Les partis d’opposition néo-brunswickois et la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick considèrent que c’est l’immigration qui pourra arrêter le déclin du poids démographique des francophones dans la province. Voici leurs propositions.

Le porte-parole en matière des langues officielles du Parti libéral du Nouveau-Brunswick, Benoît Bourque, dit avoir ressenti de l’inquiétude à la lecture des résultats du sondage 2021 de Statistique Canada publiés mardi.

Dans la province, la proportion de personnes utilisant surtout le français à la maison est de 26% alors que cette proportion était de 30% en 2006, par exemple.

«Il faut faire plus d’efforts pour l’immigration francophone au Nouveau-Brunswick, pense M. Bourque. Il faut davantage s’inspirer du Québec, qui est le champion de l’immigration francophone au Canada. Il faut voir leur fonctionnement, leur réseau et leur structure.»

Le député évoque l’accord qu’a signé le Québec avec le gouvernement fédéral et qui lui donne une certaine autonomie en immigration.

«Ils ont plus de pouvoirs, c’est quelque chose à explorer», croit M. Bourque.

L’élu aimerait par ailleurs qu’il y ait plus de ressources financières et humaines allouées à l’immigration francophone au Nouveau-Brunswick.

Rattraper le retard

Le député vert, Kevin Arseneau, exprime également de l’inquiétude au sujet de la baisse du poids démographique de la communauté de langue française au Nouveau-Brunswick.

«C’est un échec des politiques publiques qui provoque ça, affirme-t-il. Il est probablement dû à une certaine ignorance de cet enjeu-là, qui n’est jamais vraiment pris au sérieux et qui est très bas dans la liste des priorités.»

L’élu de Kent-Nord juge que la cible en immigration francophone du Nouveau-Brunswick est trop basse. Elle s’élèvera à 33% des candidats désignés par le gouvernement d’ici 2024 pour un programme provincial à l’origine de 48% des arrivées de résidents permanents en 2019.

En 2021, l’administration provinciale a nommé 28% de francophones dans le cadre de ses programmes provinciaux, selon le premier ministre Blaine Higgs.

Résultat, 15% de tous les résidents permanents accueillis par la province parlaient la langue de Molière en 2021, 16% au premier trimestre 2022 et 24% au second trimestre 2022, selon Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada.

«Il y a un rattrapage à faire, revendique M. Arseneau. Une cible de 35% à 40% d’immigrants francophones ne serait pas complètement folle. Mais ça prendrait des recherches sur le poids historique des Acadiens.»

Pour atteindre un objectif aussi ambitieux, le député réclame des ressources supplémentaires pour accueillir les étrangers. Il suggère également la négociation d’une entente avec le gouvernement fédéral afin de donner au gouvernement provincial plus de pouvoir en immigration.

«Ensuite, la communauté acadienne doit cibler la même dualité en immigration qu’en éducation, préconise-t-il. Nous avons besoin d’un département qui se penche uniquement sur ça avec des stratégies, une cible et des lieux de recrutement différents.»

Recruter à la campagne

Le représentant d’une circonscription rurale souhaite notamment des démarches pour attirer dans la province des francophones originaires de campagnes.

«Les missions de promotion de l’immigration se déroulent souvent dans des centres urbains, observe-t-il. Alors, les gens arrivent au Nouveau-Brunswick et se retrouvent très loin de leur réalité. On va donc les perdre au profit de grandes villes.»

Enfin, M. Arseneau réclame un comité permanent sur les langues officielles à l’Assemblée législative. Il fait valoir la régularité avec laquelle un tel groupe d’élus pourrait parler du poids démographique des francophones et en faire un enjeu de société.

La vice-présidente de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB), Sue Duguay, s’attendait à une baisse du poids démographique de la communauté de langue française dans la province.

«Il n’y a pas eu énormément d’actions prises par les gouvernements pour contrer la tendance, juge-t-elle. Les cibles ne sont pas atteintes et sont insuffisantes. Il faut que les communautés francophone et acadienne soient impliquées [par le gouvernement] pour qu’elles soient entendues.»

La SANB préconise une cible minimale de 33% d’immigrants francophones et une cible idéale de 50%, représentant un taux réparateur prenant en compte les retards en la matière.

«Il faut créer des incitatifs pour que les gens veuillent venir et rester au Nouveau-Brunswick, des politiques économiques et fiscales», lance Mme Duguay.

Higgs préoccupé par le déclin du français

«Une diminution du nombre de francophones dans la province est préoccupante, car la communauté francophone joue un rôle important. Nous devons poursuivre nos efforts pour protéger l’identité francophone et acadienne. Une façon d’y parvenir est l’immigration», a déclaré le premier ministre du Nouveau-Brunswick, Blaine Higgs.

Il réagissait par écrit aux résultats du sondage 2021 de Statistique Canada publiés mardi.

«Le Nouveau-Brunswick est toujours à la recherche de moyens novateurs pour augmenter le nombre d’immigrants francophones. Il s’agit d’une priorité depuis plusieurs années, a affirmé M. Higgs en citant le document Nouveau départ: Une stratégie de croissance démographique 2019- 2024. Il y a, bien sûr, encore beaucoup à faire.»

Le progressiste-conservateur s’est en revanche réjoui du taux de bilinguisme de la province, qui s’élève à 34%, une proportion stable depuis 2006.

«Cela permet d’embrasser la riche culture que les communautés francophone et anglophone apportent à notre province, mais c’est aussi une question de bon sens économique. Elle ouvre des portes aux Néo-Brunswickois qui cherchent un emploi et donne aux entreprises une autre raison de vouloir venir ici. Elle appuie également les principes et les objectifs de la Loi sur les langues officielles», a-t-il noté.

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