L’arrivée d’outils d’intelligence artificielle de plus en plus sophistiqués, comme ChatGPT, force l’Université de Moncton à réfléchir et à adapter les méthodes utilisées pour l’évaluation des étudiants.

Le lancement de l’agent conversationnel ChatGPT, il y a quelques semaines, en a impressionné plusieurs par son degré de sophistication.

Grâce à l’intelligence artificielle dont il est doté, cet outil est capable de dialoguer avec son utilisateur et répondre aux questions qui lui sont soumises.

Si on le souhaite, le robot arrive à résumer un livre en respectant le nombre de mots qu’on lui impose ou encore à pondre une dissertation sur le sujet que l’on souhaite.

Bien qu’il fasse encore certaines erreurs, l’efficacité de ChatGPT est telle que les universités sont forcées de réfléchir aux manières dont sont menées leurs évaluations afin d’éviter les cas de fraude.

«Le robot est capable de donner des réponses raisonnables aux questions que nous demandons aux étudiants lorsqu’on leur demande de produire une dissertation dans le cadre de différentes évaluations, dit Andrew Piper, professeur au Département des langues, des littératures et des cultures de l’Université McGill. Ça va avoir un impact sur la manière dont nous menons nos évaluations, sans aucun doute.»

C’est la raison pour laquelle l’Université de Moncton vient tout juste de constituer un groupe de travail chargé de réfléchir aux enjeux posés par l’arrivée de ChatGPT.

«On a créé un groupe de travail, composé de professeurs et d’autres employés qui appuient l’enseignement, qui entame des travaux la semaine prochaine pour regarder tout ça, explique Gabriel Cormier, vice-recteur à l’administration et aux ressources humaines à l’Université de Moncton. On devrait recevoir des recommandations, probablement d’ici avril, sur les meilleures pratiques et des stratégies d’évaluation à adopter par le corps professoral.»

Nouvelle technologie, vieilles approches

Pour Marie-Linda Lord, professeure en information-communication à l’Université de Moncton, les problèmes liés aux nouveaux outils de l’intelligence artificielle sont loin d’être théoriques. L’arrivée de ChatGPT l’a forcée de modifier la manière dont ses étudiants seront évalués pendant la session d’hiver.

Par exemple, dans le cadre de l’un de ses cours, Mme Lord avait prévu une évaluation la semaine prochaine où ses étudiants seraient chargés de rédiger, à la maison, une analyse critique d’un texte. Finalement, cet exercice aura lieu à l’université.

«Je suis obligée de retourner à la bonne vieille méthode du crayon et du papier, raconte la professeure. L’évaluation va être réalisée en classe sur une feuille que je vais distribuer et tous les ordinateurs et les téléphones vont être interdits.»

De nouvelles occasions d’apprentissage

Andrew Piper est d’avis que les applications d’intelligence artificielle offrent une manière d’appuyer les étudiants dans leurs apprentissages et c’est la raison pour laquelle il se sert déjà de ChatGPT dans le cadre de ses cours.

«Si je pose des questions sur un concept donné et que mes étudiants restent silencieux, j’interroge parfois ChatGPT et nous discutons, tous ensemble, de la réponse fournie par l’application. J’essaye de leur montrer comment ils peuvent s’en servir pour mieux comprendre certains concepts plus difficiles à saisir, tout en abordant les limites de l’outil et qu’ils ne doivent pas s’y fier aveuglément.»

C’est la raison pour laquelle Marie-Linda Lord estime qu’il est plus important que jamais de cultiver l’esprit critique à l’université.

«Mes étudiants doivent eux-mêmes pouvoir développer leurs réflexes d’analyse critique», dit-elle.

Gabriel Cormier abonde dans le même sens. L’intelligence artificielle imposera finalement tout simplement une occasion de faire les choses autrement, voire mieux.

«Il va falloir faire réfléchir nos étudiants aux manières qu’ils peuvent développer leurs compétences d’analyse critique s’ils ont maintenant des outils d’intelligence artificielle capables de générer des textes. Peut-être qu’en utilisant d’autres méthodes d’évaluation, par exemple des présentations orales, on arrivera au même genre de résultats si les étudiants doivent analyser, développer et défendre les concepts présentés dans leur texte.»

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