La présidente de l'Association des enseignantes et des enseignants francophones du N.-B., Nathalie Brideau (à gauche). - Gracieuseté
Les Prix d’excellence en éducation abolis dans le réseau scolaire francophone
L’Association des enseignantes et des enseignants francophones du Nouveau-Brunswick (AEFNB) déplore la décision du ministère de l’Éducation d’abolir les Prix d’excellence en éducation alors que ceux-ci sont encore remis à leurs collègues du réseau scolaire anglophone.
Les Prix d’excellence en éducation du ministère de l’Éducation et du Développement de la petite enfance honoraient chaque année les enseignantes et les enseignants et les éducatrices et les éducateurs en petite enfance qui se distinguaient par leur créativité, leur dynamisme et leur engagement.
Avec l’arrivée de la pandémie, la remise de ces prix aux enseignants francophones de la province a toutefois été temporairement suspendue.
En septembre 2022, le ministère de l’Éducation a annoncé que les Prix d’excellence en éducation seraient remplacés par les Prix étincelles, une initiative visant à financer 11 projets que souhaitent mener des intervenants scolaires au sein de leur école.
L’abolition des Prix d’excellence en éducation ne passe pas auprès de l’AEFNB, qui estime que cela représente un désaveu de la profession d’enseignant.
«Dans le contexte de pénurie d’enseignants et d’enseignantes qualifiés, cette abolition tombe mal, peste Nathalie Brideau, présidente de l’AEFNB. Valoriser la profession d’enseignant devrait faire partie de la stratégie de recrutement et de rétention du personnel enseignant. Les Prix d’excellence en éducation, c’est une reconnaissance prestigieuse qui connaît des retombées importantes et fait rayonner la profession d’enseignant et c’est pourquoi on désapprouve fortement son abolition.»
Mme Brideau dit d’ailleurs mal comprendre pourquoi ces prix ont été supprimés pour les enseignants francophones alors que les Minister’s Excellence in Education Awards sont maintenus pour leurs collègues anglophones.
D’après l’AEFNB, le ministère de l’Éducation dit avoir voulu remplacer les Prix d’excellence par les bourses Étincelles parce que celles-ci visent à encourager les projets de vie et de carrière du personnel scolaire, l’un des objectifs du Plan d’éducation de 10 ans du Nouveau-Brunswick.
«On n’a pas de problème avec les prix Étincelles. Le problème c’est qu’on a retiré les Prix d’excellence, dit Mme Brideau. On a envoyé deux lettres au ministre de l’Éducation, Bill Hogan, et on a rencontré de hauts fonctionnaires du secteur francophone du ministère à deux reprises. On a clairement communiqué notre mécontentement et demandé que les Prix d’excellence en éducation soient de retour à l’automne 2023, mais sans succès.»
«Valorisant»
Akémi Takatsuka, enseignante de la Polyvalente Louis-Mailloux de Caraquet, dit elle aussi être très déçue de la décision du ministère de l’Éducation.
D’après elle, cette reconnaissance offre de précieux encouragements à ceux et celles qui se démènent afin d’assurer la réussite des élèves de la province.
«On ne fait pas ce travail pour recevoir des prix, mais ça fait énormément plaisir d’être reconnue ainsi, dit celle qui a été lauréate du Prix d’excellence de 2017, notamment en raison de son engagement au sein du conseil des élèves de son école. Après avoir vécu la cérémonie de remise des prix et avoir vu l’impact que cette reconnaissance a eu sur mon école et sur mes proches, c’était très valorisant.»
L’obtention de cette reconnaissance était d’ailleurs survenue à un moment où Mme Takatsuka s’interrogeait sur les raisons qui la poussaient à se dépasser ainsi dans le cadre de son travail.
«Le prix est arrivé à un moment dans ma vie où je me demandais pourquoi j’en faisais autant, se souvient-elle. Recevoir ce genre de reconnaissance, ça donne parfois de la motivation, un élan. Je sais que c’est ma passion qui me pousse à m’impliquer, mon amour pour les élèves et parce que ça m’allume de voir les jeunes élèves motivés, mais ce genre de reconnaissance, ça permet aux enseignants de se rendre compte que plusieurs personnes reconnaissent leur travail et qu’ils font une différence dans la vie des gens.»
Le ministère de l’Éducation a réagi par courriel en fin de journée.
«En plus de la création du nouveau prix Étincelles, le ministère de l’Éducation et du Développement de la petite enfance (MEDPE) a bien l’intention de souligner durant l’automne prochain, le travail et les réalisations des personnes enseignantes francophones du N.-B, à titre individuel. Après en avoir discuté avec les dirigeants de l’Association des enseignantes et enseignants francophones du Nouveau-Brunswick (AEFNB), il a été convenu d’agir ainsi», a indiqué un porte-parole du ministère de l’Éducation.