La mairesse de Bathurst, Kim Chamberlain. - Archives
Bris de services en santé: des élus du Nord préoccupés
Les nombreux bris de service qui touchent différents hôpitaux du Nouveau-Brunswick préoccupent plus que jamais des élus du nord de la province qui estiment voir difficilement la lumière au bout du tunnel.
Au cours des dernières semaines, le Réseau de santé Vitalité a décrété des interruptions de services en pédiatrie et en obstétrique dans ses hôpitaux régionaux de Bathurst et d’Edmundston.
Suspendus depuis le 29 juillet, les services pédiatriques de l’Hôpital régional Chaleur de Bathurst devaient reprendre mercredi matin. Vitalité a toutefois décidé de prolonger la suspension jusqu’au 15 août à 8h.
Le manque de pédiatres et d’infirmières est à l’origine de ces bris de service.
«Ce que je déplore, c’est qu’il y a un nouveau ministre de la Santé au Nouveau-Brunswick (Bruce Fitch) depuis quatre semaines et un silence radio de sa part depuis sa nomination», a indiqué le député Jean-Claude D’Amours, porte-parole libéral en matière de santé.
(NDLR: L’Acadie Nouvelle réclame chaque jour depuis trois semaines une entrevue avec le ministère Fitch et les fiduciaires nouvellement nommés des réseaux, en vain.)
«Une telle situation dans les hôpitaux de la province, c’est du jamais-vu dans l’histoire moderne du Nouveau-Brunswick, ça se voyait rarement avant. Il n’y a jamais eu autant de bris de service depuis l’arrivée des conservateurs au pouvoir en 2018», a ajouté le représentant de la circonscription Edmundston-Madawaska-Centre.
Selon lui, la fin prochaine de la période des vacances estivales du personnel en milieu hospitalier ne va pas signifier pour autant un retour à une situation normale dans les établissements de santé de la province.
«Il y a un problème évident de recrutement et de rétention de la main d’œuvre. Comment peut-on dispenser des services s’il n’y a pas de professionnels en santé pour les offrir?», questionne l’élu du Madawaska.
«La province est responsable de ses propres malheurs. Il va falloir trouver des solutions, et ça implique tout le monde», a affirmé Jean-Claude D’Amours.
Selon lui, le Nouveau-Brunswick se doit d’être plus compétitif afin d’attirer et de garder les professionnels de la santé dans les hôpitaux de la province.
La mairesse de Bathurst a ajouté sa voix, jeudi, aux critiques visant l’état de notre réseau de santé.
«Ça ne va pas trop bien en santé au Nouveau-Brunswick, surtout dans le nord de la province. C’est tout simplement décourageant», a lancé sans détour Kim Chamberlain.
«Je regarde avec admiration le travail des infirmières et des médecins dans nos hôpitaux qui travaillent durant des heures incalculables. C’est à se demander pendant combien de temps ils pourront continuer à travailler comme ça», a ajouté la mairesse de Bathurst.
Mme Chamberlain est elle-même aux prises avec un réseau de santé fragilisé, étant sans médecin de famille depuis plus de trois ans.
Selon elle, le gouvernement provincial devrait entre autres améliorer le processus de reconnaissance des acquis et des compétences, ce qui permettrait à des travailleurs de la santé provenant de l’extérieur du Nouveau-Brunswick d’œuvrer dans la province.
«On a vu des cas d’infirmières d’expérience provenant de l’Europe qui se sont fait dire qu’elles devaient compléter deux années d’études universitaires pour travailler ici. Elles ont donc décidé d’exercer leur profession au Québec ou ailleurs», déplore Kim Chamberlain.
Même si le système de santé ne relève absolument pas des gouvernements municipaux, la Ville de Bathurst a tout de même décidé d’y aller de petits gestes visant à améliorer le réseau.
La municipalité a ainsi récemment décidé d’octroyer sur une base annuelle deux bourses d’études à des étudiants en médecine qui décideront de pratiquer dans la région de Bathurst durant une période minimale de quatre ans.
«C’est un petit geste de la municipalité qui peut aider… Il faudrait peut-être que les maires puissent s’asseoir avec Vitalité afin de trouver des solutions aux problèmes et voir comment les municipalités pourraient aider à améliorer notre réseau de santé», a indiqué la mairesse de Bathurst.
«Le nord du Nouveau-Brunswick est une belle région, mais on se sent oublié, c’est comme si on n’existait pas si on se compare au reste de la province… Il faudra travailler plus fort afin d’inciter les travailleurs de la santé à s’installer et à travailler dans notre région plutôt que dans les grands centres plus au sud.»