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Électricité: les papetières échappent aux hausses de prix et continueront d’être subventionnées
Énergie NB souhaite augmenter ses prix de 8,9% pour la plupart de ses clients. Le gouvernement provincial l’oblige cependant à continuer de subventionner l’électricité renouvelable produite par six usines de pâtes et papiers.
Énergie NB prévoit subventionner à hauteur de 14,7 millions $ l’énergie verte produite par trois usines de J.D. Irving, deux autres du groupe AV et celle de Twin Rivers (à Edmundston) durant l’exercice 2023-2024. C’est 3,4 millions $ de plus qu’en 2022–2023.
À titre de comparaison, la société de la Couronne pense que l’augmentation des prix qu’elle demande pour la plupart de ses clients lui permettrait d’obtenir 217 millions $ de recettes supplémentaires en 2023–2024 par rapport à 2022–2023.
«L’augmentation de tarif demandée est nécessaire uniquement pour assurer le recouvrement des coûts prévus pour l’exercice 2023-2014, précise Énergie NB. Même avec une augmentation aussi importante, le revenu net d’Énergie NB ne devrait être que de 13,9 millions $ et la dette nette devrait augmenter de 39,6 millions $.»
La société de la Couronne précise qu’elle compte réduire ses coûts de 46 millions $ en 2023-2024. Elle ajoute qu’il s’agit de son effort le plus important qu’elle n’ait jamais effectué en la matière.
Décision du gouvernement
Pourquoi, dans sa situation difficile, Énergie NB subventionne-t-elle l’énergie renouvelable produite par six usines de pâtes et papier? Elle souligne que le gouvernement l’y oblige, grâce à un règlement en vigueur depuis 2012.
La société de la Couronne calcule sa subvention grâce à une méthode élaborée par le ministre du Développement de l’énergie et des ressources naturelles. En 2021, celui-ci a d’ailleurs fait en sorte d’augmenter le prix qu’elle devait payer de 12,5%, en l’indexant à l’indice des prix à la consommation.
«Le principe de base du programme […] est de faire concorder les coûts d’électricité des usines de pâtes et papiers exportatrices du Nouveau-Brunswick avec le coût moyen de l’électricité des provinces où se trouvent les entreprises concurrentes», explique le gouvernement.
Comme il pondère les tarifs de chaque province par la valeur de leurs exportations dans le secteur des pâtes et papiers, celui du Québec, par exemple, prend un grand poids dans son calcul. Or, cette province a l’un des prix de l’électricité les moins chers au Canada.
«L’industrie paye nos infrastructures, a déclaré le premier ministre Blaine Higgs en mêlée de presse. Beaucoup de nos industries sont tournées vers l’export. Nous devons donc prendre en considération leurs compétiteurs. Est-ce que nous pouvons faire venir les industries ici ou non? Si le Québec a de l’énergie peu chère grâce à l’hydroélectricité, à quoi ça ressemble pour nous?»
Malaise de l’opposition
«Demander aux Néo-Brunswickois de payer davantage pour subventionner l’industrie, ça me rend très mal à l’aise, a critiqué la cheffe du Parti libéral, Susan Holt. Les gens se demandent déjà comment ils vont payer leur loyer, leur essence, etc. Je pense que nous avons vraiment besoin de revoir cette subvention.»
«Nous payons tous des prix de l’électricité plus élevés pour des entreprises gérées par des milliardaires, qui vont gagner encore plus grâce à la subvention de ces papetières», a aussi condamné le chef du Parti vert, David Coon.
Ces arguments semblent avoir eu peu d’effets sur M. Higgs.
«Le principe selon lequel notre industrie a besoin d’être compétitive est pertinent. Je ne dirai pas que je reverrai ce programme tout de suite», a-t-il réagi.
À titre de rappel, Énergie NB a demandé une hausse des tarifs à la Commission de l’énergie et des services publics du Nouveau-Brunswick le 5 octobre. L’organisme examinera la requête. Elle devrait tenir des audiences à ce sujet en janvier 2023.
- Avec des informations d’Alexandre Boudreau.