Le ministre des Finances, Ernie Steeves. - Archives
100 millions $ de plus que prévu dans les poches du gouvernement
La mise à jour budgétaire présentée par la province mardi fait état d’un surplus de 135,5 millions de dollars, soit 100 millions de plus que les prévisions présentées lors du budget de mars dernier.
Le ministre des Finances du Nouveau-Brunswick, Ernie Steeves, a présenté mardi matin les états financiers pour le premier trimestre de 2022-2023.
Alors que le dernier budget provincial, présenté en mars, prévoyait un surplus budgétaire de 35 millions de dollars, les chiffres révisés font état d’une somme bien plus importante, soit 135,5 millions.
Les finances de la province se portent mieux que prévu, a expliqué M. Steeves, une réalité qui s’explique notamment par davantage de revenus provenant de la taxation et des impôts (127 millions), entre autres grâce à la croissance économique et démographique, et des transferts fédéraux en santé d’une valeur de 41 millions.
«L’économie s’est redressée plus rapidement et notre population croît à une vitesse jamais vue depuis les années 1970», s’est réjoui le ministre Steeves.
La bonne posture financière de la province, s’est-il félicité, aura aussi fait en sorte que l’agence de notation Moody’s a récemment revu à la hausse les perspectives de crédit de la province, passant de stable à positive.
Malgré les bonnes nouvelles, Ernie Steeves est d’avis que la prudence est de mise.
«Même si nous sommes reconnaissants pour ces bonnes nouvelles, les défis auxquels nous sommes confrontés sont indéniables», a-t-il expliqué lors du point de presse.
Le ministre s’est refusé à dire comment ces fonds additionnels seraient dépensés par la province.
Des réductions d’impôts ou de taxes sont toutefois envisagées par son gouvernement.
Si Fredericton consent à dépenser davantage, il le fera de manière responsable et prudente, prévient-il. Tout investissement se doit d’être stratégique et durable.
Interrogé à savoir si plus de fonds pourraient être injectés dans le système de santé qui traverse aujourd’hui une crise importante, M. Steeves a rétorqué que l’argent ne saurait pas à elle seule régler tous les problèmes.
«Ce à quoi nous sommes confrontés, c’est une pénurie d’infirmières et de personnel qualifié pour le système hospitalier, a-t-il expliqué. La pénurie ne se fait pas sentir qu’ici, c’est à l’échelle du pays et de l’Amérique du Nord. Si l’argent peut faire une différence, nous allons la dépenser.»
Si le ministère de la Santé propose des investissements stratégiques capables de relever les défis que connaissent les hôpitaux, ceux-ci seront approuvés, a dit le ministre, se gardant bien de prendre des engagements ou d’offrir de possibles solutions.
L’opposition en colère
Rob McKee, porte-parole officiel de l’opposition libérale en matière de finances, a déploré lors d’un point de presse mardi midi que le gouvernement Higgs ait, encore une fois, largement sous-estimé ses surplus budgétaires.
«Ça fait des années que l’on pose des questions sur leur capacité d’estimer les revenus, a-t-il lancé. On aurait cru qu’ils auraient appris comment faire.»
Ce n’est pas la première fois que le gouvernement Higgs rate la cible lorsque vient le temps de préparer ses projections budgétaires. Lors de la présentation de son budget de 2021-2022, Fredericton avait prédit un déficit de 245 millions de dollars. L’excédent budgétaire lors de la révision trimestrielle de la même année s’élevait toutefois à 488 millions.
Même si le ministre des Finances est partisan de la prudence fiscale, M. McKee somme le gouvernement d’investir afin de surmonter les diverses crises avec lesquelles doit composer la province, que ce soit en santé ou en logement. Il plaide, par exemple, pour la mise en place de mesures incitatives afin d’attirer un plus grand nombre d’infirmières dans la province et d’en convaincre d’autres ayant choisi de quitter la profession d’y revenir.
Vers des surplus encore plus importants?
Pour l’économiste Richard Saillant, les surplus annoncés mardi n’ont pas de quoi surprendre. Si la tendance se maintient, ils seront plus importants encore lors des prochaines mises à jour budgétaires, prédit-il.
«Si le passé récent est garant de l’avenir, on devrait se retrouver avec un surplus plus important que ce que le gouvernement nous annonce aujourd’hui. Il y a toujours des incertitudes à l’horizon, mais si la population continue de croître comme elle le fait actuellement et si l’inflation continue d’être aussi importante, il y a de bonnes chances que l’on se retrouve avec un excédent qui sera considérablement plus élevé», analyse l’économiste.
La marge de manœuvre financière de Fredericton doit servir à s’attaquer aux problèmes en santé, dit-il. Bien qu’il faudra plus que l’argent pour y arriver, certains investissements permettraient de consolider nos services publics, notamment pour former plus de travailleurs de foyers de soins. En offrant une meilleure rémunération dans ce secteur, plus de Néo-Brunswickois et de nouveaux arrivants accepteront d’y travailler.
Il faut aussi impérativement s’attaquer à la crise du logement, ajoute Richard Saillant.
«Parfois, il faut dépenser de l’argent pour faire de l’argent et c’est le cas dans le logement. Il y a longtemps qu’on n’a pas été en aussi bonne posture financière. Quand l’inflation est aussi haute qu’en ce moment, la dette du gouvernement baisse rapidement, donc on a les coudées franches pour investir. Quand on investit dans le logement, on augmente notre capacité d’accueil, on peut avoir une croissance de la population plus durable à long terme, ce qui représente des dividendes fiscaux puisqu’on aura plus de transferts fédéraux d’Ottawa, alloués en fonction de la population», illustre-t-il.