La grande présence de camions lourds demeure une problématique à laquelle souhaite s'attaquer la Ville d'Edmundston - Acadie Nouvelle : Bobby Therrien
Le camionnage lourd est loin de s’être estompé au centre-ville d’Edmundston
La problématique du camionnage lourd au centre-ville d’Edmundston ne date pas d’hier. Même avec les restrictions de poids sur le pont international – liant la municipalité à celle de Madawaska, au Maine – il y a toujours autant de véhicules du genre qui circulent dans ce secteur.
Depuis octobre 2017, une limite de poids de cinq tonnes a été imposée ce qui réduit grandement la possibilité pour ces poids lourds d’emprunter cette voie qui donne directement sur le centre-ville d’Edmundston.
Même si on pouvait croire que cela allait engendrer une réduction, ce n’est toutefois pas ce qui s’est produit.
Selon le maire d’Edmundston, Éric Marquis, près de 800 camions lourds, en moyenne, passent quotidiennement par le centre-ville.
«C’est resté semblable. La différence, c’est qu’il y a des camions lourds qui doivent traverser la frontière à Saint-Léonard ou dans le Haut-Madawaska.»
Les destinations sont évidemment multiples. Beaucoup d’entre eux se rendent à la papetière Twin River qui se situe elle-même au centre-ville. D’autres se dirigent vers d’autres entreprises d’Edmundston ou de la région du Haut-Madawaska.
«Ça fait beaucoup de camions lourds au centre-ville, et ce, même en sachant qu’il n’y en a même pas qui passe sur le pont international à l’heure actuelle», a ajouté M. Marquis.
Le nouveau pont international, qui est actuellement en construction, devrait être ouvert à la circulation d’ici la fin de l’année 2023.
Pour le maire Marquis, il est difficile de dire si cette mise en service engendrera de la circulation lourde supplémentaire au centre-ville d’Edmundston.
«La problématique est déjà là. La fermeture du pont n’a pas réduit drastiquement le nombre de camions lourds. Il faudra voir, à ce moment, si ça fera changer la situation.»
«On ne nie pas que ça pourrait engendrer une augmentation, mais il faudra voir jusqu’à quel point.»
Pour sa part, Cathy Pelletier, directrice générale de la Chambre de commerce d’Edmundston, reconnaît que la présence fréquente de camions lourds au centre-ville représente une source d’irritation pour les commerçants, surtout lors de la période estivale.
«Quand on regarde du côté des terrasses et du bien-être général et la sécurité des gens, c’est sûr que ce n’est pas évident. Quand tu vas t’asseoir sur une terrasse sur l’heure du midi, je dois avouer que des fois on ne s’entend pas parler.»
En contrepartie, la Chambre de commerce a aussi relancé, récemment, le dossier de l’implantation d’un débarcadère ferroviaire à Edmundston, ce qui pourrait avoir un impact sur la présence de camions lourds dans la ville.
«Si un débarcadère ferroviaire voit éventuellement le jour à Edmundston, c’est sûr que le camionnage lourd peut augmenter. Ce n’est pas notre but, mais si l’étude est concluante et que le besoin est là, on va se pencher sur le camionnage lourd au centre-ville en même temps», a expliqué Mme Pelletier.
«On règlerait peut-être deux problèmes en un.»
L’éternelle voie de contournement
Aussi vieille que la question du camionnage lourd dans la ville d’Edmundston, celle de la construction d’une voie de contournement a fait l’objet de discussions à maintes reprises.
Souvent surnommée la route Corridor, cette voie a été, pendant de nombreuses années, l’un des chevaux de bataille de l’ancien ministre fédéral, Bernard Valcourt.
Selon M. Marquis, la remise sur le tapis de cette fameuse voie de contournement fait partie des solutions possibles à cette problématique.
«Ça nous prend une solution à moyen terme. Si on pouvait au moins réduire de moitié le nombre de camions lourds, ce serait bon. Idéalement, ça nous prendrait une route de contournement et ça nous prendrait les divers ordres de gouvernement à la table pour mettre en place une solution durable.»
Pour que cela fonctionne, le maire d’Edmundston est d’avis que le projet d’une route de contournement doit devenir un enjeu régional. Selon lui, on doit aussi inclure les camionneurs dans le processus.
«On ne veut pas enlever du travail à personne, mais on veut trouver une solution pour éviter que les camions lourds passent dans le centre-ville d’Edmundston. Tu ne vois pas une situation comme ça dans le centre-ville de Moncton ou de Bathurst.»
Selon la députée de Madawaska-les-Lacs-Edmundston, Francine Landry, la question de la voie de contournement n’a pas fait l’objet de discussions depuis plusieurs années, du moins, pas de son côté.
Mme Landry s’attend toutefois à ce qu’une évaluation de la situation soit faite dans la région, une fois que le nouveau pont international sera en service.
«À ce moment, peu importe le gouvernement au pouvoir et si c’est encore la volonté de la municipalité et des citoyens d’avoir une voie de contournement, je suis disposée à regarder le dossier à nouveau.
La construction du pont international Edmundston/Madawaska va bon train
Entrepris le printemps dernier, avec l’installation de routes d’accès et d’un chevalet de travail temporaire sur le fleuve Saint-Jean, la construction du nouveau pont international se déroule bien, malgré les défis associés à la construction d’une telle infrastructure qui a débuté en pleine pandémie.
«Le projet a débuté en plein milieu de la pandémie, avec la fermeture de la frontière internationale. Le fait d’avoir un entrepreneur principal d’un côté de la frontière et un sous-traitant de l’autre a permis d’atténuer certains des problèmes de main-d’œuvre, mais l’entrepreneur et l’équipe de conception ont également dû surmonter des problèmes d’approvisionnement», a indiqué Andrew Lathe, représentant du Maine Department of Transportation (DOT).
Selon M. Lathe, l’objectif de l’entrepreneur pour les premiers mois de construction a été d’installer des batardeaux pour les quatre piliers dans l’eau et de sortir ces fondations et ces piliers de l’eau.
On a également commencé la construction de culées de pont du côté américain et à Edmundston, ainsi que d’une jetée terrestre située au nord de la voie ferrée à Madawaska.
La plus récente étape du projet a donné lieu à la réinstallation du pont temporaire et la construction des chapeaux de piliers en béton qui porteront la superstructure en acier, dont l’érection a commencé en août et se poursuivra tout au long de l’automne.
Selon M. Lathe, une fois la superstructure en acier en place, l’entrepreneur pourra se concentrer sur la construction, le renforcement et la mise en place des tabliers de pont en béton pendant l’hiver et au cours de l’été 2023, qui sera le principal objectif de l’entrepreneur.
La circulation devrait être transférée sur le nouveau pont international à la fin de l’automne 2023.