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Des hausses brutales de loyer aussitôt le plafonnement de 2022 terminé?
Des voix s’élèvent afin de demander au gouvernement Higgs de prolonger le plafonnement des loyers de 3,8% mis en place en 2022.
En raison de la grogne populaire suscitée par la crise du logement et l’explosion des loyers au Nouveau-Brunswick, le gouvernement de Blaine Higgs a finalement accepté de changer son fusil d’épaule en annonçant en mars que les augmentations de loyers seraient plafonnées, de manière rétroactive, à 3,8% pour l’année 2022.
Plusieurs craignent toutefois que le plafond ait finalement peu d’impact puisque rien n’empêchera les propriétaires d’exiger des augmentations plus importantes en 2023 afin de compenser le manque à gagner de l’année précédente.
C’est notamment le cas de la Coalition pour les droits des locataires du Nouveau-Brunswick, qui prédit que les histoires d’augmentation importantes vont se multiplier au cours des prochains jours puisque les propriétaires avaient jusqu’au mois de juillet pour envoyer leurs avis.
«On n’a pas encore eu d’échos qu’il y a eu d’importantes augmentations, mais on n’est que le 2 août. On s’attend que ce sera le cas», lance Matthew Hayes, porte-parole de la Coalition.
Bien qu’il soit impossible d’en dégager une tendance, l’Acadie Nouvelle a déjà eu vent d’une citoyenne de Moncton ayant reçu un avis de son propriétaire, Ground Floor Property Management, indiquant que son loyer sera majoré de 200$ par mois à compter de janvier, une augmentation de 17%.
L’entreprise n’a pas donné suite à la demande d’interview de l’Acadie Nouvelle.
Un plafond temporaire ou permanent?
Afin d’éviter que les augmentations abusives ne se multiplient, M. Hayes demande au gouvernement provincial d’ annoncer immédiatement un plafond permanent sur l’augmentation de loyer.
Les pressions inflationnistes et la hausse des taux d’intérêt vont empirer la situation, craint-il.
«Si le prix des maisons ne chute pas, il y a encore beaucoup de gens qui ne pourront pas se permettre d’acheter et ils vont être obligés de louer, ce qui fait que la demande va rester haute et encore pousser les prix à la hausse», ajoute M. Hayes.
Bien qu’il dit lui craindre que les avis d’augmentation dépassent le seuil autorisé par la province en 2022, le chef par intérim du Parti libéral, Roger Melanson, demande que le plafond soit prolongé de manière temporaire.
«Le privé n’a pas la responsabilité d’offrir du logement abordable. C’est un système capitaliste, donc pour les propriétaires, c’est sûr qu’il faut que ce soit à l’intérieur des conditions du marché. Le logement abordable, c’est la responsabilité sociale d’un gouvernement», dit M. Melanson.
D’après l’opposition, un plafond sur les loyers sera justifiable tant et aussi longtemps que le gouvernement ne procède pas à des investissements importants en logement abordable. Puisque les difficultés afin de se loger ne sont plus qu’une affaire des personnes à faible revenu, M. Melanson est aussi d’avis que l’accès aux subventions de loyers doit être étendu à un plus grand nombre de citoyens, notamment ceux de la classe moyenne inférieure.
Le ministre responsable de Service Nouveau-Brunswick, Mary Wilson, a refusé d’accorder une interview à ce sujet, mais une porte-parole a indiqué dans un courriel que le gouvernement continue de surveiller la situation du logement et que de «nouvelles mesures pourraient être introduites si cela est jugé nécessaire».
«Avant l’introduction du plafond temporaire des loyers pour 2022, la Loi sur la location à usage d’habitation a été modifiée en décembre 2021 afin de limiter une augmentation de loyer à une fois par période de 12 mois, de prolonger la période d’avis d’augmentation de loyer de trois à six mois et d’autoriser le Tribunal sur la location de locaux d’habitation à examiner et à refuser les augmentations de loyer déraisonnables. Les locataires continueront à être protégés par ces mesures de contrôle des loyers une fois que le plafond temporaire sur les augmentations de loyer aura expiré», peut-on lire dans une déclaration écrite attribuée à Mary Wilson.
Il a été impossible de savoir ce que le gouvernement considère comme étant une augmentation de loyer déraisonnable.
Selon les règles affichées en ligne par la province, à compter du 1er janvier 2023, «le propriétaire doit augmenter le loyer de chaque logement du même immeuble du même pourcentage ou augmenter le loyer par rapport à ce qui est facturé pour des logements semblables dans la même région géographique.»