C’est finalement à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, que sera construit le premier lycée français dans les provinces de l’Atlantique.

Le Lycée International Français des Provinces Atlantiques Don Bosco Saint John, une école privée qui offrira le programme scolaire de la France, ouvrira ses portes lors de la rentrée de 2024.

L’école, qui sera située dans le centre Market Square de Saint-Jean, sera la 9e du genre au Canada.

Le réseau Don Bosco, instigateur du projet, est accompagné par l’Agence pour l’Enseignement français à l’étranger, qui gère un réseau de 566 lycées semblables dans 138 pays.

Dès son ouverture, le lycée de Saint-Jean accueillera plus d’une centaine d’élèves français qui souhaitent réaliser une partie de leurs études à l’étranger.

Des élèves anglophones et francophones de partout au Canada pourront aussi s’y inscrire.

Les frais de scolarité annuels du Lycée International Français des Provinces Atlantiques Don Bosco Saint John s’élèvent à plus de 14 000$.
L’idée de fonder un lycée français dans l’est du pays fait son bout de chemin depuis quelques années.

Il s’agissait de l’un des dossiers que souhaitait voir aboutir Johan Schitterer, consul général de France dans les provinces atlantiques, lors de son entrée en fonction en 2019.

«Nous sommes ravis d’apprendre qu’un lycée français international est créé au Canada Atlantique, c’est quelque chose que nous souhaitions depuis plusieurs années», explique M. Schitterer.

D’après le diplomate, des inscriptions ont déjà été confirmées sur le site internet de la nouvelle école depuis l’annonce de sa fondation, lundi.

L’Association française du Canada Atlantique (AFCA), qui représente des expatriés français dans l’est du Canada, se réjouit elle aussi de l’annonce du nouveau lycée.

«Nous sommes très contents que ça se produise au Canada atlantique, ça fait quand même deux ans qu’on essaye d’épauler ce projet pour qu’il aille de l’avant donc c’est une très très bonne nouvelle, explique Florian Euzen, président de l’AFCA. Ça permet d’offrir des études aux enfants d’expatriés pour un retour éventuel en France. Il y a aussi une vraie reconnaissance de ce cursus, même de la part d’autres pays à l’international, comme étant de qualité.»

Retombées économiques

D’après Johan Schitterer, un lycée dans les provinces de l’Atlantique représente de nombreuses occasions de développement économique pour la région. Les grandes entreprises de l’hexagone qui souhaitent étendre leurs activités à l’étranger s’installent plus facilement dans une région où l’on trouve un lycée international puisqu’il s’agit d’une manière d’assurer une continuité dans l’apprentissage des enfants de leurs employés.

«Les entreprises françaises recherchent de nouveaux territoires où s’installer et développer de nouvelles activités au Canada. Avec l’ambassade, nous évoquons très souvent le potentiel du Canada atlantique et du Nouveau-Brunswick, avec son bilinguisme et sa francophonie. Maintenant, il va aussi y avoir le lycée français de Saint-Jean dans cet argumentaire que nous présentons aux entreprises françaises.»

La Ville de Saint-Jean et la chambre de commerce de la municipalité l’ont bien compris et se sont donc mobilisées afin d’appuyer le projet, ce qui a contribué à faire en sorte que le Don Bosco décide de s’installer dans la ville portuaire, précise Johan Schitterer.

Le choix Saint-Jean en déçoit néanmoins certains, qui auraient préféré voir l’école ouvrir à Moncton, une région où on compterait environ 1000 Français, dit M. Euzen.

«Il est vrai que certains expatriés sont déçus, admet-il. Il y avait un réel espoir pour que ce projet puisse aboutir à Moncton puisque c’est la région où il y a le plus grand nombre de Français.»

«Gênant pour le gouvernement»

Bien qu’il considère l’arrivée d’un lycée français à Saint-Jean comme étant une bonne nouvelle pour la province, Chris Collins, directeur général du chapitre néo-brunswickois de Canadian Parents for French, estime qu’il est ironique de voir ce nouveau projet se concrétiser au moment même où Fredericton compte abolir le programme d’immersion française pour les élèves anglophones.

«C’est excitant d’avoir une nouvelle école privée francophone, c’est très bon pour une communauté majoritairement anglophone comme Saint-Jean que cette occasion se présente. C’est toutefois un peu gênant pour le gouvernement que cette annonce survienne alors qu’il compte abolir le programme d’immersion française», lance-t-il.

Même si le lycée de Saint-Jean présente une occasion pour des parents anglophones de faire scolariser leurs enfants en français, M. Collins craint que les projets du gouvernement Higgs ne mènent à la création d’autres écoles privées, accessibles que pour les Néo-Brunswickois les plus aisés.

«Le gouvernement aime prétendre que le programme d’immersion est élitiste, mais leur décision ouvre la voie à ce qu’il y ait encore plus d’écoles réservées pour l’élite dans la province», avance-t-il.

D’après un récent sondage mené par Léger Marketing pour le compte de Canadian Parents for French, 63% des répondants s’opposent à l’abolition du programme d’immersion française.

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