Il y a un an, les acériculteurs manifestaient à Saint-Quentin afin d’attirer l’attention du gouvernement provincial. Leurs efforts ont été vains. - Archives
Fredericton fait la sourde oreille aux producteurs de sirop d’érable
Alors qu’elle vient de fracasser son propre record de production, l’Association acéricole du Nouveau-Brunswick déplore l’inaction de Fredericton qui tarde à octroyer de nouveaux hectares de forêt afin de lui permettre de croître davantage.
L’année 2022 a été bonne au Nouveau-Brunswick en ce qui touche à la production de sirop d’érable. En tout, les acériculteurs de la province ont produit 811 000 gallons de sirop (10,3 millions de livres) contre 786 000 gallons (10 millions de livres) en 2021. Il s’agit d’une augmentation de 3,2% de la production et, surtout, d’un record. Cette augmentation fait d’ailleurs en sorte que la province conserve cette année son titre de 3e plus important producteur au monde, derrière le Québec et l’État du Vermont.
Cette bonne production est due en partie aux conditions climatiques favorables, mais aussi au fait que pratiquement tous les 14 500 hectares de forêt accordés en 2015 par la province sur les terres de la Couronne sont désormais exploités.
En dépit d’une industrie passablement en santé et qui a soif d’expansion, les producteurs n’ont pourtant pas le cœur à la fête. Ils se sentent mis à l’écart par la province.
Pratiquement à pareille date l’an dernier, plusieurs d’entre eux ont manifesté leur frustration lors d’un rassemblement à Saint-Quentin, capitale de l’érable en Atlantique.
Ce mécontentement était dirigé envers le ministère des Ressources naturelles accusé de freiner le développement de l’industrie acéricole en n’accordant pas de nouveaux hectares sur les terres de la Couronne, mais également envers certains industriels forestiers soupçonnés de couper délibérément dans les lots avec un haut potentiel acéricole.
Un an plus tard, rien n’a bougé, indique la directrice générale de l’AANB, Louise Poitras.
«On est assis sur une mine d’or, mais ça dort au gaz à Fredericton. Et pendant ce temps, les arbres se font couper, ce qui met en péril les projets d’expansion de nombreux producteurs», fustige-t-elle.
Elle note que les demandes de l’industrie datent de trois ans. Elle atteste avoir énormément de difficultés à obtenir une oreille attentive de la province.
«La dernière année, on a fait face à un mur de silence de la part du gouvernement. On a eu une seule petite réunion et par la suite, rien. Plus personne ne décrochait le téléphone. On se sent ignoré alors que pourtant, le développement de notre industrie devrait être un dossier important du ministère des Ressources naturelles, au même titre en fait que l’industrie forestière», indique Mme Poitras.
L’AANB a toujours la même demande à la province dans le système, soit qu’on lui dégage 12 600 hectares de forêts sur les terres de la Couronne, tout juste un peu moins en termes de superficie que le dernier octroi qui date de 2015. Et encore, avec ces hectares supplémentaires, l’empreinte de l’industrie sur la forêt publique serait minime. L’association maintient que ces derniers hectares ont permis aux producteurs d’accroître considérablement leur production et, par ricochet, de généreux profits pour la province.
«Alors c’est facile d’imaginer ce que l’on pourrait faire si le gouvernement nous accordait les 12 600 que nous réclamons», ajoute la directrice de l’AANB.
L’organisme s’apprête à tenir son assemblée générale annuelle, les 27 et 28 janvier à Fredericton en présentiel, une première depuis deux ans en raison de la pandémie. Déjà toutefois, certains joueurs clés du gouvernement actuel – notamment le ministre des Ressources naturelles, Mike Holland – ont confirmé à Mme Poitras ne pas avoir l’intention d’assister à l’événement.
«Le bureau du ministre m’a indiqué qu’il ne serait pas présent, car il n’a rien de nouveau à annoncer. Mais on aimerait quand même que le ministre responsable de notre dossier soit présent. M. Holland et le premier ministre (Blaine Higgs) ont tous deux assisté au congrès de Forêt NB (qui représente l’industrie forestière). Il y a là un double standard flagrant», souligne Mme Poitras.
D’ici là, l’AANB se prépare par ailleurs à lancer une série de capsules web afin d’informer le grand public au sujet de ses réalisations et de ses revendications. Celles-ci devraient être mises en ligne au cours des prochains jours.