Une étude indépendante a démontré que les services aériens sans escale vers l’Ouest canadien et le nord-est des États-Unis sont des marchés de services aériens appropriés qui pourraient améliorer la connectivité pour les résidents du Nouveau-Brunswick, attirer des visiteurs, et générer le plus grand impact économique pour la province», peut-on lire dans la stratégie à ce sujet.
La ministre Green annonce aussi la création d’un comité réunissant la direction des aéroports de Bathurst, Moncton, Saint-Jean et Fredericton, Opportunité Nouveau-Brunswick et la Société de développement régional, pour renforcer la collaboration en matière de développement des services aériens.
«Ils seront amenés à travailler ensemble au moment d’établir une nouvelle route aérienne», souligne-t-elle. «Nous attendrons leurs recommandations avant de distribuer des fonds.»
«Ça manque d’ambition»
René Legacy, député libéral de Bathurst-Ouest-Beresford et ancien président de l’Autorité aéroportuaire du nord du Nouveau-Brunswick, espérait davantage de cet exercice.
«Ce n’est pas ce qui nous avait été promis, ça manque énormément d’ambition», lance-t-il. «Où est l’analyse? Où sont les argumentaires? Si un consultant s’est entretenu avec toutes sortes d’intervenants, quelles opportunités ont été identifiées? On ne voit pas dans cette stratégie ce qu’on peut faire de novateur comme province.»
L’élu déplore que le développement des aéroports du nord de la province ne soit pas véritablement abordé et juge l’engagement financier du gouvernement insuffisant.
«Pour cette industrie, un million par année ce n’est vraiment pas beaucoup. Nous partons d’une stratégie très légère et nous sommes en retard sur les autres provinces. En 2018, la Nouvelle-Écosse avait mis 18 millions $ sur la table», rappelle-t-il.