À l’ère où la méfiance envers les intellectuels semble occuper plus de place, un biochimiste originaire du Nouveau-Brunswick estime qu’il en est du devoir des scientifiques de démystifier les sciences.

Originaire de Bas-Cap-Pelé, Yves Brun a mené une brillante carrière scientifique au cours des 30 dernières années.

Fils de parents enseignants, il explique que son intérêt pour les sciences lui est venu de son père, qui enseignait la physique et la chimie.

«Quand on était enfants, mon père posait toutes sortes de questions à moi et mon frère afin de nous faire réfléchir, se souvient-il. Il nous demandait par exemple comment se forment les nuages ou les arcs-en-ciel. C’était un jeu et avoir la bonne réponse n’était pas très important, c’était plutôt une manière de stimuler notre curiosité.»

D’après le chercheur, les questions que lui posaient son père ont éveillé en lui le désir de comprendre le monde et on fait de lui un grand lecteur.

Passionné de littérature

En plus de dévorer les livres sur les sciences, Yves Brun est aussi tombé amoureux de la littérature.

Une enseignante passionnée au secondaire lui a même donné envie de poursuivre des études de lettres.

Lors de son premier semestre à l’Université de Moncton, il s’inscrit au Diplôme des sciences de la santé. Après une session, il hésite encore à faire le saut en littérature, mais finit par choisir la biochimie.

Après avoir complété son baccalauréat et sa maîtrise en Acadie, il prend la route pour Québec et termine ses études doctorales à l’Université Laval en 1990.

À la suite d’études postdoctorales à l’Université Stanford, en Californie, Yves Brun devient professeur au Département de biologie de l’Université d’Indiana en 1993.

Ce n’est qu’en 2018 qu’il revient au Canada après avoir décroché un poste de professeur au Département de microbiologie, infectiologie et immunologie de l’Université de Montréal.

Titulaire de l’une des 25 chaires de recherche du Canada 150, Yves Brun s’intéresse aujourd’hui à la résistance des bactéries aux antibiotiques. Le financement offert dans le cadre de cette chaire de recherche, soit de 7 millions $ sur sept ans, sert notamment à la recherche de nouveaux antibiotiques pour contrer le phénomène de résistance.

Au cours de sa carrière, Yves Brun a contribué à la parution de près de 150 articles scientifiques dans de prestigieuses revues comme Nature, Science et Cell. Gracieuseté

Démystifier les sciences

Au cours de sa carrière, M. Brun a contribué à la parution de près de 150 articles scientifiques dans de prestigieuses revues comme Nature, Science et Cell.

Aujourd’hui, le financement dont il bénéficie grâce à sa chaire de recherche lui permet aussi de faire de la vulgarisation scientifique et de partager son amour des sciences auprès du grand public.

Il a notamment collaboré avec l’artiste et chercheuse montréalaise Günes Hélène-Isitan afin de monter La poésie des bactéries, une conférence grand public, présentée à guichet fermé à neuf reprises, à la Société des arts technologiques (SAT), à Montréal, en 2022.

Yves Brun s’inquiétait que peu de gens auraient envie d’entendre parler de microbes après deux ans de pandémie. La réponse à l’événement a été telle qu’il est aujourd’hui convaincu que les scientifiques doivent en faire davantage pour aller à la rencontre de M. et Mme Tout-le-Monde.

La démystification des sciences est plus que jamais importante et la pandémie a été une démonstration éloquente du fait qu’il existe dans la société un manque de culture scientifique, dit le chercheur qui a été désigné fellow de la Société Royale du Canada en 2021.

C’est l’une des raisons pour lesquelles il songe à nouveau à collaborer avec des artistes pour monter une conférence grand public dont l’objectif serait de démystifier la manière dont le savoir scientifique se construit.

«Il faut démystifier la science et prendre le temps pour le faire, explique Yves Brun. J’aime l’idée d’utiliser de l’art pour aller chercher d’autres publics, comme nous l’avons fait à la SAT. Éventuellement, on aimerait préparer une conférence et expliquer comment on arrive à un consensus scientifique, comment le savoir scientifique se construit et ça change parfois. Pendant la pandémie, on a pu observer que ça énerve parfois les gens quand ça arrive et ça donne l’impression d’improvisation. Le fait que les conclusions peuvent changer, c’est positif parce qu’elles s’appuient sur les informations dont les chercheurs disposent.»

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