Justin Trudeau à Oromocto en compagnie des députés libéraux Ginette Petitpas Taylor et Jenica Atwin. - La Presse Canadienne: Stephen MacGillivray
Langues officielles: Higgs persiste et signe
Critiqué par Justin Trudeau pour avoir nommé Kris Austin au comité de révision de la Loi sur les langues officielles de la province, le premier ministre néo-brunswickois, Blaine Higgs, a soutenu son ministre, puis s’en est pris au poste de Commissaire aux langues officielles.
«Ça ne fait aucun sens de choisir quelqu’un qui a démontré tout au long de sa carrière qu’il n’est pas intéressé pantoute à protéger les langues officielles, à protéger le français, à protéger le bilinguisme au Nouveau-Brunswick», a déclaré Justin Trudeau.
Le premier ministre du Canada faisait référence à la nomination de l’ancien chef de la People’s Alliance, Kris Austin, à un comité chargé de réviser la Loi sur les langues officielles de la province. Il a tenu ces propos à Oromocto, en marge d’une conférence de presse sur la connexion à l’internet haute vitesse.
«Si tu veux protéger les langues officielles, oui, c’est important d’avoir différentes personnalités pour bien le faire, a continué M. Trudeau. Mais il faut s’assurer que tout le monde sur ce comité veut vraiment protéger les langues officielles!»
Le premier ministre fédéral a affirmé qu’il ferait part de son opinion à son homologue néo-brunswickois, Blaine Higgs, durant une rencontre mardi. Celui-ci s’est dit surpris de l’intervention de M. Trudeau, un peu plus tard, en point presse.
«Combien de premiers ministres s’impliquent dans les comités de caucus?, a demandé le progressiste-conservateur. Il a seulement fait ça pour que les gens parlent [des langues officielles] plutôt que des sujets qui affectent les Néo-Brunswickois: le coût de la vie, le prix du carburant, les emplois disponibles et le manque de personnes pour les pourvoir.»
M. Higgs a assuré que tout son gouvernement, y compris M. Austin, est favorable au bilinguisme au Nouveau-Brunswick.
«Nous avons 72% de nos enfants anglophones qui n’obtiennent pas leur diplôme en étant bilingues [en ayant un niveau avancé en français]. Comment réparons-nous ça? C’est notre but. Il n’y a pas de désir ici de réduire quoi que ce soit», a-t-il dit.
Le premier ministre a toutefois jugé de façon très négative le poste de commissaire sur les langues officielles.
«Je me demande à quel point ça offre une façon d’avancer significative», s’est-il interrogé, en référence aux plaintes traitées par le fonctionnaire.
M. Higgs a par ailleurs indiqué qu’il se demande si l’agent indépendant de l’Assemblée législative devrait transférer ses tâches de promotion et de sensibilisation au bilinguisme à un secrétariat interne au gouvernement.
En décembre 2021, les commissaires de la révision de la loi sur les langues officielles, Yvette Finn et John McLaughlin, ont recommandé la création d’un ministère pour aider le gouvernement à respecter ses obligations concernant les langues officielles.
Katherine D’Entremont, ancienne commissaire aux langues officielles du Nouveau-Brunswick, a toutefois réagi en disant qu’il suffirait de créer un secrétariat aux langues officielles muni de quelques employés et d’un sous-ministre. Un conseiller en gestion du secteur public, Jean-Guy Finn, a abondé dans le même sens.
Blaine Higgs sous les critiques
La députée de Fredericton, Jenica Atwin, s’est jointe au chœur de critiques contre le premier ministre. Elle a d’ailleurs signé, aux côtés des cinq autres députés libéraux fédéraux du Nouveau-Brunswick, une missive datée de mardi exhortant M. Higgs à retirer M. Austin du comité.
«Nous, les députés libéraux fédéraux élus du Nouveau-Brunswick, unissons nos voix afin de dénoncer la nomination de M. Kris Austin au comité de révision de la LLO-NB», écrit-elle dans la lettre.
Mme Atwin a souligné que le Nouveau-Brunswick est la seule province officiellement bilingue au pays. Elle a affirmé que ce statut est un avantage. Or, elle a jugé que l’opposition de M. Austin envers cette situation a été démontrée à maintes reprises.
La députée a ajouté que le gouvernement de Blaine Higgs a attendu près d’un an pour réagir aux recommandations des commissaires Yvette Finn et John McLaughlin.
«Nous vous adressons notre demande conjointe de retirer Kris Austin du comité (…) et de procéder le plus rapidement possible à une révision de la Loi sur les langues officielles», a conclu la députée.
Même le Nouveau Parti démocratique (NPD) du Nouveau-Brunswick a donné son opinion sur la question.
«Choisir un individu comme Kris Austin pour siéger à un comité chargé d’examiner la législation sur les langues officielles est, malheureusement, clairement conforme au programme du gouvernement Higgs», a déclaré le chef de la formation politique, Alex White.
Il estime que les progressistes-conservateurs veulent diviser les Néo-Brunswickois en fonction de leur langue.
«Notre province est la seule province bilingue au Canada et c’est quelque chose qui doit être célébré et amélioré, et non pas vidé de sa substance et mis au rebut», a dit M. White.
– Avec la collaboration d’Alexandre Boudreau