Susan Holt est la nouvelle chef du Parti libéral du Nouveau-Brunswick. - Acadie Nouvelle: Alexandre Boudreau
Qui est Susan Holt, chef du Parti libéral du N.-B.?
La nouvelle chef du Parti libéral, Susan Holt, nous parle de son parcours académique et professionnel, de son intérêt et de sa frustration envers le fonctionnement du gouvernement, et de ce qui l’a poussée à faire son entrée en politique.
Susan Holt n’a jamais été élue, mais œuvre déjà en coulisses depuis plusieurs années à Fredericton.
Elle a notamment été présidente de la Chambre de commerce de Fredericton, puis PDG du Conseil d’entreprises du N.-B. et conseillère pour le premier ministre Brian Gallant.
Née à Halifax, Susan Holt a déménagé à Fredericton avant l’âge de 2 ans. Elle a commencé à apprendre le français dès sa première année d’école en immersion complète.
Susan Holt affirme que son intérêt pour la politique s’est manifesté pendant ses années à l’école, où elle a fait partie de conseils étudiants.
Elle a ensuite étudié en économie et en chimie à l’Université Queen’s, en Ontario. Elle a travaillé dans cette province pendant trois ans, et a également travaillé dans le secteur privé en Australie et en Inde. Elle a ensuite travaillé pour des organismes sans but lucratif.
«Je suis retournée au N.-B. en 2007, et on m’a demandé d’être dans une publicité pour le gouvernement avec Shawn Graham, pour promouvoir le retour (des gens) au N.-B., comme je l’avais fait», dit-elle en entrevue.
Elle affirme que cela a été sa première rencontre avec un premier ministre.
C’est alors qu’elle était PDG de la Chambre de commerce de Fredericton en 2010 et qu’elle signait une chronique dans le Daily Gleaner que des gens lui ont suggéré de se lancer en politique municipale, puis provinciale.
«Quelqu’un m’a approchée avec une offre et de l’argent pour être candidate à la chefferie du Parti libéral pour la course en 2012.»
L’idée de devenir chef du Parti a alors commencé à germer.
Elle a été PDG du Conseil d’entreprises du N.-B. qui regroupe les intérêts de la plupart des plus grandes entreprises de la province.
La fonction publique
Elle a ensuite fait son entrée dans la fonction publique en 2015, comme chef des relations avec les entreprises pour le Conseil de l’emploi.
Mme Holt affirme qu’elle a eu l’occasion d’apprendre comment fonctionne la bureaucratie provinciale et le processus de création des politiques publiques, et d’apprendre «ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas».
«Ça m’intéressait, et ça me frustrait, dit-elle en riant. C’était un travail difficile pour quelqu’un qui est venu de petites entreprises sans but lucratif et de grandes entreprises des affaires, la fonction publique est vraiment un monde différent.»
Elle explique que les entreprises privées ont le privilège de choisir leurs clients, mais le gouvernement doit «servir tout le monde», et que celui-ci doit pouvoir anticiper les impacts de chaque décision sur la population, qu’ils soient intentionnels ou pas.
«Il y a beaucoup de diversité dans les besoins du N.-B. alors c’est un travail vraiment intéressant, mais ce n’est pas un travail simple. (…) Il y avait des frustrations quand je pensais que quelque chose aurait dû être réglé d’une façon, mais que le gouvernement a décidé de le régler d’une autre façon pour des raisons plus partisanes que je ne l’aurais aimé», raconte-t-elle en entrevue.
Les deux principaux partis au N.-B. ont généralement des liens étroits avec des grandes entreprises, telles que celles de la famille Irving. Nous avons demandé à Mme Holt si elle croyait que le gouvernement devait tenter de se distancier du secteur privé.
«Le gouvernement est là pour servir l’ensemble du N.-B., dit-elle en affirmant que cela comprend aussi les grandes entreprises. Je ne pense pas qu’ils devraient être exclus, mais je ne pense pas qu’ils devraient être inclus à un niveau de priorité différent que celui d’autres gens du N.-B.»
Elle a été candidate dans la circonscription de Fredericton-Sud en 2018, mais a été défaite par le chef des Verts, David Coon.
Elle a ensuite songé à se présenter à la chefferie libérale après le départ de Brian Gallant, en 2019, mais s’est désistée.
L’avis d’un ancien chef
«Lorsque j’ai travaillé avec elle, c’était une personne énergique, intelligente, sympathique, compétente et qui possède des expériences exceptionnelles», dit l’ex-premier ministre libéral Brian Gallant au sujet de Susan Holt
Il affirme que le travail de premier ministre nécessite la capacité de comprendre des enjeux complexes et d’en débattre, et que l’expérience de travail de Susan Holt lui a donné ces capacités.
Mais si elle compte devenir premier ministre un jour, elle doit avant tout être élue.
Brian Gallant affirme qu’il y a des avantages à être à l’Assemblée législative, mais que Susan Holt pourrait aussi bien prendre le temps de faire le tour de la province.
«Rencontrer les Néo-Brunswickois dans leur communauté, rencontrer des intervenants-clés, travailler sur le parti et bâtir l’organisation, ça vaut beaucoup aussi», dit l’ancien chef libéral.
Mme Holt doit prochainement choisir la personne qui sera porte-parole de son parti à l’Assemblée, puisqu’elle n’est pas députée elle-même.
«C’est une décision qu’on doit faire dans les prochaines semaines, et c’est un travail que je fais maintenant. Je fais des rencontres avec chaque membre du caucus, et j’essaie de mieux les connaître pour être dans une position de faire un choix comme cela.»
Susan Holt vit à Fredericton avec son mari et ses trois jeunes filles. Son mari, Jonathan, est à la maison à temps plein.
«Je protège mon temps familial avec férocité, dit-elle. Mes collègues et mes employés savent que je défends mon temps avec ma famille comme une priorité, ça me donne un équilibre qui fait que je suis meilleure à mon travail.»